Les magistrats de Guinée observent un débrayage depuis le 17 août dernier pour protester contre la suspension de Moussa Camara et Cé Avis Gamis, respectivement juge et substitut du procureur au tribunal de première instance de Labé. Ils ont même manifesté hier devant la cour suprême pour dénoncer « l’injustice, l’intimidation, le populisme » qui caractérisent certaines décisions du ministre de la justice à l’encontre des magistrats. Pour le président du PPC (parti pour le progrès et le changement), les magistrats sont face à un défi auquel les Guinéens sont confrontés au quotidien. Aboubacar Biro Soumah estime aussi que ce débrayage des magistrats est une preuve que la justice n’est plus la boussole de la Transition.
« Nous avons toujours dénoncé l’instrumentalisation de la justice. La justice est le garant de la démocratie. Quand il y a une bonne justice dans un pays, je vous le jure il y aura un développement harmonieux et tout le monde aura sa part. Un pays ne peut pas se développer si la justice n’est pas fiable. Le pilier central de la démocratie, c’est la justice. Mais, quand la justice est manipulée, instrumentalisée à souhait, ça serait très compliqué. Et, c’est ce que nous vivons aujourd’hui. Nous pensons que les magistrats sont en train de relever un défi. Un défi dont souffre la population guinéenne de tout bord confondu. Je pense bien qu’à la prise du pouvoir par le colonel Mamadi Doumbouya, les magistrats sont venus avouer publiquement. Ils ont dit qu’ils étaient instrumentalisés, corrompus, parce qu’ils subissaient une pression. Cette fois-ci je salue la bravoure de l’association des magistrats de Guinée qui s’est levée comme un seul homme pour dire aux autorités : halte. Chaque institution doit jouer pleinement son rôle et nous pensons que l’association des magistrats va aller jusqu’au bout pour permettre à notre pays de sortir dans le bout du tunnel. Surtout aujourd’hui ce sont les magistrats même qui ont dit que la justice n’est plus la boussole, mais la justice est ailleurs. Donc, nous comptons sur l’AMG. Seuls ces magistrats-là pourront mettre le pays sur les rails. Parce que trop c’est trop. L’injustice a atteint le sommet. Et, il faut que ça s’arrête », a indiqué Biro Soumah.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
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