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Semaine de l’indépendance : la Guinée selon le Pr Bano Barry, Dr Makalé Traoré et Hadja Saran Daraba Kaba

Pr. Alpha Amadou Bano Barry, ancien ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation

En prélude à la célébration du 65ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée, les autorités de la Transition, sous le leadership du Colonel Mamadi Doumbouya, ont décidé de fêter du 28 septembre au 02 octobre 2023 « la semaine de l’indépendance ». C’est dans ce cadre que le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’Innovation (MERSI) et plusieurs départements ministériels ont organisé des panels ce jeudi, 28 septembre 2023, dans la salle des congrès au palais du peuple, dans la commune de Kaloum. Les travaux de cette première journée ont été présidés par le Premier ministre, Dr Bernard Goumou, en présence de plusieurs membres de son gouvernement.

Les panélistes ont profité de cette occasion pour rappeler les circonstances dans lesquelles la Guinée a accédé à la souveraineté le 2 octobre 1958. Il y a eu aussi des témoignages et des partages de rêves sur l’avenir de la Guinée, rapporte un journaliste que Guineematin.com avait dépêché sur place.

« D’où venons-nous ? Construire une identité guinéenne : s’assumer en tant que Guinéen. Le rêve guinéen existe- t-il ? Comment vendre ce rêve guinéen ? ». Ce sont les thèmes développés par les panélistes lors de cette journée de la semaine de l’indépendance.

À l’entame, Hadja Saran Daraba Kaba, ancienne ministre des affaires sociales et ancienne secrétaire générale de l’Union du fleuve Mano, est revenue brièvement sur l’histoire de l’accession de la Guinée à l’indépendance.

« L’indépendance de la Guinée n’est pas le fait d’une personne ou d’un groupe de personnes. L’indépendance de la Guinée est le fait du peuple de Guinée. Parce que tout ce qui pouvait concourir à pourvoir des voix dissonantes a été prévu, traité et assuré avant que l’on arrive le 14 septembre à la décision du parti démocratique de Guinée (PDG) de voter Non au référendum. Et ça, ça exige une très grande discipline de nous tous. Le peuple de Guinée a été connu comme un peuple discipliné par rapport à son engagement politique. C’est pourquoi, chaque fois qu’on me demande personnellement qu’elle est la chanson que je trouve la plus expressive par rapport à l’indépendance de la Guinée, parce que j’étais adolescente quand nous sommes devenus indépendant, je ne parle pas de l’hymne nationale, mais de l’engagement politique (…), c’est peuple de Guinée nous avons choisi la liberté. Que cette chanson soit chantée pour prouver aux jeunes gens que si nous avons accédé à l’indépendance, c’est tout le monde : le PDG et les partis qui n’étaient pas le PDG », a-t-elle dit.

De son côté, Dr Makalé Traoré, ancienne ministre de la Fonction publique et facilitatrice du cadre de dialogue inter-guinéen, a exposé sur le thème « Construire une identité guinéenne : s’assumer en tant que Guinéen ». Cette panéliste a fait savoir que ce sont les jeunes et les femmes qui souffrent le martyr dans la tentative de construction de l’identité guinéenne.

« La finalité de toute construction identitaire concours au bien-être de la population à travers la satisfaction des préoccupations et des besoins des populations. Construire une identité guinéenne, nous assumer en tant que Guinéen, il est vrai que ces préoccupations peuvent se résumer en cinq mots, se nourrir, se loger, s’instruire, se soigner, se déplacer. Est-ce qu’aujourd’hui pour la construction de notre identité guinéenne, nous avons pu, dans notre parcours de 65 ans, répondre à ces préoccupations ? Je dirais que le premier régime n’était pas en marge des préoccupations des populations. C’est vrai que ça peut-être un débat. Mais, lorsque l’on écoute ceux qui ont vécu cette période, il en arrive à effectivement se rendre compte que les préoccupations, à travers des éléments que je viens de noter, étaient prises en compte beaucoup plus que les années qui ont suivi. Évidemment nous sommes riches de notre pauvreté. Nous sommes très riches, mais nous sommes pauvres parce que les différentes politiques bâties sur la croissance anti-macroéconomique. Je crois plus à la micro pour en voir un panier de la ménagère. Parce qu’on a besoin le matin du petit déjeuner, déjeuner, et du dîner et s’occupe des enfants. Dans cette escalade quatre groupes ont vraiment souffert dans notre tentative de notre construction de notre identité, ce sont : les jeunes, 70% de la population. Mais, aujourd’hui, ils souffrent le martyr. Il est vrai qu’il y a des efforts, mais encore aujourd’hui, les jeunes restent largement à la marge de croissance et de notre richesse. La deuxième catégorie qui souffre de cela, ce sont les femmes. Les femmes qui sont très tôt debout… Et auxquelles on n’ouvre pas les perspectives pour bénéficier d’une croissance. Et puis, il y a les zones rurales qui souffrent du manque d’infrastructures. C’est vrai qu’on voit ces derniers mois un effort important là-dessus, mais le fossé reste encore très grand », a-t-elle expliqué.

Par ailleurs, Dr Makalé Traoré a invité les autorités à valoriser les enseignements pour le rayonnement de la Guinée.

« Le sujet est immense, j’ai choisi deux domaines. Le domaine de l’éducation que je connais bien en tant qu’enseignante et le domaine du patriotisme économique. Pour nous assumer en tant que Guinéen, je pense cela passe par la place que nous donnons aux enseignants dans notre pays… Lorsque j’ai commencé à enseigner à l’université, j’ai renoncé pendant 10 ans à l’enveloppe qu’on voulait me donner. Je l’ai donc fait gratuitement, parce que c’était tellement insignifiant que je me demandais comment est-ce que les professeurs d’université font alors que les enfants viennent richement en voiture. Et ça développe un complexe qui impacte la qualité de l’enseignement. La deuxième chose pour nous s’assumer, je pense que cela passe par la dépolitisation de l’environnement des enseignants. Aujourd’hui nos enfants entrent très vite dans la politique, parfois sans être formés et avoir une compétence professionnelle, même sans avoir fini le cycle universitaire. C’est un problème pour l’avenir de notre pays. Et je pense qu’on devrait réfléchir certainement à l’idée que des recteurs soient élus au lieu d’être nommés. C’est une réflexion que je mets à votre disposition. Nous assumer passe par la valorisation de nos fils et filles qui ont donné de leur savoir, leur engagement pour le rayonnement de notre pays. Je rappelle que lorsqu’on a honoré tante Jeanne dans cette salle, nous avons que cette salle mythique porte le nom de tante Jeanne. Ce n’est pas encore fait. Nous avons encore fait la même demande pour Hadja Rabiatou Sera Diallo, ce n’est pas encore fait. Mais, ce qui est gênant, c’est de voir que nos écoles portent le nom parfois des personnes dont on ignore ou qui n’ont pas toujours rendu service à la race noire », a-t-elle indiqué.

Pour sa part, le Pr Alpha Amadou Bano Barry, ancien ministre de l’éducation nationale a exposé le thème : « le rêve Guinéen existe- t-il ? Comment vendre ce rêve Guinéen ? » Il a décliné des rêves d’une Guinée se développer dans tous les secteurs.

Pr. Alpha Amadou Bano Barry, ancien ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation

« Je fais le rêve qu’un jour, 23 bassin fluviaux, 400 milliards de mètres cube d’eau de surface, 13 milliards de mètres cube souterrain et les 1988 millimètres cube filiale de la Guinée vont permettre de faire couler de l’eau dans tous les robinets dans notre pays. J’ai fait le rêve qu’un jour les 25 millions d’hectares de terre agricole, les 13 millions de terres arables de Guinée seront capables d’assurer l’autosuffisance alimentaire et de faire de la Guinée un exportateur de produit agricole comme avant l’indépendance. Je fais le rêve que les 300 kilomètres de l’océan Atlantique, 1165 cours d’eau permettront de diversifier et de sécuriser l’alimentation du pays. Je fais le rêve qu’un jour les 40 milliards de bauxites de nos sous-sols seront transformés en alumine et en aluminium pour faire des marmites, des bâtiments, des tables-bancs et des véhicules… Je fais le rêve qu’un jour la Guinée sera traversée par des autoroutes. Je fais le rêve qu’un jour la jeunesse guinéenne saura que la diversité climatique, topographique (…) et géographique font de la Guinée une synthèse de l’Afrique de l’Ouest. Le plus beau pays de l’Afrique de l’Ouest qui mérite d’être vu avant de mourir de soif dans le Sahara, le désert, ou de se noyer dans la Méditerranée. Je fais le rêve qu’un jour qu’en Guinée comprendra que la compétence, l’honnêteté et l’amour de notre pays pour respecter la devise : travail-justice-solidarité », a-t-il dit.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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