Accueil A LA UNE Abdourahamane Diallo au procès du 28 septembre 2009 : « j’ai vu beaucoup...

Abdourahamane Diallo au procès du 28 septembre 2009 : « j’ai vu beaucoup de morts à côté d’un béret rouge »

Abdourahamane Diallo, blessé au dos le 28 septembre 2009

Après deux mois de pause, le procès des crimes du 28 septembre 2009 a repris depuis hier, mardi 03 2023 au tribunal de première instance de Dixinn (délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry). Et ce sont les parties civiles qui continuent de défiler devant cette juridiction pour raconter ce qu’elles ont subi ce jour dramatique. Abdourahamane Diallo, qui dit avoir été blessé au dos, témoigne avoir vu beaucoup de sang et des morts à côté d’un béret rouge au stade du 28 septembre, rapporte le reporter de Guineematin.com dépêché audit tribunal.

Né en 1977 à Mali et commerçant domicilié à Hamdallaye concasseur (marché), Abdourahamane Diallo avec d’autres personnes ont quitté son quartier aux environs de 10 heures pour se rendre au stade le 28 septembre 2009. Le groupe a trouvé plusieurs militaires au marché de concasseur, alors ils sont passés par Afia pour aller à Pharma Guinée pour arriver au stade.

« Vers 10-10 heures 30 minutes, le stade était ouvert, il était plein. Certains dansaient, d’autres priaient. Je suis arrivé là-bas avec un petit de mon quartier. J’ai demandé qu’on monte à la tribune pour nous asseoir. Difficilement j’ai eu de la palce en haut parce que c’était rempli. Ça n’a même pas fait 5 minutes, on a entendu le tirs de gaz lacrymogène, les gens disaient « vous mentez ». Ensuite les gens ont dit que les bérets rouges sont entrés, il y a eu panique. Alors nous nous sommes précipités vers la sortie, de là où j’étais à cet instant, je n’étais pas loin de la sortie si vous entrez vers les escaliers. La première fois je suis sortie, ça a coïncidé à l’arrivée de Jean-Marie Doré. Il était blessé avant d’arriver à l’intérieur du stade. On l’a escorté pour qu’il aille rejoindre les autres leaders. On est entrés par le grand portail, mais avant d’arriver sur la pelouse, tous les leaders étaient descendus, tout le monde était éparpillé. Puisqu’il y a eu la panique, les bérets rouges étaient nombreux sur la pelouse, je me suis dis de retourner par là où je suis entré pour sortir. Mais cette porte était déjà fermée, ils ont laissé une toute petite porte. Les gens étaient nombreux, c’est là où la bousculade a eu lieu. J’étais au milieu, je ne pouvais pas arriver à la porte, je ne pouvais retourner. Je suis resté dans cette bousculade pendant 20 minutes. J’ai vu qu’ils tiraient sur des gens qui montaient sur les les épaules des autres. Les gens qui sortaient un à un, ils les poignardaient. J’ai vu quelqu’un qui pleurait, finalement il était mort dans la bousculade. C’est là où j’ai su que seul Dieu pouvait me sortir de là. Je ne pouvais pas avancer, je ne pouvais pas reculer mais le mur n’était pas très loin de moi du côté gauche. J’ai forcé pour atteindre le mur, j’ai mis toute ma force pour arriver à la pelouse. Je me suis arrêté mais j’ai compris que seul Dieu pouvait me sortir de là-bas. Dans la bousculade, c’est un policier qui tirait. J’ai regardé vers la porte de la droite, j’ai vu que ce sont des bérets rouges qui étaient là en train de tirer. Les policiers tiraient d’un autre côté. J’ai regardé vers la droite, j’ai vu des gendarmes de l’anti-drogue. Eux n’avaient pas de fusils, donc j’ai choisi d’aller vers eux. Ils avaient des matraques, ils étaient alignés deux à deux en laissant un passage. Quand je suis arrivé, ils ont commencé à insulter « viens ici bâtard », ils m’ont roué de coups. Mais ça je pouvais le supporter puisque c’était juste une bastonnade. Ils m’ont dit sors bâtard ! À la sortie de la porte, l’un d’entre eux était caché derrière. Il avait un fusil, c’est cette arme qu’il a utilisé avec toute sa force pour me poignarder au dos. Le fusil avait un couteau en bas. Je suis tombé à peu près 10 à 15 mètres de là-bas. Là où je suis tombé, il y avait un autre de l’anti-drogue qui tirait. Il est venu me trouver là où j’étais couché, il m’a fouillé pour prendre 50 000 GNF que j’avais dans ma poche. Il a ouvert ma main pour prendre le téléphone que j’avais », a-t-il expliqué.

Cette victime sera secourue par quelqu’un qui la connaissait dans son quartier. Il l’a porté sur son dos pour l’emmener à la sortie vers l’autoroute.

« Nous sommes partis là-bas, le mur est tombé donc il ne pouvait pas forcer pour qu’on passe, il fallait contourner. Nous sommes venus jusqu’au niveau du terrain de basket, il y avait un fossé là, donc on ne pouvait pas traverser. Un autre qui fuyait l’a aidé pour me faire traverser. J’ai trouvé des bérets rouges là-bas, il n’était pas normal. Il criait comme un chien. Celui qui me portait a dit qu’on a tiré sur moi, il a dit dépose-le ici sinon je te tue. Il (celui qui le portait) a dit tu as vu là où il a reçu une balle ? Il a mis son pied là-bas. Il a fouillé celui qui me portait pour prendre son téléphone et son argent, il a terminé par moi avec son pied toujours sur ma blessure avec toute sa force. Il m’a fouillé pour prendre un paquet de cigarette. Dès qu’il a vu ce paquet, il a souri et il a dit venez le bâtard-là à de la cigarette. Ses collègues bérets rouges ont accouru pour se partager le paquet de cigarette. C’est là que celui qui me portait m’a pris, si je n’avais pas ce paquet de cigarette, je ne sais pas ce qui allait m’arriver. J’ai vu beaucoup de sang couler là-bas. J’ai beaucoup de morts et des blessés à côté du béret rouge », a poursuivi Abdourahamane Diallo.

Finalement, lui et son sauveur sont sortis du stade vers la mairie de Dixinn. Ils vont rencontré un policier en train aussi de tirer, mais Abdourahamane Diallo est pris en charge par un agent de la croix-rouge. Depuis ces évènements, cette partie civile dit avoir peur de la foule.

À suivre !

De Kaloum Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

Facebook Comments Box
Quitter la version mobile