Les négociations tripartites (gouvernement, patronat, et mouvement syndical) au tour de l’augmentation de salaire des fonctionnaires continuent de polariser les débats à Conakry. Pour Aboubacar Biro Soumah, président du Parti pour le Progrès et le Changement (PPC), les autorités de la transition doivent augmenter à hauteur de 50% le salaire des fonctionnaires en vue d’alléger leurs souffrances. Il l’a dit ce samedi, 7 octobre 2023, dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Pour Aboubacar Biro Soumah, les conditions de vie précaires des fonctionnaires doivent pousser les autorités à agir. « Si les syndicalistes demandent de rehausser le salaire des fonctionnaires, c’est tout à fait normal. C’est un droit. Chacun de nous sait aujourd’hui la précarité dans laquelle vivent les guinéens, particulièrement les fonctionnaires. Cela rend la situation très difficile. Nous sommes à l’ouverture des classes. Vous avez vu, il n’y a même pas eu 10% des élèves qui ont répondu à cette rentrée. Tout le monde a boudé parce que les parents d’élèves n’ont pas pu avoir tous les moyens nécessaires pour mettre leurs enfants dans de bonnes conditions leur permettant d’aller à l’école. Donc, c’est une précarité totale. On ne peut pas parler de la santé d’une économie quand une bonne partie de la population, à peu-près 80%, vit au-dessus même de 10 000 francs guinéens par jour. Donc, cela est très grave pour notre pays. Il faut que le gouvernement puisse augmenter le salaire des fonctionnaires », estimé le président du PPC.
En outre, Aboubacar Biro Soumah dénonce l’accaparement des richesses par un groupuscule au détriment de la majorité des travailleurs. « Si on prend la Loi de finances rectificative qu’on vient de voter, il y a 7000 milliards de francs guinéens qui sont injectés dans le cadre du traitement des fonctionnaires guinéens. Nous pensons qu’avec ce montant, c’est possible d’augmenter. Mais ce qui est dérisoire, on vote ce budget, mais une bonne partie va dans les poches d’un petit groupe qui n’est pas fonctionnaire. Aujourd’hui, il y a des fonctionnaires qui occupent de hautes places et qui ont un salaire qui tourne autour de 30 à 50 millions de francs guinéens, et un pauvre enseignant qui a signé un contrat avec l’Etat et qui ne touche qu’un million de francs par mois, et qui a aussi des difficultés de percevoir sa petite prime. C’est de l’injustice. Nous interpellons les autorités de la transition de corriger toutes ces tares, en acceptant au moins d’augmenter, même pas à 100%, mais à peu près à 50% afin que les travailleurs guinéens puissent vivre un peu à l’aise. Nous interpellons le colonel Mamadi Doumbouya pour qu’il puisse revoir cette situation parce qu’il est le seul pour le moment à pouvoir débloquer cette situation », soutient le président du PPC
Par ailleurs, Aboubacar Biro Soumah pense que cette situation est due au fait que l’administration est non seulement politisée mais corrompue. « Qui parle d’un Etat libre, démocratique, parle aussi de la gestion de l’administration. Notre administration est l’une des administrations les plus corrompues en Afrique. Notre pays fait partie des administrations corrompues et politisées. Pourtant, il faut quitter l’administration politique, et mettre en place une administration qui est au service des citoyens. C’est ce qui permet à un pays de se développer sur le plan économique. La santé d’une économie repose sur sa population, à la vie de ses citoyens. Aujourd’hui, si les fonctionnaires sont bien payés, cela va se ressentir sur la vie de tous les citoyens, même si nous avons une administration pourrie et corrompue », a-t-il martelé.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
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