Déclaré « ennemi de la presse » au mois de mai dernier en Guinée par l’ensemble des médias du pays, Ousmane Gaoual Diallo est à nouveau dans le viseur des professionnels des médias. Le ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique est accusé cette fois d’être à l’origine des restrictions injustes du site Guineematin.com depuis le 15 août dernier sur le territoire national. Il nie encore avoir une quelconque responsabilité dans cette censure dénoncée par les professionnels de la presse. Mais, pour le syndicat professionnel de la presse de Guinée (SPPG), toutes les preuves de cette restriction de Guineematin.com convergent vers le ministre porte-parole du gouvernement.
Invité de l’émission ‘’Won Kha Yafen’’ de Djoma TV hier, jeudi 12 octobre 2023, le secrétaire général du SPPG a réitéré les accusations contre Ousmane Gaoual Diallo. Sékou Jamal Pendessa lui a d’ailleurs demandé de sortir de la négation et de rétablir Guineematin.com dans ses droits.
« Dans 3 jours, cela fera deux mois que le site Guineematin.com est censuré. Mais, ma première venue ici, dans l’émission, pour parler de cette situation, on n’avait pas fini de mener des enquêtes et certains pensaient que c’était une panne technique. Mais, après nos enquêtes, on a trouvé que tel n’est pas le cas. Et, le site Guineematin.com est fermé. Comment cela se passe ? Si tu es en Guinée ici, tu ne peux pas les lire ou avoir accès au site quelle que soit la bonne qualité de ta connexion, sauf si tu utilises un VPN ou le lien du site miroir créé par Reporters Sans Frontières (RSF). C’est pourquoi, quand Ousmane Gaoual Diallo parle de ça, nous trouvons cela ridicule. Comme il l’avait fait la fois dernière en disant que le problème de Guineematin.com se trouve chez eux et qu’ils ne sont pas responsables de ça, alors que c’est lui le ministre des télécommunications. Si le problème se trouvait au niveau de Guineematin.com, même avec un VPN on n’allait pas pouvoir accéder au site, parce que tout simplement c’est la source ou leur base qui a un problème. Donc, qu’il arrête, quand on devient un homme d’Etat, il y a de ces pratiques qu’il faut abandonner. Il ne faut pas dire des choses qui ne sont pas vraies, ça ne se fait pas. Nous savons qu’il y a des antécédents entre eux et autres. Mais, nous, ce qui nous intéresse, qu’il libère Guineematin.com, qu’il ne nous énerve pas », a dit Sékou Jamal Pendessa.
Par ailleurs, le secrétaire général du SPPG a martelé que la marche du lundi prochain, 16 octobre 2023, aura bel et bien lieu pour réaffirmer l’indépendance et la liberté de la presse en Guinée.
« Hier, il (Ousmane Gaoual Diallo) est passé ici dans une de vos émissions. Et, il a fait savoir qu’il n’a pas le droit de fermer le site Guineematin. Mais, il a oublié qu’il avait menacé de fermer des médias ici et que rien ne sortira… Aujourd’hui, c’est lui encore qui vient dire qu’il n’a aucun droit de fermer un média. Vous-mêmes voyez qu’il se contredit. Donc, qu’il se tranquillise dans la tête et qu’il réfléchit bien avant de parler… Cette fois-ci, nous allons respecter notre décision de marcher ; car, on avait donné une date moratoire avant de prendre cette décision. Il joue à un jeu du chat et à la souris avec nous. Hier, ils ont libéré le site inquisiteur pour quelques heures avant de le refermer à nouveau. Donc, c’est pour vous dire qu’ils sont en train de jouer avec nous pour qu’on annule la marche. Mais, c’est une chose qui ne sera pas faite, car cette marche sera maintenue le lundi 16 octobre 2023. Aux journalistes de sortir pour manifester et dénoncer ce qui cible les sites Guineematin et Inquisiteur. L’itinéraire sera du rond-point du Port autonome de Conakry pour l’espace le Makiti. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est l’espace qui a abrité le défilé du 2 octobre en face de la fédération guinéenne de football. Vous savez, le 2 octobre a été célébré là pour réaffirmer l’indépendance et la liberté de la Guinée, on a vu des militaires défiler. Donc, le 16 octobre, nous viendrons sur cette même place où on a suivi la parade militaire pour faire une parade médiatique pour cette fois-ci réaffirmer l’indépendance et la liberté de la presse dans notre pays. Donc, que tout le monde soit là le lundi pour la marche », a dit Sékou Jamal Pendessa.
Bref, sur la personnalité du ministre, il a été rappelé son insolence et ses prises de becs avec plusieurs acteurs, notamment politiques. Ses injures contre Domani Doré, Bantama Sow, feu Jean Marie Doré… Rappelant son affirmation « on peut tuer un chef d’État en exercice », un journaliste a estimé que « le Colonel Mamadi Doumbouya fait de l’imprudence en mettant à ses côtés une personne qui a publiquement affirmé qu’on peut tuer un chef d’État »…
Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com
