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Guinée : colloque international sur les défis du bilinguisme dans les livres de jeunesse

À l’occasion de la 7ème édition du salon international du livre de jeunesse de Conakry, s’est ouvert le Colloque international sur les défis du bilinguisme dans les livres de jeunesse en Afrique de l’Ouest, ce mercredi 8 novembre 2023, à Donka, siège de l’Institut national de recherches et d’action pédagogiques (INRAP).

L’événement qui a mobilisé plus de 60 participants dont 17 experts venus de plusieurs pays francophones d’Afrique et d’ailleurs a été organisé par l’Association des éditeurs de Guinée (ASSEGUI), appuyée par le gouvernement guinéen, l’Institut français de Guinée et la francophonie à travers le projet ELAN. C’est Aliou Sow, Fondateur des éditions Gandal et président de l’ASSEGUI qui a campé l’évènement.

Aliou Sow, Directeur des Éditions Ganndal

«  Ce colloque international sur les défis du bilinguisme dans les livres de jeunesse en Afrique de l’Ouest est accolé à la 7ème édition du salon international du livre de jeunesse de Conakry. Nous entrons de plain-pied dans les activités de ce salon. Cette année à travers le thème général qui a été communiqué « les livres, l’école, la famille pour faire grandir nos enfants », nous voulons montrer l’importance qui est liée à la cohabitation nos langues maternelles et le français, qui est la langue officielle d’enseignement. Il ne faut pas que les gens continuent de croire que nous allons rejeter nos langues. Nous leur montrons  que par contre, il faut que nos familles et toute la communauté éducative se mobilisent pour la promotion de nos langues. Quand nos enfants commencent à écrire et à lire dans leurs langues maternelles, c’est-à-dire, les langues dans lesquelles ils s’expriment tous les jours, qu’ils comprennent le plus aisément, c’est ce qui va leur donner une fondation plus solide pour apprendre les langues étrangères », a mentionné le patron des éditions Gandal.

Aliou Sow, président de l’Association des éditeurs de Guinée, organisateur du Colloque

Pour réussir cet évènement, M. Sow a fait venir des experts des pays où l’expérience du bilinguisme a fait son chemin. « Nous avons fait venir plusieurs pays africains où les éditeurs ont de l’expérience du bilinguisme dans les livres de jeunesse. Vous avez vu Madagascar, le Cameroun, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Bénin et tant d’autres qui sont dans la salle qui sont venus apporter leurs expériences à enrichir les connaissances et les compétences des éditeurs bilingues guinéens que nous sommes. Et nous montrons également lors de cette rencontre, la prise en compte de l’autre facette de ce schéma de la prise en compte de nos langues pour les élèves malvoyants. D’ailleurs, parmi les livres exposés ici, vous verrez des livres bilingues en braille pour que les enfants malvoyants puissent lire comme les voyants », a précisé Aliou Sow, organisateur, Fondateur des éditions Gandal et Président de l’Association des éditeurs de Guinée.

Morlaye Yattara, Inspecteur général de l’éducation et représentant le ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, Guillaume Hawing, avant de lancer le colloque, a plaidé également pour la promotion des langues nationales en Guinée.

Morlaye Yattara, inspecteur général de l’Education

« On peut mieux réussir que de passer tout notre temps à étudier dans les langues étrangères. Quand on enseigne les langues nationales aux enfants, ils vont mieux comprendre et assimiler leurs leçons. Je pense qu’il est temps pour nous de développer nos langues nationales », a fait savoir l’Inspecteur général de l’éducation.

Présent à la rencontre de Conakry, Maurice Yaméogo, attaché du programme d’ELAN (école et langues nationales en Afrique), a rappelé le rôle de la francophonie dans le développement et la diversification de l’offre éducative pour l’amélioration de la qualité des apprentissages des Etats.

Remy Yameogo, attaché du programme de ELAN (École et Langue Nationale en Afrique) représentant de l’OIF

« Je souhaite d’emblée rappeler toute l’attention que la Francophonie accorde aux défis éducatifs qui nous interpellent toutes et tous. Depuis des décennies, la Francophonie dans son ensemble ne cesse d’investir dans le développement et la diversification de l’offre éducative pour l’amélioration de la qualité des apprentissages des Etats et gouvernements membres de son espace. Les statistiques relatives aux performances des apprenants en lecture et mathématiques ne sont pas encourageantes et cet état de fait révélé par les résultats des évaluations PASEC 2014 et 2019 sonne comme un appel à la mobilisation générale pour sauver les systèmes éducatifs des maux qui ont pour noms (échecs, abandons, délinquance scolaire, redoublement, perte des repères.). Faut-il crier au désespoir ? Non! Parce qu’il est possible d’emprunter une autre voie, celle qui s’appuie sur les valeurs culturelles, sur le substrat de la langue première pour bâtir des connaissances solides et développer des compétences de vie. La question du pourquoi enseigner les langues nationales pour améliorer la qualité de l’éducation ne se pose plus. Mais il reste à résoudre celle de quoi enseigner ? Comment le faire ? À quels moments ? Par qui et avec quoi? Pour répondre à ses questions le programme ELAN accompagne depuis 2012 les initiatives dans douze pays partenaires dans le domaine de la politique linguistique, de l’extension géographique, du renforcement des capacités, de la production de matériels didactiques, du suivi évaluation, de l’équipement des langues, plaidoyer. Mais également au-delà de ces douze pays nous avons en en perspective l’adhésion de trois autres,  notamment la Mauritanie, Djibouti et la Guinée Bissau », a noté l’expert qui a rappelé que l’UNICEF a répertorié un manque de 44 millions d’enseignants dans le monde. Ce qui constitue une véritable préoccupation pour les acteurs de l’éducation.

L’institut français de Guinée, représenté par Solène Leblanc Maridor, a promis tout son soutien pour la réussite de ce projet.

Mme Solène Leblanc Maridor, représentante de l’Institut Français

« Depuis 2020 le projet ressources éducatives a accompagné une vingtaine d’éditeurs. Et le livre bilingue est l’une de leurs préoccupations éditoriales et commerciales. Sur la quarantaine d’ouvrages qui ont vu le jour grâce à l’appui du projet ressources éducatives, plus de la moitié sont des livres bilingues. La Guinée d’ailleurs qui est pays pilote de ressources éducatives n’est pas un reste. Les enjeux du bilinguisme dans la littérature de jeunesse sont donc partis des thématiques en réflexion de notre projet. Et ils nous ont même emmenés à réfléchir avec l’IFEF à la production d’un guide aux médiations autour des livres Guinéens. Un projet que nous présenterons d’ailleurs lors de ces deux jours de colloque international. Au nom de l’Institut Français de Guinée, du projet ressources éducatives, ‘’lire pour apprendre’’, nous tenions à remercier chaleureusement notre locomotive Aliou Sow des éditions Gandal d’avoir réuni aujourd’hui des chercheurs, des experts, des professionnels du livre pour que nous puissions réfléchir ensemble et croiser nos expériences autour du bilinguisme et du livre bilingue », a-t-elle fait savoir.

Ce colloque réunit pendant deux jours en Guinée des experts représentant 17 pays francophones, des experts de la langue française, des responsables de de l’UNESCO, de la Francophonie, le projet école et langues nationales en Afrique (ELAN), l’Institut recherche linguistique appliquée (IRLA), de l’Institut national de recherche et d’action pédagogique, le Service national d’alphabétisation (SNA), des ONG et des représentants de la société civile guinéenne. Sur les 37 membres initialement programmés, le colloque a reçu une soixantaine de participants.

Fatoumatou Diouldé Diallo et Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél. : 628 08 98 45 

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