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Viol au stade du 28 septembre : « Sur l’une des vidéos, on voyait des femmes complètement dénudées »

Algassimou Diallo, procureur du TPI de Dixinn

Les débats se sont poursuivis devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) ce lundi, 4 mars 2024, dans le procès du massacre du 28 septembre 2009. Et, l’audience d’aujourd’hui a essentiellement porté sur les commentaires des parties par rapport aux éléments vidéos et audios qui ont été projetés la semaine dernière par cette juridiction de première instance. Ces vidéos et audios sont des éléments de preuve contenus dans le dossier de la procédure des événements douloureux qui ont fait plus de 157 morts et plus d’une centaine de femmes violées au stade de Conakry.

Cette phase des commentaires a été ouverte par le ministère public. Le procureur Algassimou Diallo a entamé son intervention par les cas de viol. Il estime, qu’à la lecture de certaines vidéos, il n’y a aucun doute sur le fait que des femmes ont été violées au stade du 28 septembre.

« Suite à la projection du support audiovisuel, nous avons relevé des observations que nous voulons porter à votre attention. Je vais commencer par la notion de viol. Il vous souviendra monsieur le président que sur l’une des vidéos, on voyait des femmes complètement dénudées. Et sur une autre vidéo, il y avait parfaitement une femme qui était tenue par des militaires et tout portait à croire qu’on tentait de la violer. Parce que ses fesses étaient complètement nues. Un militaire tenait un de ses pieds. Et, un autre militaire tenait l’autre pied. Et puisque tout au long de cette procédure, tant les victimes que certaines parties civiles ont effectivement parlé de viol, cela accrédite à n’en pas douter la thèse de viol », a-t-il martelé.

Poursuivant son speech, le procureur Algassimou Diallo a fait remarquer qu’une des vidéos projetées devant le tribunal dément certaines déclarations du colonel Moussa Tiegboro Camara (un des accusés dans cette affaire) à la barre.

« Monsieur le président, il vous souviendra également que l’une des vidéos, monsieur Moussa Tiegboro Camara apparaissait. Il a toujours été dit ici qu’il n’avait qu’un seul garde de corps, un béret rouge. Cela a été vu par tout le monde ici et à la fois qu’il y avait des bérets rouges derrière lui. On en a vu tout au moins deux (2). Donc, cela bat en brèche la déclaration de monsieur Moussa Tiegboro à la barre du tribunal ici », a-t-il indiqué.

Le procureur Algassimou Diallo a aussi confié que les vidéos projetées confirment la présence des « agents en body noir » et des bérets rouges au stade du 28 septembre, tout comme elles illustrent certaines violences qui ont été commises sur des manifestations et des leaders politiques.

« Aussi, monsieur le président, il y avait la présence des hommes qui étaient vêtus de body noir. On en a parlé de long en large ici, et ce sont eux qui se sont livrés à plusieurs exactions. C’était évident parce que ça apparaissait sur les éléments projetés ici… Il a été dit qu’ils ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule, une foule compacte qui était à l’intérieur du stade… Nous avons vu une foule en débandade. Juste après l’entrée de monsieur Jean-Marie Doré, les tirs ont commencé. Ça a été dit ici et nous l’avons vu à travers la vidéo qui a été projetée… Sur l’une des vidéos aussi, monsieur Cellou Dalein Diallo, monsieur Sidya Touré, monsieur Jean-Marie Doré qui étaient invités par radio France internationale ont formellement dénoncé les bérets rouges et monsieur Aboubacar Diakité (Toumba) comme étant ceux-là qui ont fait les exactions au niveau du stade du 28 septembre. Et ça, c’était le lendemain ou surlendemain des événements du 28 septembre », a-t-il fait remarqué.

Par ailleurs, le procureur Algassimou Diallo a accusé le CNDD, au premier rang le Capitaine Moussa Dadis Camara, d’avoir voulu « minimiser » les exactions des forces de l’ordre sur les manifestants. Et pour étayer sa position, le parquetier a évoqué le bilan qui avait été brandi (57 morts dont 4 par balles perdues et 53 par bousculade) par les autorités de l’époque. Il a aussi parlé de la tentative des autorités d’attribuer la responsabilité de ces exactions des forces de l’ordre aux leaders politiques qui avaient appelé à la tenue de ce meeting.

« Un support audio où on fait état du rapport produit par le ministre de la santé, Abdoulaye Cherif Diaby, indiquait qu’il y a eu au total 57 morts dont 4 par balles perdues et 53 par bousculade. Et ce, sans avoir reçu le moindre rapport provenant de ceux-là qui sont habilités à le faire. Une façon, à n’en pas douter, de minimiser les exactions des forces de l’ordre qui se sont infiltrées dans le stade où les manifestants étaient sans arme. Cette déclaration a été reprise par monsieur Moussa Dadis Camara (l’un des accusés)… Donc ces éléments-là sont, à nos yeux, de nature à minimiser les exactions, mais aussi à dédouaner les agents des forces de l’ordre… Nous avons aussi des gens violentés, blessés, meurtris. Nous avons vu monsieur Cellou Dalein Diallo, monsieur Jean-Marie Doré, monsieur Sidya Touré pour ne citer que ceux-là. Ils ont déclaré lors de leurs auditions qu’ils avaient été molestés. Et sur les vidéos que nous avons visionnées, il apparait clairement que ce qu’ils ont dit n’était pas faux. Ensuite le président, monsieur Moussa Dadis Camara, lors d’une interview, indiquait et faisait un parallèle entre les exactions des forces de l’ordre et ce qu’il s’est passé en 2007… Il a rejeté la responsabilité sur les leaders qui ont appelé à cette manifestation pacifique. Et, la manifestation était pacifique », a-t-il indiqué avant de passer la parole à son substitut, Sidiki Camara.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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