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Pourquoi Sékouba Konaté n’a pas été poursuivi dans le dossier du 28 septembre ? « Le juge a dit qu’il ne connaît pas sa filiation »

Général à la retraite Sékouba Konaté, ancien ministre de la Défense et ancien président de la Transition par intérim

Me Pépé Antoine Lama plaide depuis la matinée de ce mardi, 11 juin 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009. Il est l’un des conseils du capitaine Moussa Dadis Camara dans cette affaire. Et il a consacré une partie de son exposé à démontrer le caractère “discriminatoire” dans cette procédure où son client risque la perpétuité. C’est dans le cadre de cet exercice qu’il a révélé les “raisons inédites” invoquées par le pool de juges d’instruction pour justifier le fait que des poursuites n’ont pas été engagées contre le Général Sékouba Konaté, ex numéro 2 de la junte militaire du CNDD et ministre de la défense nationale au moment des événements douloureux du 28 septembre 2009. Les magistrats instructeurs ont argué dans une ordonnance en 2017 qu’ils ignorent la filiation du Général Sékouba Konaté, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon Me Pépé Antoine Lama, le Général Sékouba Konaté a été cité dans ce dossier comme étant l’un de ceux qui avaient distribué les armes pour la commission du massacre du 28 septembre 2009. Et une plainte a été régulièrement portée contre lui par Me Hamidou Barry, un des avocats des parties civiles dans ce procès. Mais cette plainte n’a pas prospéré parce que les juges d’instruction se sont abrités derrière une question de filiation. Ils ont dit qu’ils ne connaissent pas les noms des parents (père et mère) du Général Sékouba Konaté, alors que cet officier militaire et ex-président de la transition dispose au moins d’un passeport.

Me Pépé Me Pépé Antoine Lama, avocat de Moussa Dadis Camara

« Pourquoi citer le nom du Général Sékouba Konaté comme un de ceux-là qui ont distribué des armes à ceux qui se seraient livrés à ces atrocités (le massacre du 28 septembre 2009) et ne pas le renvoyer devant ce tribunal… Je vais vous révéler ce qui, peut-être, a été un moment un secret de polichinelle et qui est à la base de cette division au niveau de cette partie civile. Monsieur le président, quand maître Hamidou Barry a reçu cette ordonnance, il a déposé plainte contre le Général Sékouba Konaté. La FIDH, qui était l’organisation à tout faire dans ce dossier, qui dictait les conduites aux avocats de la partie civile, qui citait les personnes à poursuivre, a dit à Me Hamidou Barry de retirer sa plainte. Me Hamidou Barry a refusé… Il a donc été débarqué et remplacé par Me Alpha Amadou DS Bah. C’est pourquoi vous voyez cette partie civile divisée aujourd’hui. Monsieur le président, voici la réponse inédite, extraordinaire que les juges d’instruction ont donnée à la plainte de Me Hamidou Barry : attendu (…) qu’une commission rogatoire numéro 01 du 4 mai 2017 est en cours d’exécution auprès des autorités judiciaires françaises concernant le Général Sékouba Konaté ; que par lettre en date du 3 avril 2017 des informations concernant la filiation complète de l’intéressé ont été sollicité auprès de la direction nationale de la police de l’air et des frontières ; qu’à la date du 14 avril 2017 le directeur national de la police de l’air et des frontières nous notifiait qu’il ne disposait d’aucune information dans la base de données et archives de la police de l’air et des frontières concernant le Général Sékouba Konaté ; en conséquence disons n’avoir lieu à informer conformément au réquisitoire supplétif du procureur de la république en date du 28 septembre 2017… Celui qui a été président de la Transition, qui a dirigé la Guinée pendant une année (Général Sékouba Konaté), la police guinéenne vous dit : on ne connaît pas sa filiation. Et le juge [d’instruction] vous dit : puisque je ne connais pas sa filiation, je ne peux pas le poursuivre. Pourtant, le commandant Aboubacar Diakité (dit Toumba) a été arrêté en exécution d’un mandat d’arrêt international. Mais lisez le mandat d’arrêt, vous ne verrez nulle part la filiation du commandant Aboubacar Diakité », a expliqué Me Pépé Antoine Lama.

Dans cette situation, déduit cet avocat du capitaine Moussa Dadis Camara, il y a eu un “refus” d’engager des poursuites contre le Général Sékouba Konaté. Me Pépé Antoine Lama assure que le parquet fait dans la discrimination avec l’ambition de “raser dans un seul camp”, celui du capitaine Dadis Camara.

« On n’a pas eu besoin de connaître la filiation du commandant pour le poursuivre et l’arrêter. Mais dans ce dossier, on refuse de poursuivre, on ne sait pour quelle raison, le Général Sékouba Konaté. Je ne dis pas que le Général est coupable. Mais, je suis en train de vous dire que la poursuite est orientée pour des mobiles politiques. Je sais vous (le tribunal), vous êtes juges, vous ne pouvez pas vous autosaisir. Mais celui qui vous a saisis (le parquet) est en train de faire de la discrimination, il est en train de faire de l’injustice, il est en train de raser dans un seul camp. Et de par ce comportement, il est en train d’ôter ce qu’on attendait de ce procès : celui d’unir tous les Guinéens. Mais par la discrimination, par l’orientation des procédures (…), des frustrations se créent. Et je pense que votre tribunal saura réparer ce tire, le moment venu, en refusant de se prêter au jeu du ministère public. Monsieur le président, nous sommes outrés de vivre ce constat, nous sommes choqués et interloqués par ce comportement [du parquet] », a-t-il martelé.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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