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Drépanocytose : « Deux guinéens sur 10 sont porteurs de la maladie » (Dr Daliwa Yempapou Anissa)

Dr Daliwa Yempapou Anissa, drépanocytologue au CHU Donka

Le 19 juin de chaque année marque la journée mondiale de lutte contre la drépanocytose. L’occasion est mise à profit pour informer le grand public sur cette maladie génétique et la nécessité d’un dépistage, mais également d’alerter sur les risques et les possibilités de soins, notamment sur la gravité des complications que peut entraîner cette maladie. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com ce mardi, 18 juin 2024, à la clinique PIMEL à Lambanyi, Dr Daliwa Yempapou Anissa, drépanocytologue au CHU Donka, est revenu sur cette problématique. Le médecin a fait savoir que cette maladie est en train de prendre de l’ampleur en Guinée, car « 2 guinéens sur 10 sont porteurs de la maladie ». D’où la nécessité d’y faire face.

A l’entame Dr Daliwa Yempapou Anissa est revenu sur l’objectif de cette journée mondiale de la drépanocytose tout en apportant une définition à la maladie. « Le 19 juin est une journée qui a été décrétée comme la journée mondiale de la drépanocytose. Et c’est une journée qui a été adoptée par l’Organisation mondiale de la santé en 2008. Cette journée a été dédiée à la lutte contre la drépanocytose. Pourquoi ? Parce que c’est une maladie génétique qui est la plus répondue au monde et qui souvent est méconnue. Donc, cette journée permet de mettre la lumière sur cette maladie et aider plus des personnes à savoir c’est quoi la drépanocytose. La drépanocytose, aussi appelée anémie falciforme, est une maladie génétique héréditaire touchant les globules rouges (ou hématies). Elle est caractérisée par une anomalie de l’hémoglobine, principale protéine du globule rouge. Il y a deux grands groupes de drépanocytose : le premier groupe, c’est la drépanocytose homozygote, où on trouve les formes majeures et les formes mineures. Parmi les formes majeures, nous avons quatre types de formes qui sont le type SS qui est la plus grave ; le type SC, qui est aussi grave, mais un peu moins grave que le type SS parce que les SC ne font pas d’anémie… »

Par ailleurs, Dr Daliwa Yempapou Anissa a expliqué comment se manifeste la drépanocytose. « Pour reconnaître cette maladie, il y a les signes cliniques. Ce sont l’anémie, la pâleur et la douleur qui sont les signes de drépanocytose les plus fréquents chez la forme SS. Mais à côté, il y a aussi le ventre qui peut se ballonner, il y a également des ulcères… des plaies qui ne guérissent sur la peau. Il y a également les yeux et les urines qui sont jaunes à cause du sang qui se détruit. La crise drépanocytaire est plus osseuse qu’articulaire. Mais le seul moyen de le confirmer est de faire l’électrophorèse de l’hémoglobine. Tout le monde devrait savoir son type d’électrophorèse. Il peut arriver qu’on n’ait pas de douleurs articulaires ni de douleurs osseuses et qu’on soit porteur de la drépanocytose. La durée d’espérance de vie d’un drépanocytaire dépend du type de suivi qu’il recevra », a-t-elle laissé entendre.

Plus loin, le médecin a apporté des précisions sur les facteurs de risques de la drépanocytose et ses conséquences. « Le premier facteur, c’est la fraîcheur. Donc, la variation de la température, qu’il soit trop frais ou trop chaud, ça peut entraîner des crises drépanocytaires. Il y a l’humidité, il y a les infections telles que les infections bucco-dentaires, il y a aussi les infections digestives, urinaires, cutanées, toutes infections qui peuvent provoquer une fièvre chez un drépanocytaire peuvent déclencher la crise drépanocytaire ; et le paludisme qui est la première cause de mortalité dans le contexte africain. Donc, le fait qu’un drépanocytaire fasse le palu est un facteur aggravant les crises, mais aussi de sa maladie. Il y a également l’effort physique intense, il y a la pollution de l’air, le manque de l’oxygène dans l’environnement peuvent déclencher une crise drépanocytaire. Il y a aussi la déshydratation. Les conséquences sont liées à des complications aiguës et chroniques. Les complications aiguës, c’est ce qui peut arriver d’urgence et tuer même la personne et c’est l’anémie et la crise vas-occlusive douloureuse grave ; les complications chroniques, c’est ce qui arrive à bas bruit qui finalement se manifeste par un handicap qui est dû à la complication osseuse. Il y a aussi la complication des yeux (…) », a dit Dr Daliwa Yempapou Anissa.

Parlant de la prise en charge, cette drépanocytologue au CHU Donka a fait savoir que cette maladie a un traitement curatif de nos jours. « La prise en charge de la drépanocytose de nos jours, il existe le traitement curatif ; mais cependant, l’accès à ce traitement est très difficile, même dans les pays développés et industrialisés par le coût, et aussi la compatibilité par plusieurs conditions préalables pour pouvoir faire ce traitement qui est la greffe de la moelle osseuse. Le traitement le plus sûr que nous faisons ici, c’est le suivi de qualité qui permet de garantir une vie saine, sans douleur et assez normale pour les drépanocytaires. Pour prévenir la maladie c’est le dépistage précoce, le dépistage néonatal. Nous avons des anciennes donnés qui sont à 20% sur le plan national, ça veut dire que 2 guinéens sur 10 sont porteurs de la maladie, ce qui est énorme pour une population. Donc on doit faire de la drépanocytose un problème majeur de la santé public », a-t-elle indiqué.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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