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Menace de mort, injures… contre un avocat : ce que risquent Harouna Balimanaka Koita et Kabinè Doumbouya

Me Mohamed Sidiki Bérété, avocat

Harouna Balimanaka Koita et Kabinè Doumbouya sont traduits en justice pour répondre des faits de menaces, d’injures publiques, de diffamation. Des infractions commises sur les réseaux sociaux à l’encontre de maître Mohamed Sidiki Bérété, avocat à la cour. A la barre, ils plaident non coupable des faits mis à leur charge. La partie civile dit être indignée et humiliée de voir son image souillée. Elle réclame 150 millions de francs guinéens pour réparer les préjudices subis. Quant au parquet du tribunal de Mafanco, représenté par le procureur Siba Toupou, il requiert la condamnation des deux prévenus à des peines distinctes, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon nos informations, cette procédure est liée à un litige qui oppose les villageois de Fodécariah à ceux de Bakonko, dans la sous-préfecture de Bâté Nafadji, relevant de la préfecture de Kankan. En 2019, il y a eu un affrontement entre les deux communautés. Un protocole de paix a été signé entre les deux communautés par le biais de maître Sidiki Bérété. De 2019 à 2024, la paix, l’unité, et la sérénité y régnaient. Sauf qu’en 2024, un groupe s’est organisé pour aller attaquer le village de Bakonko. Il y a eu mort d’hommes et des arrestations. Et à sa grande surprise, l’avocat Mohamed Sidiki Bérété, a vu sur les réseaux sociaux que « c’est l’acte de paix qu’il a établi entre les deux communautés et signé par les sages des deux localités qui a causé ce problème entre les villageois ». Il va aussitôt porter plainte.

Les deux prévenus, Harouna Balimanaka Koita et Kabinè Doumbouya, sont en détention depuis le 04 juin 2024. On leur reproche d’avoir produit des vidéos sur les réseaux sociaux dans lesquelles ils ont tenu des propos « malsains » à l’encontre de maître Mohamed Sidiki Bérété, le traitant de : criminel, malhonnête, méchant, fainéant. Dans le même vidéo, ils profèrent des menaces : « il continue à tuer les villageois. Maintenant, il ne tuera plus personne. Ça sera sa dernière fois. Le document établi par maître Sidiki Bérété par rapport au règlement de ce litige n’a aucune valeur à la loi. Dans ce protocole, il a été méchant. Il n’a pas réunifié les villageois. Si cela était fait, il n’y aura pas eu de fusillade entre les villageois. L’acte établi par maître Sidiki Bérété et signé par les sages du village a été l’origine de ce problème », peut-on lire dans les publications des deux prévenus.

A la barre, ils plaident non coupable. Pour eux, les « propos ne visent pas l’avocat. Mais ceux qui ont déclenché l’affrontement » dans le village.

De son côté, maître Sidiki Bérété dit avoir été humilié et indigné dans cette affaire. « On a réuni les deux communautés. Ils ont juré sur le Coran que chacun reste sur la terre de ses ancêtres. En 2018, ils sont allés saccagé 7 villages de Bakonko. Sur cet acte, on n’a jamais prononcé la question de propriété. Mais le 2 mai 2024, il y a eu affrontement, il y a eu deux morts. Je vois sur les réseaux sociaux que c’est mon acte qui a créé ce problème. Pourtant, grâce à cet acte, 16 personnes ont été libérés à l’époque par Aly Touré (procureur du tribunal de Kankan, au moment des faits, ndlr). Dans cette affaire, ce que j’ai subi, seul Dieu peut le payer. Je ne mérite pas ça. Je suis indigné, humilié », a lancé l’avocat.

Dans la phase des plaidoiries et réquisitions, le collège d’avocat constitué pour défendre les intérêts de maître Mohamed Sidiki Bérété a réitéré que « la dignité, l’honneur et l’image » de leur client ont été souillés. Ils demandent au tribunal de « condamner les prévenus au paiement de 150 millions de francs guinéens pour réparer ces préjudices ». Il demande également au tribunal d’interdire à ces prévenus l’utilisation des réseaux sociaux. Puis, leur interdire de séjourner à Kankan pendant au moins une période de 5 ans. D’ordonner également la diffusion de la décision à la radio rurale de Kankan.

Pour sa part, le ministère public, représenté par Siba Toupou, va demander au tribunal de retenir Harouna Balimanaka Koita et Kabinè Doumbouya dans les liens de la culpabilité. « Monsieur Sidiki Bérété a été atteint dans sa chair, il est atteint dans son honneur, dans sa réputation. Il a été exposé en danger et lui, et sa famille et ses proches. Si vous avez des griefs contre Sidiki Bérété, le barreau est là. Facebook n’est pas un tribunal, les réseaux sociaux ne sont pas un tribunal. Il faut que des telles attitudes cessent. Au-delà de Sidiki Bérété assis ici, voyez le barreau, voyez son cabinet… Je vous demande de les retenir dans les liens de la prévention pour des faits d’injure, de diffamation, de menace. Pour la répression, vous condamnerez Harouna Balimanaka Koita à un an d’emprisonnement, dont 6 mois assortis de sursis, et au paiement d’une amende de 50 millions de francs guinéens. Pour Kabinè Doumbouya, vous allez le retenir dans les liens de prévention de complicité. Pour la répression, vous le condamnerez à un an d’emprisonnement, dont 9 mois assortis de sursis, et au paiement d’une amende de 10 millions de francs guinéens », a requis le procureur.

La défense quant à elle a plaidé non coupable avant de demander au tribunal de renvoyer ses clients des fins de la poursuite pour délit non constitué à leur égard. « Le ministère public n’a pas été impartial. L’égalité des armes n’a pas été prouvée ici. Sur le fondement de l’article 544 du code de procédure pénale, d’ordonner leur liberté pour délit non constitué à leur égard. En le faisant, vous aurez envoyé la quiétude dans la localité. Constater la carence du ministère public, d’un parquet qui ne pose pas de questions et qui prononce des peines. C’est un parquet préparé pour la cause », a martelé l’avocat de la défense.

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 15 juillet 2024.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 627/664 413 227

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