Le procès de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, et de plusieurs autres, s’est poursuivi ce lundi, 8 juillet 2024, devant la chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières (CRIEF). À l’audience du jour, c’est encore dame Aïssatou Diallo, trésorière à l’assemblée nationale à l’époque des faits, qui qui a été sollicitée pour répondre aux préoccupations de la cour en tant que témoin, en présence des prévenus Amadou Damaro, Zenab Camara et l’homme d’affaires chinois Sin Sun Cheng. La trésorière a affirmé avoir agi à la demande de la questeure Zenab Camara qui est censée être son ordonnatrice dans l’émission des chèques, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
À l’ouverture des débats, c’est dame Aissatou Diallo, trésorière du Conseil national de transition (CNT) qui a pris la parole en tant que témoin pour, dit-elle, éclairer la lanterne de la cour sur ce qui a prévalu à l’établissement des chèques et sur les différents paiements effectués. « Les (…) de paiement sont des pièces comptables sur lesquelles on peut se baser pour faire un chèque. En ce qui concerne les fonds spéciaux, on ne doit pas faire des pièces pour être justifiés. Chaque semaine, après mon travail, je remonte toutes les pièces de la comptabilité. C’est à ce niveau qu’on fait l’imputation du montant. Après, nous apposons toutes nos signatures sur la fiche comptable. C’est quand il y a eu ce problème que j’ai su que les 15 milliards qu’on avait dans le compte, que c’était un fonds d’investissement. À priori, je n’étais pas informée. C’est toujours le fonds transfert qu’on nous envoie. C’est la première fois qu’un fonds d’investissement transite sur notre compte. C’est à la télé que j’ai entendu qu’ils sont poursuivis pour un détournement de 15 milliards de francs guinéens. Si la questeure me demande de faire un chèque, c’est elle qui m’a dit de faire le chèque et je l’ai fait. Si les signatures des deux signataires sont là, moi je ne peux qu’émettre le chèque. Moi, je paie toujours à la demande du premier questeur. (…) », a-t-elle déclaré à la barre.
Dans la poursuite des débats, le tribunal a donné la parole au prévenu Amadou Damaro Camara pour lister les biens immobiliers qu’il possède. En prenant la parole, l’ancien président de la 9ème législature dira : « J’ai un duplex à Matoto, qui est inachevé. C’est en 1993 que je l’ai acheté à 45 millions de nos francs. J’ai modifié la maison pour en faire un duplex. À Kérouané, c’est une villa de trois chambres et deux annexes de deux chambres. J’en ai également à Kankan. Un duplex que j’ai construit sur un espace de 6 parcelles que j’ai acheté à 75 millions », a-t-il répondu.
Poursuivant sa narration suite à la réplique du président du tribunal, Damaro précise : « La maison de N’zérékoré est familiale, même si j’ai largement contribué à sa reconstruction. La maison de Sonfonia à laquelle vous faites allusion appartient à mon épouse. Elle a commencé à construire ça depuis qu’on était aux États-Unis. Après le 5 septembre (2021), quand je suis sorti manu-militari de mon domicile de la Minière que j’occupais depuis plus de 40 ans, que mes enfants sont allés achever la maison pour qu’elle y reste. Donc, la maison est en son nom. La maison de Damaro est également une maison familiale dont j’ai participé à la rénovation. Elle appartient au grand-père. Et c’est une maison qui n’a pas de titre foncier », a-t-il souligné.
Par ailleurs, pour répondre aux justificatifs réclamés par l’avocat de l’agent judiciaire de l’État, le prévenu dit que les fonds payés à l’assemblée nationale en tant qu’institution ne viennent pas avec les prédestinations préétablies. « C’est moi, en tant qu’ordonnateur, qui définit la destination. J’ai renoncé à des voyages de 300 à 400 millions pour améliorer les conditions de vie des députés et du personnel parlementaire ».
Ainsi, la cour a exhorté Amadou Damaro Camara à apporter les documents, notamment les titres de propriété des biens immobiliers dont ils décline la paternité, et de fournir les relevés de ses comptes bancaires.
Le dossier a été renvoyé au mercredi 10 juillet 2024 pour les réquisitions et plaidoiries.
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
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