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Chasse à l’homme contre les membres du FNDC : « Le CNRD est paniqué à cause des manifestations » (Mamadi Onivogui)

Mamadi Onivogui, coordinateur du mouvement “Elazologa” et membre de la coordination nationale du FNDC

Depuis le “kidnapping” de Oumar Sylla alias “Foniké Manguè” et Mamadou Billo Bah, respectivement coordinateur national et responsable des antennes du FNDC (front national pour la défense de la constitution), la plupart des activistes opposés à la prolongation de la transition sont sur le qui-vive à Conakry. Certains ont même arrêté de passer la nuit chez eux pour échapper à ce qu’ils appellent “la chasse à l’homme ouverte contre les activistes” par la junte militaire du CNRD au pouvoir en Guinée depuis le 5 septembre 2021. Une chasse à l’homme qui, selon Mamadi Onivogui, le coordinateur du mouvement “Elazologa” et membre de la coordination nationale du FNDC, est une illustration parfaite de la “panique” au sommet de l’Etat depuis l’annonce de la reprise des manifestations de rue à partir du 30 juillet prochain.

C’est sous une pluie battante qu’un reporter de Guineematin.com est allé ce jeudi, 11 juillet 2024, à la rencontre de Mamadi Onivogui dans un endroit en banlieue de Conakry. L’activiste, à la fois serein et prudent pour sa sécurité, maîtrise bien son environnement. Et à sa prise de parole, il a déploré le “kidnapping” de ces camarades Oumar Sylla et Billo BahIl présente la Guinée comme un Etat policier. Un kidnapping qu’il me au compte de la panique du CNRD à cause des manifestations.

“Les gens ont fait irruption chez Foniké Manguè au moment où il était avec ses amis Billo Bah et Mohamed Cissé, ils les ont kidnappés par la force. C’était des hommes encagoulés et d’autres qui étaient habillés en civil, mais lourdement armés. Ils ont pris le temps de les tabasser et de les traîner pour les jeter dans leurs pick-up. Et depuis, personne ne sait où ils (Foniké Manguè et Billo Bah) sont… Mais, tout cela s’est passé juste après la mobilisation et l’annonce des manifestations en série qui se tiendront les 30 et 31 juillet, mais aussi le 1er août prochain… Ce pouvoir ne veut pas entendre d’une oreille le retour à l’ordre constitutionnel et il ne veut pas que les Guinéens disent les maux dont ils souffrent. Parce que ce qui a été mentionné sur les affiches, c’est le manque d’électricité, le manque d’eau, le musèlement de la presse, etc. Mais puisqu’ils savent qu’ils ont pris des engagements avec les Chinois et autres partenaires pour dire qu’il n’y aura pas de manifestation, ils sont paniqués. Mais les manifestations auront bel et bien lieu dans les jours à venir”, a-t-il martelé avec vivacité.

A en croire Mamadi Onivogui, ce ne sont pas que les activistes qui sont visés par cette chasse à l’homme ouverte par les autorités de la transition. Mais, leurs amis et leurs parents pourraient aussi être victimes de violences. Et pour étayer ses propos, il donne l’exemple de Mohamed Cissé, un des jeunes qui se trouvaient au domicile de Foniké Manguè mardi dernier lors de la descente musclée des agents. Ce jeune, qui n’est pourtant pas un activiste, a été molesté et il aurait aussi été gravement torturé. Aujourd’hui, il serait entre la vie et la mort.

La chasse à l’homme contre les activistes a commencé depuis longtemps. On voit des menaces sur les réseaux sociaux, des gens qui ne vous connaissent pas vous appellent pour proférer des menaces de mort… Tous les activistes qui sont contre la prolongation de la transition sont devenus des SDF (sans domicile fixe), ils ne dorment plus chez eux. Vous avez vu, au lieu de déposer plainte, ils ont fait irruption chez Foniké Manguè. Donc tout le monde est passible de ces violences et de la barbarie de cette junte militaire (le CNRD). Depuis quelques jours je ne dors pas chez moi, parce que je sais qu’à tout moment les gens peuvent entrer et vous violenter. Si vous avez la chance de ne pas être tué, vous êtes heureux. Parce qu’aujourd’hui nos camarades sont torturés. Un d’entre eux a été jeté à terre. Et aujourd’hui il est entre la vie et la mort. Mohamed Cissé n’est pas un activiste, il était juste allé saluer Foniké Manguè, se retrouve aujourd’hui entre la vie et la mort. ça veut dire que ce ne sont pas que les activistes, mais tous les amis et parents des activistes peuvent subir de tels actes de tortures”, a-t-il indiqué.

Le coordinateur du mouvement “Elazologa” assure que la Guinée est devenue une dictature, une prison à ciel ouvert sous le CNRD, où personne n’est libre d’exprimer ses idées.

“La Guinée est devenue aujourd’hui une prison à ciel ouvert. Et tous les Guinéens sont en prison aujourd’hui, parce que personne n’ose dire ce qu’il pense en toute liberté. Aujourd’hui tous les Guinéens sont sous la dictature de cette junte aux abois. C’est pourquoi je dis à tous les Guinéens épris de paix, de justice et de liberté, il ne faut pas laisser cette bande d’incapables qui peine à vous donner le courant et de résoudre les problèmes de la société guinéenne constituer ce qu’on appelle : plus ça dur, plus on s’enrichit. Tout ce qu’ils ont dit hier, c’est le contraire aujourd’hui. Quelqu’un qui avait zéro franc dans son compte possède aujourd’hui des milliards ; quelqu’un qui n’avait aucun bâtiment, qui était dans entrer-coucher, se retrouve aujourd’hui avec des étages. Pendant ce temps, le peuple tire le diable par la queue. C’est honteux”, fulmine-t-il.

La Guinée vit une transition politique depuis le coup d’Etat du 5 septembre 2021 contre le régime d’Alpha Condé (chef de l’Etat guinéen de 2010 à 2021). Et suivant un accord dynamique signé par la junte militaire du CNRD avec la CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), cette transition doit prendre fin le 31 décembre prochain. Mais la junte se penche déjà sur une prolongation pour conduire la transition au-delà de décembre 2024. Une chose que Mamadi Onivogui n’entend pas cautionner. D’ailleurs, il appelle tous les Guinéens épris de paix, de justice et de liberté de se lever pour barrer la route au CNRD.

“La junte a donné une période que nous avons respectée. Normalement la transition devrait partir du 5 septembre 2021 jusqu’aujourd’hui. Mais nous avons prolongé, ils ont eu une année bonus, nous sommes à trois ans, rien n’est fait. Sur les dix étapes du chronogramme de la Transition, rien n’est fait. A date, personne ne peut dire que ceux-là sont prêts à partir. Ils ne veulent pas entendre d’une oreille le retour à l’ordre constitutionnel et leur retour dans les garnisons. Donc, il faut se lever comme un seul homme pour libérer ce peuple qui est pris en otage par une junte aux abois”, a-t-il martelé.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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