C’est sous le thème « la corruption en milieu judiciaire » que la semaine du jeune avocat a été lancée ce mercredi, 24 juillet 2024, à Conakry. Cette première édition, qui va durer 3 jours, est une initiative de l’Association des Jeunes Avocats de Guinée (AJAG). La démarche vise à échanger sur ce problème qui assaille le milieu judiciaire guinéen afin de trouver des solutions objectives et réalisables, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.
L’ouverture de cette première édition de la semaine du jeune avocat a connu la présence de toute la famille judiciaire du pays. Juges, procureurs, avocats, greffiers, huissiers, notaires et ONGs de défense des Droits de l’homme ont tous pris part à l’ouverture de cette rencontre.
Dans son discours de circonstance, le président de l’association des jeunes avocats de Guinée (AJAG), maître Elhadj Madiou Barry, a fait savoir que ce thème n’a pas été choisi de manière fortuite.
« L’association des jeunes avocats de Guinée a choisi un thème central qui préoccupe plus d’un et qui ne concerne véritablement la justice dans son ensemble, mais au-delà de la société toute entière. Que ça soit sur le plan historique, sociologique, culturel, mais aussi ce que nous faisons, ce thème intitulé la corruption en milieu judiciaire n’a pas été choisi de manière fortuite. Nous sommes partis des réalités que nous connaissons, des réalités que nous vivons. Loin d’être étranger à cette réalité, au moment où notre pays vit une transition qu’on va espérer la dernière, il était donc important de choisir un thème central, fédérateur afin que nous échangions sincèrement pour que des solutions appropriées soient trouvées ou tout au moins porté à l’attention des autorités, chacune à son niveau afin que cette pandémie qui est la corruption cesse… Je suis convaincu, qu’à l’issue des trois jours de travaux sur ce thème, qui regroupe l’ensemble des intervenants dans le domaine du droit, que ça soit les professionnels de la justice, les enseignants chercheurs de l’université, nous pourrons assurément à la fin de nos travaux parvenir à un rapport qui pourrait véritablement nous permettre, je l’espère, évoluer dans les perspectives de solutions concernant la lutte contre la corruption », a-t-il dit.
De son côté, le président de l’association des jeunes avocats de Côte d’Ivoire, maître Boto Leon Paul, a laissé entendre que les nouvelles technologies contribuent largement à la lutte contre la corruption. Il a émis l’idée de promouvoir une plate-forme au niveau de tous les barreaux, et au niveau de tous les Etats pour lutter efficacement contre la corruption.
« Ce matin nous sommes réunis autour du thème : la corruption en milieu judiciaire. Au nom de l’association des jeunes avocats de Côte d’Ivoire, je tenais à rappeler que déjà les 23 et 24 août 2023 nous étions à Kigali autour de la thématique : la technologie comme moyen de lutte contre corruption dans le domaine judiciaire. Il y a une prise de conscience. Il y a un diagnostic à faire et il y a des solutions, mais des solutions efficaces et pragmatiques à trouver. Aujourd’hui, il est question des nouvelles technologies. A notre analyse, les nouvelles technologies contribuent et peuvent contribuer largement à la lutte contre la corruption. Il y a des systèmes qui sont exploités. Et nous avons découvert un système mis en place par l’Etat du Rwanda qui a permis de réduire considérablement, on dirait à 90% la corruption au Rwanda. Notre idée, c’est de promouvoir cette plate-forme au niveau de tous les barreaux, et au niveau de tous les Etats pour lutter efficacement contre la corruption qui gangrène la justice et qui s’attaque à la profession d’avocat. Parce que s’il est possible de corrompre pour avoir une décision de justice, dans ce cas on peut se passer très facilement d’un avocat. Donc, la corruption menace à la fois la profession d’avocat, mais elle menace même la justice. Parce que si on a le sentiment que seuls ceux qui ont les moyens peuvent obtenir ce qu’ils veulent, il faut s’attendre à un moment donné à des troubles », a-t-il indiqué.
Pour sa part, le bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée, Mamadou Diop Souaré, a salué cette initiative des jeunes avocats de Guinée. Il les exhorte à faire de la formation un impératif.
« Je le souhaite de tous mes vœux que cette semaine du jeune avocat soit désormais tradition pour le barreau de Guinée. Il y a un premier pas à toute chose, et bien je souhaite que ça soit désormais tous les ans que cette semaine soit organisée. Je voudrais au nom du barreau vous remercier de l’initiative. Avec cette initiative, vous intégrez en vous-même l’obligation de formation initiale et continue que nous impose notre loi. La loi portant sur la profession d’avocat. Donc, initier une telle formation, c’est un honneur pour le barreau. Parce qu’avant d’être jeune avocat, il faut d’abord être avocat. C’est pour ça que le barreau est concerné à plus d’un titre dans le cadre des activités de l’association des jeunes avocats de Guinée. Je voudrais engager l’ensemble de nos confrères et particulièrement aux jeunes avocats de s’y mettre pour la formation, car vous n’êtes pas sans savoir que nous sommes confrontés à des défis de formation, parce qu’il y va de l’avenir et de la survie de notre profession. Vous savez mieux que moi, le droit est devenu une ingénierie. Il évolue au rythme de l’évolution de la société. Donc, c’est un impératif pour l’avocat de suivre cette évolution afin d’être utile à sa société et à ses clients », a expliqué le bâtonnier.
Dans la même lancée, le premier président de la Cour d’appel de Conakry, Abdoulaye Conté, représentant du ministre de la justice à cette cérémonie, a estimé que ce thème est porteur d’espoir pour toute la Guinée.
« Ce thème, corruption en milieu judiciaire, est un thème préoccupant. Porté alors votre attention en inscrivant ce thème au centre de cette formation, c’est vraiment un espoir pour moi et un espoir pour toute la Guinée. Parce que (…) c’est à travers ce thème que notre monde est indexé, stigmatisé par les politiques et nos concitoyens en longueur de journée. Donc, c’est avec un immense plaisir que je reçois votre organisation dans cette salle pour échanger sur cette problématique qui gangrène presque la vie de notre nation. Porter votre regard sur ce thème, c’est vraiment un espoir que je nourris pour l’avenir de la jeunesse guinéenne », a-t-il mentionné avant de déclarer ouverte la toute première édition de la semaine du jeune avocat.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
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