La communauté scientifique de Guinée s’est rassemblée en nombre ce mardi, 6 août 2024, à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia pour rendre un vibrant hommage à feu, Maurice Togba Haba, ancien chef du service des sports, des arts et de la culture au Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation. La cérémonie des obsèques, qui s’est déroulée dans l’amphithéâtre Djibril Tamsir Niane, a réuni de nombreuses personnalités, dont des membres du gouvernement et anciens ministres, ainsi que les cadres de la communauté universitaire, a constaté sur place Guineematin.com à travers ses reporters.
La journée a commencé avec une procession funéraire à l’université, lieu où Maurice Togba Haba a consacré une grande partie de sa vie professionnelle. Ses collègues, amis et étudiants se sont réunis pour se souvenir d’un homme dont l’engagement et le dévouement ont profondément marqué le milieu universitaire guinéen. Lors du symposium dans une salle pleine à craquer, parents, amis, collaborateurs, venus nombreux à ce symposium, ont salué les contributions significatives de M. Haba à l’enseignement supérieur en Guinée et les relations humaines qu’il a su nourrir avec humilité avec chacun de ses contacts.
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Alpha Bacar Barry, dans son discours, a souligné l’importance des valeurs d’amitié que le défunt incarnait et son engagement inébranlable pour le développement des jeux universitaires.
« J’aurais souhaité que ce soit une autre occasion pour moi de parler de Maurice. Maurice, c’est quelqu’un que j’ai connu ici quand j’étais tout jeune enseignant bénévole, ici. Mais très tôt, avec d’autres jeunes, Maurice et moi avions tissé une relation qui, au fil des années, a grandi et devenue une relation presque familiale. Tous les témoignages qu’on a écoutés ici, il y avait une constance. Maurice savait garder une amitié. Il savait la nourrir et il savait la faire grandir. Il avait le sens du devoir et le sens professionnel. Après, j’ai découvert Maurice, ici à l’université, chercheur, chef service sports. Après, je l’ai découvert au Ministère de l’enseignement supérieur avant que je ne sois ministre et après en tant que ministre de l’enseignement supérieur. La même constance. La fougue de la jeunesse, l’engagement permanent et constant pour construire et faire grandir ce qu’il avait de plus précieux, le sport universitaire de Guinée. J’ai vécu avec lui pendant les jeux universitaires à Labé. Nous avons ensemble été avec plusieurs autres cadres ici présents à cet événement et on a découvert sa puissante capacité de mobilisation. C’était un terrain pas du tout conquis, en tout cas au niveau de la jeunesse. Il a su mobiliser des centaines de milliers de personnes autour des activités des jeux universitaires de Guinée et ce, sans problème. Il me disait toujours : « boss, reposez-vous je m’occupe de tout ». (…) Je voudrais aujourd’hui ne pas le pleurer, mais le célébrer. Parce que de tous ceux qui sont passés sur terre, il y en a peu qui laissent les traces. Je pense qu’on se souviendra de Maurice pour longtemps pour le travail extraordinaire qu’il a accompli au sein de ce service », a témoigné Alpha Bacar Barry.
Maurice Togba Haba, figure emblématique des jeux universitaires, a consacré sa vie à l’éducation et à la promotion des activités sportives universitaires. Sa disparition laisse un vide immense au sein de la communauté académique, qui se souvient de lui comme d’un homme dévoué, intègre et passionné par son travail. C’est ce qu’a laissé entendre le Pr. Alpha Abdoulaye Diallo, doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Sonfonia, dont relevait le défunt.
« En l’espace de deux mois, le monde universitaire guinéen vient de perdre deux enseignants chercheurs de haut niveau, mais surtout le monde universitaire de l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, particulièrement la faculté des sciences juridiques et politiques. Il y a un mois, on était encore là pour rendre hommage au Pr Barry. Et voilà c’est un autre coup dur qui arrive. Mais la particularité de monsieur Maurice Togba Haba est que lui, il a été formé par nous ici. Il était le fruit d’ici qu’on a formé pour assurer la relève. C’est pourquoi on ne doit pas pleurer. C’est que la courte période que Maurice a vécu, il a marqué l’histoire dans tout son sens. Au nom de la faculté des sciences juridiques et politiques : cadres, personnels et étudiants, nous vous prions que le rectorat, le ministère et tout le monde scientifique nous rejoignent pour présenter nos condoléances les plus attristées et sincères à la famille biologique de Maurice. Les mots vont me manquer pour parler de cet homme qu’on a vu évoluer ici avec la 44ème promotion. Il n’était pas le seul dans ce genre d’activités qu’on vient de citer, mais il avait des caractéristiques extraordinaires », a déclaré le doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’UGLCS.
Visiblement affligée par la disparition brusque de son époux, Mme Haba née Rouguiatou Diallo, tout de noir vêtue, en signe de deuil, et entourée de ses trois gosses a salué la mémoire de M. Haba, rappelant son rôle crucial dans la famille et son sens de l’humour qu’il partageait avec ses enfants.
« Nous avons fait des efforts, tout ce qui était en notre pouvoir, mais hélas ! La mort ne se soigne pas. Je sais que tu n’as jamais voulu paraître fragile ou affaiblie devant moi ou devant nos enfants. Tu avais toujours le mental bien portant, c’est pourquoi dans ces moments durs, j’ai toujours été là auprès de toi en tant qu’épouse mais aussi en tant que meilleure amie. Durant toute ta vie Maurice, mon cher époux, tu as tout donné pour ta famille. Tu nous a aimés et tu nous a chéris. Tu as été un époux modèle, un époux protecteur, aimable et doux. Un père qui a aimé ses enfants de toute son âme. Je me souviens encore (…) après ton retour au travail dans notre chambre avec nos garçons. Toi, imitant « papa pique », à chaque fois que tu l’imitais on était mort de rire. Tes blagues vont nous manquer mais surtout ces moments heureux que tu nous faisais partager. Dans les moments les plus difficiles de ta maladie tu m’as dit ceci : « Rougui, je tiens à mes enfants. Promets mois de prendre soin d’eux ». Et j’ai promis que je le ferai. Oui Maurice, je te l’ai promis et je le réitère, comme la prunelle de mes yeux, je m’occuperais de nos enfants. Tes anecdotes, tes petites histoires, qui nous les raconterons prochainement ? Maurice, je ne trouve pas de mots juste pour écrire ce que je ressens », a-t-elle prononcé en sanglots, tout en priant pour le repos de son âme.
Ensuite, des témoignages empreints d’émotion ont retracé le parcours exemplaire de Maurice Togba Haba, évoquant son humanité, son professionnalisme et son influence positive sur ses proches collaborateurs.
Djenab Camara, ancienne cheffe de cabinet du Ministère de l’enseignement supérieur, et collaboratrice du défunt, salue la mémoire d’un pilier et homme loyal.
« Il s’est imposé dans le monde des sports non pas comme un animateur mais un responsable qui a su définir l’orientation stratégique du sport universitaire en Guinée. Il a façonné le service des sports. Il a formé une équipe dynamique soudée, compétente, prête à relever tous les défis. Stratège, il l’était. Moi, en tant qu’amoureuse du football, voulant être propriétaire d’un club, il m’encouragea à m’impliquer dans le football à la base. C’est lui qui m’accompagna à obtenir l’agrément et mettre l’équipe en place. Il m’introduit également à la communauté chrétienne lors du pèlerinage chrétien à Boffa en 2017. Il me prit et me présenta aux autorités religieuses du pèlerinage. Cérémonie à laquelle je participe à la clôture depuis 7 ans. C’est petit-à-petit que j’ai compris et je me suis rendue compte qu’il était en train de tracer la voie pour moi, pour mon implication dans la vie de la nation. Il me disait : ma patronne, je dois te montrer à la Guinée. Ils ne te connaissent pas, laisse-moi faire, j’ai les mots pour ça”, avec sa voix imposante. Oh Maurice ! Loyal, tu l’étais. Même pendant mes épreuves difficiles tu as toujours été ce pilier malgré tout. Je savais compter sur toi. Tu n’hésitais pas à monter au créneau pour ma défense pendant ces moments difficiles. Aujourd’hui, la Guinée te pleure. Tous ceux qui ont eu la chance de te connaître pleurent ton départ. Moi, je pleure mon petit frère, mon ami, mon confident. Tu es parti avec nos projets, nos rêves, mais ton héritage est immense », a-t-elle dit.
Pour sa part, la famille de feu Maurice Togba Haba, par la voix de l’oncle de la famille, a remercié la communauté universitaire de Sonfonia pour l’encadrement de leur regretté fils, d’abord en tant qu’étudiant jusqu’à son entrée en fonction, ainsi que tous les amis (e) et collaborateurs du défunt pour leur compassion.
« Nous nous sentons réconfortés. Quand nous voyons le jeune âge de Maurice et nous voyons ces brillants témoignages, il y a de quoi réconforter la famille, malgré cette douleur. La famille me charge de vous rassurer que tout l’effort que vous avez fourni pour encadrer Maurice pendant qu’il était étudiant et pendant qu’il était en fonction, la famille vous reste reconnaissant. Tous ses succès, c’est grâce à vous. Elle vous invite également à l’aider pour que les relations que Maurice a créés ne tarissent », a sollicité monsieur Haba.
Le corps de Maurice Togba Haba a ensuite été conduit à Kobayah, où il a été inhumé en présence de ses proches et amis. Il laisse derrière lui une veuve et trois garçons.
Malick DIAKITE et Mohamed Lamine TOURE pour Guineematin.com
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