Le district de Fofanadou Kötö, relevant de la sous-préfecture de Karifamoriah, à 7 kilomètres de la commune urbaine de Kankan, est aujourd’hui isolé. Les habitants de ce district sont coupés de la ville de Kankan suite à l’impraticabilité du petit pont en bois qui sert de passage pour rejoindre la ville. Il est englouti par les eaux suite aux grandes pluies qui s’abattent sur les lieux actuellement, rapporte un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.
Si la saison des pluies est réclamée avec insistance en Haute Guinée, dans le district de Fofanadou Kötö, l’arrivée des grandes pluies est synonyme de calvaire. Et pour cause ? La rivière qui sépare de Kankan, chef-lieu de la préfecture, et ce district, déborde. Cette année encore, les réalités n’ont pas changé. Après chaque pluie, les citoyens de Fofanadou Kökö se retrouvent dans l’impossibilité de rejoindre Kankan, lieu où ils procèdent aux achats de condiments et autres besoins de première nécessité.
Après la pluie qui s’est abattue sur Kankan dans la journée de lundi à mardi, les citoyens se sont retrouvés bloqués de l’autre côté de la rive. Sur place, on trouve une population impuissante et dans l’impossibilité de rallier Kankan.
Selon Moussa Camara, président du district de Fofanadou Kökö, ils sont dans cette situation depuis sept longues années.
« Depuis le début de la saison pluvieuse, nous sommes confrontés à ces eaux qui nous empêchent de rallier Kankan, et c’est comme ça chaque année. Nous pouvons passer des semaines dans de telles situations, sauf si nous passons par Karifamoriah ou par la route de Soumankoï pour aller à Kankan. Depuis maintenant six à sept ans, nous sommes dans cette situation. Les travaux réalisés que vous voyez-là, c’est grâce à nos propres moyens. Nous avons fait des cotisations en commençant par 25 000 GNF, qui nous ont permis de dégager complètement les lieux. Ensuite, nous avons demandé 200 000 GNF aux citoyens. Mais, cela n’a pas suffi. Nous avons alors demandé 500 000 GNF, mais ces cotisations n’ont toujours pas suffi. Nous avons ainsi bénéficié de l’aide de plusieurs citoyens et même de la direction préfectorale de la topographie, qui nous a offert des parcelles que nous avons vendues pour dépenser ici. Mais les travaux demandent un investissement conséquent », a fait savoir Moussa Camara.
De nombreuses démarches ont été menées auprès des autorités, notamment la mairie de Kankan, pour obtenir de l’aide. Mais, il n’y a pas eu de réponse favorable.
« Nous avons rencontré le maire de Kankan pour qu’il nous vienne en aide. Nous avons passé trois ans à solliciter son aide, sans réponse favorable. Nous sommes restés dans ce désespoir, tandis que la commune de Karifamoriah reprofilait la route qui nous relie. Nous sommes allés les rencontrer, et ils nous ont dit que notre district fait partie de Karifamoriah et qu’ils verront ce qu’ils pourraient faire pour nous. C’est ce pont qui nous permet aujourd’hui de rallier les autres parties de Kankan. Nous avons également rencontré la nouvelle équipe à la tête de la commune de Karifamoriah. Même ce matin, une délégation était là. Mais ils nous ont dit que la réalisation de ce pont demande l’implication de l’État, puisque ça nécessite des dépenses considérables », a déclaré notre interlocuteur.
Dame Safiatou Kaba réside dans le district de Fofanadou Kötö depuis un an. Mais depuis qu’elle est là, elle fait face à des inondations répétées. Aujourd’hui, elle n’a qu’une seule phrase à la bouche : le secours des autorités.
« Quand il pleut, nous rencontrons beaucoup de difficultés ici. Nous ne parvenons pas à rejoindre Kankan pour acheter nos condiments. Même pour puiser de l’eau dans notre propre puits, nous sommes obligés de rester à la maison et de veiller sur les enfants. Sinon, ils peuvent se noyer. L’année dernière, j’avais lancé un cri de cœur aux autorités. Elles avaient promis de venir constater la réalité des choses, mais depuis lors, nous n’avons pas eu de suite favorable. Je profite de l’occasion pour demander aux autorités de nous venir en aide. Sinon, depuis ce matin, aucun motard ne parvient à rallier ici et les enfants ont faim parce que nous n’avons rien à manger, car nous n’avons pas pu rallier le marché », a-t-elle fait savoir.
De Kankan, Abdoulaye N’Koya SYLLA pour Guineematin.com