Manifestation contre la junte du CNRD à Conakry : les activistes Ramadane et Korka Diallo condamnés au TPI de Mafanco

Le procès de Mamadou Korka Diallo, Mamadou Ramadane Diallo et Amadou Bah a connu son épilogue ce mercredi, 14 août 2024, devant le tribunal de première instance de Mafanco. Ces activistes, membres de la Dynamique des Organisations de la Société Civile Guinéenne, étaient poursuivis pour « l’organisation de réunions illicites sur la voie publique ». Des faits pour lesquels Mamadou Korka Diallo et Mamadou Ramadane Diallo ont été reconnus coupables et condamnés à un an de prison dont 6 mois avec sursis et au paiement d’une amende de 500.000 francs guinéens, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Ces trois activistes (Mamadou Korka Diallo, Mamadou Ramadane Diallo et Amadou Bah) ont été placés sous mandat de dépôt le 2 août dernier. C’était au lendemain de la tenue d’une série de manifestations organisée par la Dynamique des Organisations de la Société Civile Guinéenne à Conakry.

Ce mercredi, 14 août 2024, Amadou Bah, président de l’organisation DEMOS, a été appelé à la barre par le président Mamadi 2 Magassouba. Cet activiste raconte les circonstances de son arrestation.

« J’ai mal monsieur le président, parce que je me retrouve au tribunal de Mafanco. Je suis titulaire d’une maîtrise en droit public, j’ai été interpellé dans la journée du 30 juillet après la prière de 13 heures à Matoto. J’avais fini de prendre mon café, j’étais au bord de la route à la recherche d’un moyen de déplacement. Je devais me rendre à Nongo. Un véhicule fumé s’est arrêté devant moi. Un civil est sorti, il m’a dit que je ressemble à un monsieur qu’ils recherchent. Il continua à dire qu’il me soupçonne d’être cette personne. Un pick-up de la gendarmerie est arrivé. Ils m’ont dit de monter. Je suis monté, j’ai été conduit au Haut Commandement de la Gendarmerie. J’ai été auditionné. Ensuite, j’ai été conduit chez monsieur le substitut du procureur. En plein interrogatoire, il a reçu un coup de fil demandant de me mettre sous mandat de dépôt. Je ne connais absolument rien dans l’organisation de ces manifestations. Je n’ai pas participé. Je ne suis pas membre de la Dynamique des Organisations de la Société Civile Guinéenne. La vocation de Demos est la défense des droits de l’homme. Demos est membre de la Maison des associations et des ONGs de Guinée (MAOG) », a-t-il expliqué.

Après avoir entendu Amadou Bah, le procureur Salimou Diaby a demandé une requalification des faits en délits de manifestations publiques interdites sur la voie publique. S’en suivent des débats entre le ministère public et la défense. Le tribunal suspend l’audience pour délibérer sur la demande de requalification.

À la reprise, le tribunal requalifie les faits en manifestations publiques interdites sur la voie publique. Et sur ces nouvelles infractions, ces trois activistes réfutent toutes les accusations et maintiennent leurs dépositions antérieures faites à la barre.

Par la suite des débats, le ministère public requiert le renvoi de Amadou Bah des fins de la poursuite et de retenir Mamadou Ramadane Diallo et Mamadou Korka Diallo sur les faits d’avoir organisé des manifestations publiques interdites sur la voie publique et de les condamner à 1 an d’emprisonnement ferme et une 500.000 francs guinéens.

Dans sa plaidoirie, Maître Fodé Mohamed Béavogui, avocat de la défense, souligne que “l’infraction n’a pas été consommée” et demande au président de renvoyer les prévenus pour délits non constitués ou de les retenir au profit du doute ou encore de leur accorder de très larges circonstances atténuantes. La défense demande au président de “ne pas suivre le ministère public qui obéit à l’exécutif”. « Ces jeunes luttent contre l’exécutif, soyez indulgent avec ces jeunes », a-t-il plaidé.

Finalement, le tribunal a renvoyé Amadou Bah des fins de la poursuite pour délits non établies à son égard. Par contre, le tribunal a déclaré Mamadou Ramadane Diallo et Mamadou Korka Diallo coupables de manifestations publiques interdites. Et pour la répression, cette juridiction les a condamnés à 1 an de prison dont 6 mois avec sursis simple et au paiement d’une amende de 500.000 francs guinéens.

Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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