Le Mpox, anciennement appelé variole du singe, connait une résurgence et commence à préoccuper les décideurs internationaux, en l’occurrence l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au-delà de la République démocratique du Congo (RDC), l’épicentre de la maladie, plusieurs pays en Afrique de l’Ouest, dont la Côte d’ivoire, le Mali, le Libéria, ont relevé leur niveau d’alerte sanitaire. Alors que les autorités guinéennes n’ont fait jusque-là aucune communication sur le sujet, un reporter de Guineematin.com a donné la parole ce vendredi, 16 août 2024, à Docteur Ben Youssouf Keita, médecin, qui interpelle le gouvernement et donne des conseils à la population.
« La variole de singe a été découverte depuis 2022. Sa première apparition, tout comme beaucoup de maladies tropicales infectieuses, c’est dans l’est du Congo. C’est là qu’Ebola a pris son départ, tout comme la variole du singe. Donc, ce sont des maladies qui sont transmises à partir des animaux. Vous savez que le Congo renferme des forêts les plus denses après l’Amazonie. Donc, n’oubliez pas que la variole existait en variole humaine. Elle a été éradiquée depuis plus de 10 ans. Mais, la variole du singe est une autre forme de variole transmise à travers un animal, généralement le singe, par contact et qui se manifeste par la fièvre, la courbature, les maux de tête. Surtout ce qui différencie de la grippe ou d’autres maladies virales, c’est l’apparition des boutons sur tout le corps. C’est une maladie virale », explique Dr Ben Youssouf Kéita.
Par ailleurs, le médecin est revenu sur la lutte contre la maladie par la vaccination. « La variole du singe est apparue il y a 2 ans. Mais bien avant, il y avait la variole humaine pour laquelle il y a eu du vaccin. Et c’est ce vaccin qui est utilisé pour se prémunir contre l’infection de la variole du singe. A cause de la réaction croisée, il y a une certaine possibilité que ça protège, mais ça ne protège pas aussi efficacement. Le vaccin existe, mais en très petite quantité, même les pays où ça fait ravage. Au Congo déjà, où il y a plus de 500 morts, le vaccin n’est pas suffisant et aujourd’hui on voit que ça a traversé le Congo, le Burundi, l’Afrique Centrale, en Côte d’ivoire… Même en Europe, en Suède, il y a eu un cas. Le vaccin existe, mais il n’est pas en quantité suffisante », a-t-il fait savoir.
Pour ce qui est de la Guinée, où les autorités sont encore silencieuses, Dr. Ben Youssouf Keita invite le Gouvernement à réactiver le comité scientifique épidémiologique et donne des conseils pour prévenir la maladie. « Après Ebola, il y a eu le Coronavirus. Pendant ce temps, la Guinée a mis un comité scientifique, composé des grands spécialistes en épidémiologie. Je pense que ce comité existe encore, c’est à ce comité de prendre toutes les mesures, puis conseiller le gouvernement, afin que ce MPOX qui est déjà à nos frontières, comme en Côte d’ivoire, ne traverse pas nos frontières pour venir en Guinée. Une fois de plus, c’est une maladie virale, mortelle. Elle n’est pas aussi catastrophique comme Coronavirus, mais ça tue. Parce que ça tue plus de 10% des enfants atteints et 5% des adultes atteints. Donc, le comité étant sur place, avec le Ministère de la Santé, on doit prendre toutes les dispositions pour informer la population. Il faut informer la population sur les premiers symptômes. Parce-que la période d’incubation, personne ne peut le savoir, sauf quand ça va se passer. Cette période va de 5 jours jusqu’à 21 jours, tu ne peux pas savoir. Que le comité scientifique soit réactivé et qu’il prenne les dispositions parce que c’est une maladie épidémiologique. Le conseil que je vais donner, c’est comme on l’a donné pendant Ebola, Coronavirus. À partir du moment où on sait que c’est une maladie contagieuse, il faut éviter les frottements, se laver correctement les mains, éviter le contact avec les animaux sauvages et surtout éviter la consommation des animaux de brousse en cette période. Une fois de plus, il n’y a pas suffisamment de vaccins. La Guinée ne peut pas prendre le luxe de commander le vaccin contre MPOX, alors qu’il y a d’autres priorités sur le plan sanitaire. Quand il y a des cas, c’est de prendre des dispositions. Enfin, au gouvernement de tout faire pour réactiver le comité scientifique pour leur donner les pistes à suivre », a conseillé le médecin.
Ismaël DIALLO pour Guineematin.com
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