Après l’inondation qui a touché plusieurs concessions le 14 août dernier au quartier Coronthie (dans la commune de Kaloum), les autorités ont entrepris sur place des opérations de déguerpissement des « maisons d’infortunes » et de curage des caniveaux. Mais, cette initiative n’est pas du goût de certaines victimes de l’inondation. En tout cas, elles dénoncent cette attitude qu’elles jugent contre-productive. Ces populations estiment que le problème, c’est sont les unités industrielles (Sonit Pêche) bâties sur les fossés qui devraient conduire les eaux de ruissellement à la mer.
Au micro de Guineematin.com ce samedi 17 août 2024, Mohamed Sylla, habitant du quartier Coronthie 2, a dit que ce déguerpissement entamé par les autorités n’est pas la solution au problème d’inondation.
« Ce qu’il faut retenir, c’est que du côté de la clôture de l’EDG, jusqu’au niveau de la Sonit Pêche, c’est là qu’il y a problème. Cet espace était des réserves d’eau que les blancs avaient fait depuis très longtemps. Ils ont interdit de faire du remblais là-bas. C’est la même chose qui se trouve au petit lac, au niveau du palais du peuple. Ce sont des réserves d’eau. Il y avait un tuyau qui quittait le quartier Sans Fil qui traversait ici jusqu’à la mer. Parce que deux mers ne montent pas en même temps. S’il y a la marée montante de l’autre côté vers Sans fil, ça se reverse par là. Et encore s’il y a la marée montante par là, ça se reverse de l’autre côté. Ce qui fait qu’en ce moment il n’y avait pas d’inondation. Mais au fil du temps, on a constaté que l’Etat a commencé à vendre ces terrains là aux particuliers. Ce qui fait que maintenant on a constaté que tout est rempli, il n’y a plus de réserves d’eau. Ce qui fait que maintenant, chaque fois, à chaque saison des pluies, il y a inondation à Coronthie 2. C’est-à-dire qu’au niveau de la clôture de l’EDG, les quartiers Tombo, Coronthie sont victimes. L’eau peut monter jusqu’au cou. On ne peut même pas marcher. Nos lits, nos congélateurs, nos réfrigérateurs, nos enfants, on est tous victimes et tout est gâté. Et quand c’est gâté, l’Etat ne vient pas en aide. Donc, ce que vous voyez comme ça, ce n’est pas là le problème. Ici l’eau circule sans problème. Le problème est que les libanais et les turcs sont venus tout gâter. Ils ont tout gâté, maintenant l’eau ne passe plus. Là où l’eau devrait se verser à la mer, c’est là où l’eau ne passe même pas. Maintenant ils viennent s’attaquer aux pauvres populations. Ils sont venus casser les maisons des enfants pauvres qui assurent la sécurité de la localité. Où ils vont aller dormir ? Où ils vont aller se plaindre ? Tout l’alignement là, l’eau est rentrée. Mais on ne peut rien. Et pour nous soulager, ils nous envoient 3 poissons et un kilo de riz pour nous dire taisez-vous. Est-ce que c’est ça la solution ? Ces terrains-là, c’est l’Etat qui les a vendus aux particuliers. L’Etat leur a donné les permis de construction. Maintenant, si ceux-ci construisent faut-il les attaquer et casser leurs immeubles ? Non ! Ça sera de l’injustice. Mais quand on casse les taudis, les étages là on doit les casser aussi. On doit les casser parce que c’est par là que l’eau devrait aller jusqu’à la mer. C’est la solution », a expliqué Mohamed Sylla, natif de la localité.
Sur la même lancée Mohamed Diaby (communément appelé Djobala), accuse les autorités du gouvernorat et la mairie de Kaloum de prendre de l’argent dans les mains des libanais (les propriétaires des immeubles) sans se soucier des pauvres populations éprouvées par les inondations.
« Chaque année, il y a des inondations ici. On doit chercher à mettre fin à ça. Ici, le gouvernorat, les élus qui sont là prennent de l’argent avec les libanais. Il y a même des individus qui se sont organisés dans le quartier, chaque fois que l’eau entre chez les gens, ils viennent former une fausse délégation, ils partent voir le libanais et ils prennent de l’argent avec lui. Après, ils viennent tromper les jeunes du quartier pour dire que le problème, c’est parce que les fossés sont sales, c’est la raison pour laquelle l’eau rentre dans les maisons. Ce n’est pas ça. Ce sont des contre-vérités. C’est parce que ce n’est pas leur problème, ce n’est pas leur inquiétude. Ils ont fait de ça leur business. Dès qu’il y a la pluie, ils viennent voir ce libanais pour prendre de l’argent. Alors que nous les victimes nous sommes là, nos mamans sont là pauvres et malades. C’est la merde. Moi ma maman est diabétique, elle a la tension. Cette fois-ci, l’eau est entrée dans notre salon, elle était dans son lit. Qui peut être content de ça ? C’est le libanais de Sonit Pêche, ils ont construit sur les 3 grands fossés où il y a la sortie de l’eau. La DATU (Direction nationale de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme) est venue, ils ont coché les mûrs. Ils ont dit qu’ils vont faire tomber les murs là dans 48 heures.Mais jusqu’à présent, rien. Ils viennent tromper les gens, faire tomber les lieux où les jeunes habitent parce qu’ils n’ont pas de force. C’est n’est pas ça la solution. La solution, ils n’ont qu’à faire tomber le mur du libanais », a-t-il lancé.
Saïdou Hady Diallo et Ibrahima Bah pour Guineematin.com
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