D’une manière ou d’une autre, chaque avancée de la science engendre des avantages tout comme des conséquences sur la vie de l’être humain. Cela semble se confirmer avec l’évolution des Technologies de l’information et de la communication (TIC) en Afrique, qui tendent à faire oublier les valeurs ancestrales. Si hier, les parents ou les grands-parents avaient pour habitude de raconter des histoires drôles ou de faire des contes pour les enfants, cette habitude a tendance à disparaître de nos jours au profit des TIC. Ce qui peut conduire les jeunes à mener une vie malsaine ou de débauche. Pour parler de l’impact des TIC sur l’éducation des enfants, un reporter de Guineematin.com a donné la parole au conteur Moussa Doumbouya, alias Petit Tonton. Il est revenu sur les avantages de l’évolution des NTIC et leur inconvénient sur nos valeurs traditionnelles.
D’entrée, Moussa Doumbouya, alias Petit Tonton, a expliqué les avantages de la technologie sur l’éducation des enfants. « On ne va pas parler que de l’impact négatif de la technologie, mais on va parler de l’accès à une sorte d’éducation. C’est-à-dire aujourd’hui, on trouve des ressources éducatives partout et à n’importe quel moment. Il y a une ou deux décennies, il y avait un seul livre pour toute la classe ou pour toute l’école. Aujourd’hui, on a accès à beaucoup de ressources, à des tutoriels, des plates-formes digitales. Cela facilite l’apprentissage de beaucoup de choses, en fonction des besoins des enfants ou des parents pour les enfants », a-t-il expliqué.
Cependant, Petit Tonton a fait savoir que l’évolution de la technologie a également un impact négatif sur nos valeurs. « Les technologies donnent accès à tout, et à n’importe quoi aussi aux enfants. Et comme ils ont accès à beaucoup de choses, ils deviennent facilement addictifs à cela. C’est-à-dire que quand ils sont avec leur tablette, ils ne veulent pas du tout relâcher ou quand ils sont en train de regarder des choses sur YouTube, on a des Youtubeurs qui proposent des choses aux enfants, ils en deviennent accros et ils ne veulent pas du tout quitter l’écran. Et donc, ça fait que l’enfant a plus envie d’être seul que de communiquer avec ses parents ou avec des adultes. Et donc, quand leurs parents proposent des choses qu’ils ne connaissent pas (les comptines, les berceuses) quand ils pleurent, on va chercher sur YouTube pour les calmer, ou allumer la télé. Ils ne connaissent que ça. Donc, la technologie fait une rupture de nos valeurs traditionnelles. Une personne sans identité, c’est comme un ustensile que n’importe qui pourrait utiliser. Donc, si on n’a pas d’identité, on est perdu. Justement, les technologies, si on ne les contrôle pas, ça fait qu’on perd complètement notre culture au profit des autres. Puisque les autres y mettent assez de moyens pour faire la promotion de leurs valeurs. Nos jeunes mamans, nos jeunes parents aujourd’hui, qui ont eu quand même des contes quand ils étaient petits, ont perdu le fil et on ne transmet plus. On est trop pressé, on pense plus au boulot. Pour se débarrasser ou se libérer de l’enfant, on le met face à l’écran. Et ils découvrent des choses qui ne sont pas forcément celles de notre culture, de nos traditions et autres. Et à des moments précis, on se rend compte qu’on est en phase avec l’enfant et qu’on n’a pas su transmettre l’éducation que nous, on a eu à nos enfants », déplore-t-il.
Par ailleurs, Moussa Doumbouya, alias Petit Tonton, pense qu’il n’y a pas de problème sans solution. « Ça peut se rattraper. C’est à nous jeunes parents de continuer à proposer les contes, les jeux traditionnels ; et surtout les parents, comme aujourd’hui il y a les moyens de limiter nos temps d’accès aux tablettes, aux téléphones, à la télé aux enfants, c’est de faire le contrôle parental, c’est d’insister là-dessus et de trouver des moments d’échanges. Ça peut être des discussions, des jeux, des moments de contes. Parce que comme je le disais tantôt, quand on fait découvrir le conte aux enfants puisque nous travaillons beaucoup avec les écoles, on voit qu’ils aiment ça, et qu’ils en redemandent après. C’est bien la technologie, on ne peut pas mettre la technologie de côté puisque ça fait partie de notre vie aujourd’hui. Vous remarquez que quand on coupe l’internet en Guinée pour une heure, deux heures quand il y a une panne par exemple, tout le monde s’affole. Donc, on ne peut pas. On nous a mis ça dans nos vies et on doit vivre avec. Mais, il ne faut pas que ça nous contrôle, mais, c’est nous qui devons contrôler ça. Ce que je pourrais demander aux jeunes parents, c’est de chercher à se connaître, qu’on sache qui on est pour pouvoir leur transmettre nos valeurs. Parce que, qui parle de transmission, parle déjà de quelque chose qu’on connaît », a-t-il laissé entendre.
Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com