En Guinée, le nom de Socrate ne fait pas référence au philosophe de l’Antiquité grecque, mais à un enseignant contemporain, Sidiki Keïta. Connu pour la profondeur de sa pensée et son dévouement à l’enseignement, il est considéré par beaucoup comme le meilleur professeur de philosophie du pays.
Très tôt, il s’est distingué par son esprit critique et son amour pour la connaissance. Après des études brillantes en philosophie, Sidiki Keïta s’est mis au service de sa nation, animé par la volonté de contribuer à l’éveil intellectuel de son pays natal.
Dans un entretien accordé à Guineematin.com, Sidiki Keita alias Socrate est revenu sur son parcours dans l’enseignement.
« J’ai été intégré à la Fonction publique comme enseignant après mes études sanctionnées par l’examen de sortie de l’école normale supérieure de Manea. Celui qui m’a accueilli à Bonfi, c’est monsieur Sadialiou Diallo. Je suis entré à la fonction publique par la porte de l’enseignement », raconte cet ancien professeur du lycée Bonfi.
Sidiki Keïta a suivi un parcours complexe, marqué par des défis personnels et professionnels.
« Après le bac unique, on m’a affecté à l’agronomie de Siguiri. J’ai fait deux ans, je suis tombé malade. On m’a envoyé directement à Conakry. On m’a orienté à la faculté des sciences sociales et la nature de Donka. On prenait les meilleurs et on les orientait à l’école normale supérieure de Maneah. Après avoir terminé les études, on m’a recruté à la fonction publique comme enseignant. J’ai été le seul professeur à cheval entre trois lycées », se souvient-il.
En 2024, Sidiki Keïta, ce professeur émérite, a été envoyé à la retraite. Malgré les obstacles, il se dit comblé par sa carrière.
« Personnellement, j’avais la conviction, c’est de me rendre utile à la nation. Ce métier, je l’ai aimé. Même le sobriquet : Socrate, ce n’est pas de moi-même. C’est venu des élèves de Bonfi », confie-t-il avec fierté.
En reconnaissance de ses contributions exceptionnelles, Sidiki Keïta a été honoré par le Président de la Transition. Il a été déclaré “meilleur enseignant de philosophie en Guinée”. Et, le Chef de l’État lui a offert une voiture.
« Ce n’est pas un rêve. C’était de l’extraordinaire lorsqu’on m’a choisi comme le meilleur enseignant du secondaire. Il m’a adoré, il m’a aimé », raconte Sidiki Keïta, visiblement ému.
Cependant, malgré son succès et l’affection de ses élèves, Sidiki Keïta n’a jamais accédé à un poste de responsabilité.
« On m’a toujours dit que je devais concasser la craie. La retraite, sur le plan de la fonction publique, ne me désarme pas. Je suis en train de faire un document qui va beaucoup servir encore les élèves », assure-t-il.
Ainsi, Socrate, ce surnom affectueux donné par ses élèves, symbolise l’impact durable qu’a eu Sidiki Keïta sur l’éducation en Guinée, même après son départ à la retraite.
Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com
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