Depuis plusieurs mois, les autorités, à travers le Ministère de l’environnement et du développement durable, ont interdit la coupe et le transport du bois sur toute l’étendue du territoire national. Une mesure prise pour permettre le repos biologique et la bonne croissance des arbres. A N’Zérékoré, des menuisiers et acteurs de la filière bois, interrogés à ce sujet ce mardi 20 août 2024, disent être confrontés à de nombreuses difficultés qui freinent leur élan. Ils ont aussi plaidé les autorités et sollicité la clémence du gouvernement dans l’octroi des contrats avec l’Etat dans certains travaux, rapporte la rédaction de Guineematin.com basée dans la préfecture.
C’est une période de difficultés et lamentations que traversent les menuisiers et acteurs de la filière bois dans la commune urbaine de N’Zérékoré. Ils disent être confrontés à plusieurs difficultés en cette période de suspension de la coupe du bois
Rencontré dans son atelier au quartier Gbanghana, Siba Koïvogui, maître menuisier, explique ce à quoi il est confronté actuellement.
« Depuis la suspension des activités de coupe du bois, nous souffrons énormément. C’est vrai que nous sommes habitués aux périodes de repos biologique, mais nous sommes en difficultés actuellement dans la mesure où nous sommes en manque de bois. On a commandé des bois avec les gens, mais ces bois sont en brousse, en train de pourrir. On n’est pas contre le repos biologique parce que quelque part, ça nous aide aussi à ne pas perdre définitivement notre matière première qui est le bois. Et en plus de ça, les bois sont très chers dans les dépôts. On reçoit des contrats, mais par manque ou difficulté de bois, on perd ces contrats. Pourtant, on a des familles à nourrir », explique-t-il.
Par ailleurs, notre interlocuteur interpelle les autorités. « Nous menuisiers et autres qui travaillons avec le bois, nous demandons à l’Etat de nous venir en aide. C’est dans ce métier qu’on gagne notre pain quotidien, et puis nous formons des jeunes qui sont l’avenir de notre pays. Si on n’a pas de bois pour former ces jeunes ou les encadrer bien, à la longue, ils vont chercher à s’orienter ailleurs. Et dans ce cas, certains peuvent fréquenter ou s’introduire dans des groupes ou bandes de voleurs pour être des vagabonds ou brigands. Pour pallier tout cela, l’Etat devrait nous aider à avoir accès aux bois, qui est notre matière première. Je demande au gouvernement de bien vouloir nous aider à avoir du bois en abondance, de nous aider à avoir des machines », a lancé maître Koïvogui.
Même son de cloche chez Alhassane Konaté, menuisier-ébéniste, qui plaide pour une révision de la durée de la période de repos ou de la suspension.
« Depuis l’annonce de la suspension des activités de coupe du bois par les autorités, on ne rencontre que des difficultés dans le marché du bois. Et c’est très difficile de gagner du bois. Seulement des bois blancs qu’on ne peut que trouver, pourtant dans la plupart des cas, nous travaillons avec des bois rouges. Donc actuellement, nous souffrons beaucoup. Et avec tout cela, le marché du bois est devenu très cher. Le prix des bois est devenu très coûteux. Ce qu’on pouvait avoir à 130 000 GNF est actuellement à 150 000 GNF. Et cela devient de plus en plus dur pour nous les ouvriers. Ce que je demande aux vendeurs, c’est d’avoir pitié de nous pour au moins diminuer un peu le prix. Et du côté du gouvernement, je les prie de voir un peu la durée de la période de repos, car avant on parlait de 3 mois, mais cette année, c’est parti presque quatre (4) mois », a-t-il lancé.
Pour sa part, Farah Tamba Dibadino, président des associations de menuisiers de N’Zérékoré, sollicite également la clémence du gouvernement dans l’octroi des contrats pour les menuisiers de N’Zérékoré.
« Pour cet arrêt de la coupe des bois ou du repos biologique, c’est devenu une habitude chaque année pour nous. Et en tant qu’acteur, on ne peut pas se plaindre par rapport à cette situation, car c’est une manière aussi d’aider nos apprentis dans l’avenir. En fait, cette exploitation en gros n’est pas un échec pour nous, mais notre sentiment vers les autorités, c’est de venir au secours des ouvriers. Nous avons des difficultés au niveau du marché. Et d’ailleurs, là où nous sommes, il n’y a pas de société pour qu’on puisse avoir nos quotidiens. Sinon avant, on fabriquait des tables-bancs scolaires, mais à l’heure actuelle, tous ces contrats sont gérés à Conakry. Et maintenant, nous avons des difficultés dans notre travail. Avant, l’Etat nous donnait des contrats, mais maintenant-là, on ne nous donne même plus de contrats. Seulement, la seule chose que je peux dire, c’est de prier les autorités environnementales ainsi que le gouvernement, de pouvoir au moins nous donner des contrats de fabrication de tables-bancs et autres. Et aussi de laisser les contrats de N’Zérékoré dans la main des ouvriers de N’Zérékoré », a plaidé Farah Tamba Dibadino.
De N’Zérékoré, Jean David Loua, Sayon Haba et Alain Lamah pour Guineematin.com
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