Messages racistes, xénophobes, haineux… Pépé Francis Haba risque 18 mois de prison et une interdiction de 3 ans de participer à la vie associative et politique

Pépé Francis Haba, président de l'UGDD et coordinateur de l'Alliance Pour la République (APR)

Le leader de l’UGDD (Union guinéenne pour la démocratie et le développement) est dans de sales draps devant le tribunal correctionnel. Pépé Francis Haba est poursuivi devant cette juridiction avec cinq autres pour “atteinte et menace à la sécurité publique”. Et cet après-midi, jeudi 22 août 2024, le ministère public a requis un an et six mois (soit 18 mois) de prison à son encontre. Le procureur audiencier, Lamine Touré, a aussi demandé au tribunal de prononcé contre lui une “interdiction temporaire pendant 3 ans à la participation à la vie associative et politique”. Si le tribunal fait droit à ces réquisitions du parquet, Pépé Francis Haba pourrait perdre la tête de son parti, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

C’est aux environs de 16 heures que la phase des réquisitions et plaidoiries ont démarré dans cette affaire devant le juge Lansa Keïta. Et à sa prise de parole, le ministère public a eu la main lourde contre les prévenus qu’il accuse d’avoir distillé des ménages à caractère raciste, xénophobe, communautaire et haineux lors du procès du massacre du 28 septembre 2009 dans le but d’influancer et d’intimider le tribunal pour éviter une condamnation du capitaine Moussa Dadis Camara, ex-président de la Transiton (entre 2008 et 2009) guinéen.

« Comme vous le savez monsieur le président, le mouvement MPPD créé au début pour la paix et la cohésion va devenir immédiatement un mouvement à caractère insurrectionnel. C’est un mouvement créé en 2022, date du début du procès du 28 septembre. Une association qui compte 5 000 membres. Et toutes les rencontres initiées par ce mouvement ont enregistré des propos incendiaires. Dans les groupes WhatsApp, le constat révèle que les messages envoyés sont à caractère raciste, xénophobe, communautaire et haineux. Et les agents enquêteurs, très républicains, ont mené des investigations très claires et palpables sur cela. Nous, le parquet de Dixinn, a par la suite décidé d’orienter le dossier en flagrant délit. Et le ministère public ne s’est pas limité qu’à la théorie, il est allé plus loin en présentant des éléments de preuves, à l’occurrence les enregistrements audio. D’ailleurs dans l’un des enregistrements, Simon Pierre Camara a soutenu qu’il faudrait couper le pont de Faranah-N’Zérékoré. Un peu plus loin, Bienvenue Théa affirme dans un audio que même le Liberia pourra les aider. Il continue à dire qu’il faut infiltrer Kissidougou qui, d’après l’opinion commune, ne se considère pas de la forêt. Il est allé encore loin en énonçant un propos, celui de faire tout pour le départ des autorités administratives de la forêt. Tous les messages de haine avaient pour dénominateur commun d’empêcher le tribunal criminel d’entrer en condamnation avec Dadis Camara. Parlant de Pépé Francis Haba, même un étudiant en droit de licence 1 sait qu’après avoir connu ses agissements qui sont de fournir un logement abritant la réunion de haine et de trouble public et d’accepter que Simon Pierre Camara dont il connaît le comportement haineux fasse de son siège un lieu de réunion. Pépé Francis Haba a aussi interagi dans les plateformes. Donc tout ceci prouve qu’il était complice ainsi que Ange Konomou, Joseph Konomou, et Pierre Konomou qui sont aussi acteurs des violences sur les plateformes. Ces prévenus sont poursuivables pour les faits qui les amènent ici. Les prévenus ont même créé un t-shirt sur lequel était écrit : levons-nous pour la forêt, Dadis ou Rien. Un t-shirt conçu pour galvaniser les gens à se lever pour la forêt et à faire tout pour ne pas condamner Dadis. Alors, nous sollicitons une condamnation donc à titre de peine principal, un emprisonnement de 3 ans de prison pour Simone pierre Camara et bienvenue Théa et un autre de 1 an 6 mois pour les autres prévenus en les personnes de Pierre Konomou, Ange Konomou, Joseph Maomou et Francis Haba. Pour l’amande, que les prévenus paient 20 millions de francs guinéens chacun. Pour la peine à titre particulière, nous demandons une interdiction temporaire pendant 3 ans à la participation à la vie associative et politique, la confiscation des téléphones ayant servi d’outils de propagande et la publicité de la condamnation des prévenus par les médias, avec votre autorisation », a requis le parquet de Dixinn contre Pepe Francis Haba et autres.

De son côté, l’avocat de la défense, maître Damien a plaidé l’innocence de ses clients et a demandé au tribunal de leur déclarer non coupable des faits mis à leur charge.

« Le ministère public n’a jamais présenté ici une preuve de la non coopération de Pépé Francis Haba. Le parquet a bonnement violé des articles du code pénal. Nous avons constaté des irrégularités dans ses démarches. Ces irrégularités doivent vous pousser à renvoyer le parquet à mieux se pourvoir. Quand on a demandé au ministère public de communiquer certaines pièces, il ne l’a pas fait. Si on revient au fait, Simon Pierre Camara a été enlevé chez lui n’importe comment par des gens encagoulés, devant toute sa famille. Ils ont fouillé tout à l’intérieur sans trouver de t-shirt, ni de preuves. Ce n’est pas une première fois que cela se passe. Tous les jours, les Guinéens sont enlevés. C’est devenu récurrent aujourd’hui. Bienvenue Théa a parlé à ses frères sur les plateformes WhatsApp pour qu’ils cherchent où se trouvent leur frère Simon Pierre Camara et d’appeler un avocat. Un mouvement de paix, qui a même contribué pour les personnes victimes de l’explosion du dépôt de carburant à Kaloum à hauteur de 20 millions. Ils ont cotisé 5 mille, 5 mille pour avoir ça. Et voilà qu’on vous demande de condamner ces pauvres citoyens. Comment des gens comme ça peuvent être sources de problème ? On poursuit mes clients pour des faits de trouble. Qu’on me dise à quel moment il y a eu trouble. Ce présent ministère public est incompétent à cause de sa jeunesse. À notre avis il n’a pas été à l’université, il a juste passé devant la cour de l’université. Le ministère public n’a pas requis à charge et à décharge comme le recommande l’article 49 du code pénal. C’est pourquoi je vous demande monsieur le Président de constater que les faits ne sont pas établis à l’encontre de mes clients », a plaidé l’avocat des prévenus.

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 5 septembre prochain.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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