Les fortes pluies qui s’abattent sur Conakry depuis la nuit d’avant-hier ont causé des inondations à Hamdallaye 1, un quartier de la commune de Gbessia. Sur place, plusieurs concessions sont envahies par les eaux de ruissellement mêlées à des déchets liquides qui tapissent au niveau du site “radar (un lieu de dépotoir d’ordures)”. Cette eau puante était haute de près d’un mètre par endroits. Les habitants, éprouvés par cette situation, baignent dans la tristesse et se demandent à quel saint se vouer, rapporte Guineematin.com à travers une de ses équipes de reportage.
Hier (mercredi), les citoyens de Hamdallaye 1 ont passé la journée à batailler contre les eaux de ruissellement. Des eaux qui ont malgré tout causé d’importants dégâts matériels sur place. Dans une première concession visitée par notre équipe de reportage, les meubles, les marmites, les télévisions et même les voitures sont totalement abîmées par les eaux d’inondation. Les femmes, les enfants, les jeunes et même les vieillards s’activaient, pelles ou brosses en main, pour libérer la maison de ces eaux. Mamadou Bobo Dansoko, propriétaire de ladite concession, est révolté. Il déplore la perte de plus de 200 millions de francs guinéens.
« C’est la deuxième fois que ce problème nous arrive ici. L’année passée aussi on avait tout fait, mais ça n’a pas changé. Les militaires qui sont en haut ici sont les responsables de ces dégâts. Ils acceptent que les gens viennent déverser des ordures et même des déchets des latrines ici, au radar, pour ensuite leur payer 80 mille francs par camion. Ce n’est pas la pluie qui a fait ça. Ce sont eux-mêmes qui ont créé un passage pour les eaux qui y stagnent. Et elles sont venues, à la tombée de la pluie, se déverser dans nos maisons. Voici ma voiture, une Land Cruiser, l’eau est venue jusqu’au niveau du moteur, nous avons tout fait pour allumer la voiture, impossible. Dans ma maison, il ne reste plus rien. Les aliments, les appareils électroménagers, les meubles et même les vêtements ont tous été abîmés. Tout ça par la faute des militaires installés au radar ici. Mais si le gouvernement ne nous aide pas, ces militaires et nous on fera quelque chose ici. Il n’y a pas ce qu’on n’a pas dit au chef du secteur, à chaque fois qu’on lui dit, il dit qu’il ira se plaindre, et ensuite rien. Ce n’est pas du tout la pluie qui a fait, c’est exprès qu’ils ont laissé ces eaux se déverser par là. Il y a eu une perte de plus de 200 millions ici. Nous allons nous plaindre du quartier jusqu’à la justice. Nous sommes prêts à aller partout où il faut pour ça », a-t-il dit avec une certaine déception.
Dans cette autre concession, la cour est totalement inondée d’ordures et d’eaux, les habitants peinent même à atteindre leurs latrines. Mariame Doumbouya, cheffe de cette famille, les larmes aux yeux, dit être fatiguée de cette situation.
« C’est ma concession qui est là. Je suis à concasseur au terrain commando. Depuis ce matin, l’eau du dépotoir d’ordures a fuité pour venir se déverser dans nos concessions. Pour ne pas que nos enfants fassent de la pagaille comme ils le menaçaient, j’ai été voir le chef du quartier. Je lui ai demandé de venir voir l’état de ma concession, mais il m’a dit de quitter devant lui, qu’il a déjà délégué des gens depuis le matin. Mais moi, je n’ai vu personne ici », a-t-elle déploré.
Rencontré sur place depuis le matin, Therno Hamidou Barry, secrétaire administratif du bureau du quartier Hamdallaye 1, explique quant à lui les démarches entreprises par les autorités du quartier pour remédier à cette situation.
« On a été appelé aux environs de 10 heures par les citoyens riverains, disant être envahis par les eaux usées en provenance du site du radar. A la suite de ça, nous nous sommes précipités pour venir voir. Et effectivement on a trouvé qu’ils ont été envahis par des eaux, mais aussi par des ordures. Il y a eu d’énormes dégâts. Selon les riverains, ce sont des camions vidangeurs qui envoient des déchets au niveau du radar par la complicité de ceux qui sont là-bas. Maintenant qu’il y a eu une forte pluie, l’eau a envahi, ça a débordé et ça a envahi les foyers. Depuis l’année dernière on a remonté l’information au niveau des autorités compétentes. La presse est venue, ça a été sorti à la télé, il y a même eu des sketchs de sensibilisation. Pour ce qui est d’aujourd’hui, on a interpellé le président de la délégation spéciale de Gbessia pour qu’il vienne nous secourir », a-t-il rassuré.
Dans plusieurs autres concessions de la zone, forages et puits ne sont plus utilisables par les citoyens. Les eaux provenant de ce dépôt d’ordures ont causé la perte d’un grand nombre de sites d’eaux dans la zone. Des jardins potagers, se trouvant aux alentours de ce radar, ont également été affectés. Et plusieurs plantations ont été détruites.
Un militaire, un certain Kanté, est le principal accusé par les citoyens du quartier Hamdallaye 1 dans cette affaire. Ces derniers le présentent comme “la base de ce problème” et l’accusent d’être corrompu par les propriétaires des camions vidangeurs qui déversent des déchets au niveau du site “radar”. Mais, il ne souhaite pas faire de commentaires sur ces accusations qu’on lui colle à la peau. En tout cas, au micro de notre équipe de reportage, il s’est abstenu de toute déclaration ce mercredi.
Ce jeudi, plusieurs concessions de Hamdallaye 1 encore le soubassement dans l’eau, au grand dam de leurs occupants. Mais, le niveau d’eau est en train de baisser progressivement. Ce qui fait naître une lueur d’espoir chez certains.
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