Salaires impayés : des journalistes de CIS Médias haussent le ton et menacent de saisir la justice

Des employés du groupe de presse Culture Infos Médias (CIS) ont organisé une manifestation devant un hôtel appartenant à l’homme d’affaires Antonio Souaré, par ailleurs PDG dudit groupe de presse. La manifestation, tenue mardi 20 août 2024, vise à dénoncer le non-paiement de 18 mois de salaires de la part de leur employeur. Devant les nombreuses et infructueuses tentatives de résoudre le différend, les protestataires ne comptent pas baisser la pression et se disent décidés à saisir la justice pour être rétablis dans leurs droits, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Privés de salaires depuis 18 mois, ces journalistes ont mené plusieurs démarches, avec différentes structures, pour tenter de résoudre le problème. Aucune de ces démarches n’ayant abouti, ces employés de CIS Médias ont laissé éclater leur colère.

Pierre Fatewa Diawara, président du collectif des employés de Cis Médias, explique la procédure entreprise par ses collègues et lui jusqu’à ce jour.

Pierre Fatewa Diawara, président du collectif des employés de Cis Médias

« On est resté pendant presque 2 ans, exactement 18 mois, sans percevoir de salaires quand CIS Média traversait une crise. Lorsque les choses ont commencé à s’améliorer, on a simplement demandé de nous payer nos arriérés. Quand on a commencé le mouvement, on a commencé des négociations avec la direction de CIS Médias et SAMGBM qui est la maison mère de CIS Médias. Mais les négociations ont échoué. Alors, on a sollicité la médiation du syndicat de la presse, qui a conduit les premières négociations au siège de SAMGBM, en ville. Mais là également, les négociations ont capoté parce que nous, on exigeait 18 mois. A un moment donné, on a exigé 10 mois, mais la direction de CIS Médias a dit qu’elle ne peut payer que 5 mois. Donc, ces négociations-là ont échoué. Mais toujours, le SPPG nous a suggéré d’aller rencontrer l’inspection générale du travail, chose que nous avons faite puis on a commencé les négociations sous la supervision de l’inspection générale du travail. A ce niveau aussi, CIS est resté sur sa position. Avec beaucoup de supplications, l’inspection générale du travail nous a amenés justement à accepter cet accord de 5 mois. On l’a accepté et un protocole dans lequel le paiement de ces 5 mois était détaillé. Donc, ces 5 mois que nous avons accepté devraient être payés sur une période de 7 mois, à commencer au mois d’avril pour prendre fin au mois d’octobre. C’est CIS Médias qui a écrit le protocole. Donc tous les points contenus dans le protocole, y compris la façon dont les payements allaient être faits, ont été décidés par CIS Médias. C’est un protocole de séparation à l’amiable, c’est-à-dire dire que si on accepte ces 5 mois, CIS Média ne nous devrait plus rien et on ne travaille plus pour l’entreprise », a-t-il fait savoir.

Mais, poursuit Pierre Fatewa Diawara, la direction de CIS n’a pas honoré ses engagements. « Effectivement, ils ont commencé à payer au mois d’avril, et ça aussi avec beaucoup de retard alors qu’il est stipulé dans le protocole qu’ils doivent commencer à payer le 25 de chaque mois, mais on a commencé ce premier versement malgré le retard. Le deuxième versement qui est intervenu au mois de mai a connu aussi beaucoup de retard. Ils ont même payé ce mois avec des tranches, mais on a accepté ça aussi. Au mois de juin, ils nous ont payés une partie, ils ont dit qu’ils allaient payer l’autre partie la semaine qui allait suivre. Donc la semaine suivante, ils ont payé le reste de l’argent à un groupe de journalistes et l’autre groupe n’avait pas perçu le reste du mois de juin. Imaginez-vous, depuis le mois de juin, le mois de juillet est passé, ils n’ont pas versé d’argent, on est vers la fin du mois d’août et jusque-là, il n’y a eu aucun versement effectué. Quand on appelle la direction de CIS Médias qui est l’intermédiaire direct, la direction ne nous répond plus. Donc, il n’y a plus de communication, il n’y a rien. Donc, on a dit qu’on ne pouvait pas s’asseoir et continuer dans ce flou total. Les intermédiaires ne nous répondent plus. Donc, on a averti l’inspection générale du travail pour dire qu’à un moment donné, on est fatigué de ce silence-là parce que même l’inspection les appelait, ils donnaient des arguments comme quoi, d’attendre la semaine suivante, et cette semaine arrive, il n’y a rien. Donc, on a demandé à un moment donné de nous laisser reprendre les manifestations pour leur signifier notre ras-le-bol », a expliqué notre confrère.

Devant ce blocage, les employés de CIS annoncent une nouvelle manifestation et menacent d’aller en justice si rien n’est fait pour le respect du protocole d’accord. « S’il n’y a pas de manifestation de la part de la direction de CIS Média et de SAMGBM, le mardi prochain, on sera encore là pour manifester. Et s’ils ne se bougent pas, il n’est pas exclu qu’on aille jusqu’en justice parce que c’est notre argent, ils ont été d’accord, on a signé un protocole qu’eux-mêmes ont dicté. Donc, ils ont tenu des engagements qu’ils ne sont pas en train de respecter tout simplement », a martelé c.

Joint par téléphone sur le même sujet, le directeur de Cis Médias, Alpha Mady Touré est resté fermé à tout échange. « Je ne parlerai pas de ce sujet. Je suis le directeur de ce média, si moi je ne parle pas, aucun autre responsable n’en parlera… »

Fatoumata Bah pour Guineemation.com

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