Guinée : Mathias Sagno, président de l’ONG Sauvons des vies, engagé à lutter contre la migration irrégulière

Fassou Mathias Sagno, président de l'ONG Sauvons des vies

La migration clandestine constitue un phénomène préoccupant en Guinée avec plusieurs jeunes qui empruntent les périlleux chemins du Sahara, de la Méditerranée et du Nicaragua. Mais, ce chemin reste incertain d’autant plus que nombre de ces candidats à l’exil perdent la vie pendant la traversée, d’autres se retrouvent à la merci de passeurs sans scrupules. Pour sensibiliser sur les dangers de cette migration irrégulière, l’ONG Sauvons des vies ne lésine pas sur son énergie. Interrogé à ce sujet ce jeudi, 22 août 2024, à Conakry, Fassou Mathias Sagno, président de ladite ONG, a réaffirmé son engagement à œuvrer pour contrer cette pratique qui a endeuillé de nombreuses familles en Guinée.

Plusieurs milliers jeunes choisissent de fuir la pauvreté, l’instabilité et la répression qui sévissent dans le pays. Fassou Mathias Sagno, président de l’ONG Sauvons des vies, déclare qu’une vingtaine de jeunes de son quartier ont péri dans la migration clandestine. Pour dissuader les autres, lui et plusieurs jeunes vont mener des campagnes de sensibilisation sur le terrain.

« Nos quartiers, nos communautés, sont fortement impactées par l’immigration clandestine. Nos amis sont emprisonnés, ils sont portés disparus et réduits en esclave partout, en Algérie, en Tunisie, au Maroc. Rien que dans la zone de Gbessia, nous avons une vingtaine de morts, particulièrement des gens très proches de moi. Ce sont des gens parfois, quand ils vous contactent, ils sont en prison, ils sont soumis à des travaux forcés, et quand vous voulez leur apporter votre soutien, lorsque vous finissez de collecter l’argent pour leur venir en aide, ils sont déjà portés disparus. On a vu ça. Donc, nous n’allons pas seulement déclencher la campagne de sensibilisation à Gbessia, on va aller au-delà, sur toute l’étendue du territoire national. Du coup, nous avons jugé nécessaire de mettre en place ce projet afin de leur venir en aide. Nous allons entamer plusieurs étapes, on va rencontrer les départements ministériels pour qu’ils aient une idée large sur des activités de la couche juvénile. En même temps, nous allons nous entretenir avec les ambassades, vu les difficultés sur l’obtention des visas. Pour finir, nous allons rencontrer les agences de voyages pour voir comment elles vont adoucir les procédures pour les jeunes. On va aussi aller vers les influenceurs. La seconde étape, on va partir vers nos amis, leur parler, parce qu’aucune institution nationale ou internationale ne peut aller dans les coins reculés de Conakry pour leur parler. Mais nous, on peut aller à leur rencontre, sans qu’il y ait des difficultés », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, Fassou Mathias Sagno invite les institutions, le gouvernement et les ambassades à coopérer avec la jeunesse. Il demande surtout aux agences de voyages de sortir de l’illégalité. « Pour le moment, on n’a pas contacté l’OIM parce qu’il y a un certain nombre de jeunes qui se font passer pour des organisations humanitaires, des ONG, qui escroquent parfois les organisations internationales. Donc, nous voulons d’abord poser des actions sur le terrain et pousser ces institutions à venir vers nous. Si elles viennent vers nous, on a un programme sur lequel travailler. Tout va dépendre de la coopération avec les institutions internationales et les autorités, mais si nous sommes accompagnés en quelque sorte, nous pourrons faire un bon résultat. Tout d’abord, je demande aux personnes ressources de rejoindre ce mouvement, surtout les départements ministériels et les institutions. Chacun a sa raison de voyager. Moi, si je vais voyager, c’est dans un cadre bien défini, soit pour les études ou autres, avec un visa. Sauf que les différentes difficultés d’obtention de visa donnent de l’ampleur à ce flux migratoire. Donc, c’est pourquoi nous demandons aux ambassades de coopérer. Nous reprochons à l’Union européenne et à toutes ces puissances d’un échec apparent. Elles sont en train de mener une politique migratoire qui n’aboutit pas. Je vais dire aux agences de voyage de normaliser la procédure. Quand vous voulez faire voyager quelqu’un, il faut que ça soit dans les normes requises. Parce que vouloir aider quelqu’un dans un projet de voyage qui n’est pas l’égal, c’est de mettre la personne en danger », a-t-il laissé entendre.

Ismael Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 624693333

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