La journée d’hier jeudi 22 août 2024 a été particulièrement mouvementée à Kouria, une des communes rurales de Coyah. Traversée par la route nationale N°1, Kouria a été le centre d’affrontement entre forces de l’ordre et populations du secteur de Wouroundou en colère.
De 14 h à 16 h, la circulation a été interrompue, au moins une voiture vandalisée, des personnes interpellées et d’autres blessées avant le retour au calme à la tombée de la nuit.
Informé de la situation, un journaliste de Guineematin.com a contacté des témoins et des victimes.
Elhadj Mamoudou Diallo, marié, père d’un enfant et âgé de 35 ans, secrétaire général de la commission des victimes de Wouroundou explique que tout cela est l’œuvre d’un certain Maroufou Bamba qui réclame l’héritage de sa maman.
« Maroufou Bamba est le neveu de Daouda Yattara, l’ancien Président du district de Kouria centre dont relève Wouroundou. Dans ce secteur en question, au moins 500 chefs de familles y habitent actuellement. Ce Maroufou Bamba soutient que son père travaillait dans la plantation coloniale des blancs et est marié dans la famille de Yattara. Cette plantation occupait un bas-fond de 42 ha. Il se trouve que c’est son oncle qui a vendu tous les terrains de Wouroundou. Mais Maroufou exige à ce que les gens soient déguerpis et il continue de revendiquer la propriété des lieux comme si c’était pour lui. La justice lui a restitué un bas-fond situé entre Dabon et Wouroundou, vaste de 42 ha. Mais il tient coûte que coûte à nous faire quitter les lieux. Et pourtant nous, nous avons payé avec son oncle maternel. Les lieux c’est pour la famille Yattara et non pour le père de Bamba. Figurez-vous que Marouf revendique 50 ha alors que nous, nous occupons plus de 200 ha. C’est un paradoxe. Mais il est aidé par un certain Pélé qui travaille au compte du ministère de l’habitat. L’année dernière, Marouf Bamba est venu avec des gendarmes et il y a eu un mort. Un enfant de 7 ans. Cette affaire est pendante à la justice de Coyah. Le procureur Lazare le sait. Quand ils sont venus, nous avons appelé le Sous-préfet Jos Doré, le président de la Délégation spéciale, Kerfalla Soumah et le président du District, Mamadouba Yattara, mais personne n’avait décroché. C’est pourquoi les gens se sont mobilisés et empêchent la machine de continuer sa destruction. Les gendarmes ont ouvert le feu. Du gaz lacrymogène a été tiré et même des balles réelles puisqu’un enfant a été blessé par balle », a expliqué Elhadj Mamdou Diallo.
Parmi les personnes arrêtées et jetées en prison figurait Mohamed Kéïta, le Chef de secteur de Wouroundou. Interrogé par un journaliste de Guineematin.com le jeudi 22 août 2024, il a dénoncé la brutalité et l’arbitraire avec lesquels les agents ont débarqué dans son secteur.
« C’est vers 6 h ce jeudi, qu’on m’a appelé pour m’informer de l’arrivée dans mon secteur de 5 pick-up de gendarmes armés jusqu’aux dents et une machine (bulldozer) pour déguerpir les gens. Immédiatement, j’ai appelé le sous-préfet, Jos Doré qui a demandé de bien vérifier s’ils sont dans mon secteur, puisque lui, personne ne l’a informé. Et même le préfet n’était pas informé. Je viens saluer les gendarmes et je demande à voir le chef de mission. Personne ne me répond. Finalement j’ai demandé d’arrêter la destruction au nom de la loi. Après les gendarmes appellent le procureur de Coyah, Monsieur Lazare. Celui-ci me dit qu’ils sont venus de la part Marouf Bamba aidé par Mamadou Saliou Sylla dit Pélé. Ce dernier travaille à l’urbanisme et qu’il ne peut rien. J’ai dit mais monsieur le Procureur, vous savez bien que nous avons porté plainte contre le nommé Marouf depuis 2023 pour assassinat du jeune Ibrahima Kalil Baldé et nous attendons toujours le jugement. Après le procureur ordonne qu’on m’embarque. Ils m’ont embarqué, avec Aboubacar Bérété, Saïdou Gomba Diallo et Abdourahmane Diallo. Arrivés à Coyah, le procureur a ordonné notre audition. Après cela, nous avons été mis en prison. C’est ce qui a énervé la population. Ils ont bloqué la circulation et exigé notre libération. Finalement c’est le Préfet qui est parti nous chercher et a demandé au Président de la délégation spéciale de venir chercher pour que le calme revienne. C’est ce qu’il s’est passé ce jeudi à Kouria », a fait savoir le Chef secteur de Wouroundou.
Pendant les affrontements, un jeune de 14 ans et un autre de 19 ont été blessés, dont un par balle.
Aux dernières nouvelles, les populations de Wouroundou qui disposent tous de documents légaux ont même consulté des avocats. Ils dénoncent et déplorent le comportement du tribunal de Coyah qui tarde à trancher sur l’assassinat d’Ibrahima Kalil Baldé. Constitués en collectif, ils attendent défendre leurs biens au prix de leur vie, s’il le faut. Profondément touché par la perte de son fils unique, Mamadou Saliou Baldé est également décédé. Selon les différents témoignages, la justice a restitué à Maroufou Bamba le Bas-fond situé au secteur de Dabon. Mais il ne veut pas se contenter du seul bas-fond et vise également le secteur de Wouroudou.
Abdallah BALDE pour Guineematin.com
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