La route nationale Mamou-Labé, longue de 148 kilomètres, est devenue un véritable casse-tête pour les usagers. Ce tronçon, essentiel pour relier ces deux grandes villes de la Moyenne Guinée à d’autres villes, est aujourd’hui, en mauvais état, suscite de la frustration. C’est un véritable parcours du combattant que d’emprunter cette route, où il faut passer jusqu’à cinq heures pour relier les deux villes. Des citoyens, qui se sentent délaissés par l’État, sont contraints de prendre les choses en main pour assurer une circulation minimale, rapporte un des correspondants de Guineematin.com basé dans la région.
A l’image de la route Kagbelen-Dubréka-Boffa-Boké, la route nationale Mamou-Labé est en piteux état. Pour les usagers réguliers de cette route, le quotidien est fait de flaques d’eau stagnante, de nids-de-poule gigantesques, surnommés « nids d’éléphants », et de parties boueuses qui transforment chaque trajet en une épreuve de patience et d’endurance.
Les véhicules subissent des dommages importants, les accidents se multiplient, et la frustration des conducteurs ne cesse de croître. Pourtant, malgré l’ampleur de la situation, les autorités semblent rester sourdes aux appels à l’aide.
L’initiative citoyenne est le dernier recours des usagers. Certains citoyens ont décidé de prendre les choses en main. À des points critiques de la route, on peut observer des jeunes, pelles et pioches en main, s’efforçant de boucher les trous béants qui menacent la sécurité des voyageurs. Ces initiatives, bien que limitées par les moyens rudimentaires dont ils disposent, témoignent d’une détermination à ne pas laisser la situation empirer. Un jeune, engagé dans ces travaux, raconte : « nous avons pris l’initiative de boucher ces trous pour faciliter la circulation. Nous voyons souvent des véhicules heurter ces endroits, causant des accidents graves. La semaine dernière, un véhicule s’est endommagé après avoir percuté un trou, laissant une famille bloquée pendant des heures. Ces incidents sont fréquents ici. C’est ce qui nous motive à faire ces actions », explique Amadou Bailo Diallo.
Pour de nombreux habitants, la dégradation de la route Labé-Mamou est le reflet d’une négligence générale des autorités envers les villes de l’intérieur du pays. Un autre citoyen, manifestement excédé, déplore : « si nous en sommes réduits à réparer nous-mêmes la route, c’est parce que les autorités se moquent de notre sort. Nous souffrons énormément. Les promesses de bitumer cette route n’étaient que des paroles en l’air. La couche de bitume appliquée n’était qu’un simple colmatage des trous, et même cette opération est aujourd’hui arrêtée. Nous ne pouvons plus attendre que l’État répare cette route », martèle-t-il.
Pourtant, un certain espoir avait été enregistré par l’annonce du Premier ministre Bah Oury promettant une réhabilitation complète de cette route afin de faciliter le trafic. Mais à peine commencés, les travaux ont été suspendus pour des raisons qui restent à ce jour inconnues. Cette interruption des travaux laisse les citoyens dans une situation de désarroi et d’incertitude quant à l’avenir de cette voie cruciale pour l’économie locale. En attendant, les citoyens, abandonnés à leur sort, n’ont d’autre choix que de prendre en main leur propre sécurité, avec les moyens du bord.
Depuis Labé, Alpha Boubacar Diallo pour Guineematin.com