C’est avec des mots chargés de déception que le président de l’Union des forces démocratiques (UFDG) a dépeint hier, dimanche 25 août 2024, les dérives et la “trahison” de la junte militaire du CNRD envers le peuple de Guinée. Devant ses militants et sympathisants fortement mobilisés à New York pour écouter leur “leader bien aimé”, Cellou Dalein Diallo a dénoncé les nombreuses et intolérables violations des droits de l’homme commises en Guinée depuis le 5 septembre 2021 par cette junte dirigée par le Général Mamadi Doumbouya. Il s’est particulièrement inquiété de la situation de Oumar Sylla alias “Foniké Menguè” et Mamadou Billo Bah (deux leaders du FNDC) portés disparus depuis leur arrestation le 9 juillet dernier par un groupe composé de gendarmes et de militaires membres des forces spéciales.
“Aujourd’hui l’égalité des droits et de chance est bafouée, les engagements pris et les serments prêtés sont trahis par la junte [militaire du CNRD]. Vous le savez, nous avions applaudi l’arrivée de la junte qu’on leur a cru sur parole. Ils ont dit qu’ils sont venus pour mettre fin à l’instrumentalisation de la justice, au piétinement des droits et libertés des citoyens… Ils ont promis d’organiser des élections libres et transparentes et de remettre très rapidement le pouvoir à celui que le peuple a choisi. Nous avons applaudi. Et personnellement, votre président, partout où sa voix porte, est allé défendre cette junte pour demander qu’elle soit accompagnée… Aujourd’hui nous sommes devant quelle situation ? Foniké Menguè et Billo Bah, on ne sait pas où ils sont. Tout ce qu’on sait, c’est que la gendarmerie et les forces spéciales sont venues les arrêter à 22 heures. Mais le gouvernement dit qu’il n’est pas au courant, la justice dit qu’elle n’est pas au courant… Aujourd’hui ils (Foniké Menguè et Billo Bah) sont portés disparus, personne ne sait s’ils sont en vie ou pas”, a dénoncé Cellou Dalein Diallo.
En plus du kidnapping de Foniké Menguè et Billo Bah, le président de l’UFDG a déploré la mort de “55 jeunes froidement abattus” et qui n’ont eu droit à aucune justice. Il a aussi dénoncé la persécution des journalistes et la fermeture de certains médias par la junte militaire du CNRD. Une fermeture qui a mis plus de 1000 personnes au chômage. Cellou Dalein Diallo a également évoqué le cas du Général Sadiba Coulibaly (ex chef d’état-major général des armées) décédé en détention dans des conditions extrêmement douteuses.
“On va juger Mamadi Doumbouya sur la base de ses engagements. Il a promis d’organiser des élections transparentes, dans un délai raisonnable, et que ni lui, ni les membres du CNRD, ni les membres du CNT, ni les membres du gouvernement ne seront candidats. Mais en plus, ils (le CNRD) l’ont inscrit dans la charte de la Transition. Ils ont dit qu’aucune situation ne pourrait désormais justifier la violation des droits de l’homme. Malheureusement, 55 jeunes ont été abattus et ils n’ont pas eu droit à la justice. Des enfants de 12 ans, 14 ans, 20 ans ont été abattus froidement. Le gouvernement ne s’est pas ému, aucune enquête n’a été ouverte pour identifier les auteurs et les déférer devant les tribunaux. On arrête des jeunes activistes de la société civile, Foniké et Billo, après on dit qu’on ne sait pas qui les a arrêtés. Mais tout le monde a vu les pick-up [de la gendarmerie et des forces spéciales] … Le Général Sadiba Coulibaly est arrêté, jugé et condamné. Mais on ne l’envoie là où on envoie les prisonniers (à la maison centrale de Coronthie). Personne ne sait où il était, et on retrouve un cadavre… Aujourd’hui les libertés publiques sont sacrifiées, malmenées, des journalistes sont persécutés, des radios de grande audience sont fermées, mettant au chômage plus de 1000 personnes, simplement parce que ces radios étaient jugées critiques vis-à-vis du gouvernement”, a-t-il martelé.
Par ailleurs, le leader de l’UFDG a dénoncé l’avant-projet de la nouvelle constitution présenté par le Conseil national de la transition (CNT). Il a aussi mis en exergue la mauvaise foi de la junte du CNRD dans l’organisation des prochaines élections dans le pays.
“Tout ce qu’ils (le CNRD) ont promis, ils n’ont rien respecté. Et le comble, ils nous présentent un avant-projet de constitution où on refuse d’intégrer les dispositions interdisant la candidature des membres du CNRD, du CNT et du gouvernement… Aujourd’hui on dit que c’est le ministère de l’administration du territoire et les préfets qui organisent les élections. Ils ont pris le contrôle des collectivités, parce qu’ils ont mis des délégations spéciales ; ils ont décidé que les conseils des quartiers et des districts vont être nommés par les gouverneurs. Si le patron de la junte (Général Mamadi Doumbouya) est candidat en violation de son serment, de la charte et de tous les engagements qu’il a pris publiquement, est-ce qu’il y aura élection ? Non, c’est pour sacrifier la démocratie… C’est une trahison”, a déclaré Cellou Dalein Diallo.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
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