Dans de nombreuses localités de la Guinée, la saison des pluies est synonyme de recrudescence de certaines maladies, comme le paludisme. La préfecture de Kankan n’échappe pas à cette réalité où les tout-petits sont les plus exposés. Pour comprendre les raisons de cette situation préoccupante, un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture a donné la parole au Docteur Maurice Tinkiano, chef du service de pédiatrie à l’hôpital préfectoral de Kankan.
Au service de pédiatrie de l’hôpital régional de Kankan, les salles d’hospitalisation et de consultation sont constamment remplies. Les parents, inquiets pour la santé de leurs enfants, affluent vers l’hôpital, espérant des soins et des réponses à leurs préoccupations.
Sur les raisons de cet afflux vers son service, Dr Maurice Tinkiano, chef service de la pédiatrie de l’hôpital régional de Kankan, explique.
« Depuis plusieurs années, à partir du mois de juin jusqu’aux mois de septembre et octobre, les enfants sont très souvent malades. Mais comme vous le savez, le paludisme occupe la première place. Dès que les pluies tombent, les œufs des moustiques qui étaient réchauffés pendant la saison sèche éclosent. Donc, les nouveaux moustiques apparaissent. C’est pourquoi pendant ces périodes, le nombre de moustiques augmente dans les maisons et le paludisme sévit. Et comme nous le savons, la vulnérabilité est beaucoup plus élevée chez les enfants à cause de leur faible résistance. Donc, si nous voyons nos statistiques, plus de la moitié des enfants qui rentrent ici sont atteints de paludisme. Ensuite, viens le problème des infections respiratoires, le rhume et la bronchite. Ce sont les deux principales pathologies qui sont fréquentes. A ces deux, s’ajoute la malnutrition. Pendant la saison des pluies, il n’y pas beaucoup à manger dans les villages, les gens sont au champ, et les enfants sont abandonnés à eux-mêmes. Les personnes adultes peuvent supporter la faim, mais pas les enfants. Nous avons ouvert un nouveau service récemment où nous recevons plusieurs enfants souffrant de la malnutrition. Le tout dernier problème et le plus dangereux d’ailleurs, c’est l’anémie. Nous recevons beaucoup d’enfants souffrants de l’anémie », a-t-il fait savoir.
Les chiffres des dernières statistiques révèlent une tendance inquiétante, avec un pourcentage élevé d’enfants présentant des symptômes de paludisme, allant de la fièvre à des complications plus graves nécessitant une hospitalisation, affirme Dr Maurice Tinkiano. « Le semestre passé, nous avons reçu plus de cinq mille enfants. Et parmi ce nombre, il y a eu mille cinq cent cas hospitalisés avec un taux de mortalité de 5%. C’est à dire sur 100 malades que nous recevons, 5 ou 4 peuvent rendre l’âme. C’est le paludisme qui occupe par la première place, mais comme l’Etat a rendu gratuit le traitement, nous parvenons à gérer les cas sans complications », précisé Dr Maurice Tinkiano.
En outre, le chef du service pédiatrie de l’hôpital régional de Kankan lance un message à l’endroit des populations. « Le conseil, c’est de dire aux parents de suivre les enfants, et ne pas minimiser leur plainte. Éviter l’auto médication, avoir confiance aux structures de santé appropriées et aux professionnels de santé qui ont pour mission de soigner les citoyens. La médecine traditionnelle, je ne suis pas contre, mais il faut d’abord essayer la médecine moderne », a-t-il conseillé.
De Kankan, Souleymane Kato CAMARA pour Guineematin.com