C’est une affaire d’achat de motos tricycles entre Conakry et Siguiri qui a tourné court entre deux partenaires. Pour mieux rentabiliser son business, Makan Kiabou envoie l’argent à Mohamed Lamine Camara qui fait les achats avec les importateurs pour lui embarquer les tricycles. Au fil des mois, la confiance s’est installée et l’homme de Siguiri se permettait d’envoyer l’argent même quand il s’avait que la marchandise n’était pas disponible dans les magasins. L’idée étant de bien se préparer pour que son homme de confiance à Conakry procède à l’achat dès le déchargement du centenaire par les fournisseurs. Mais, récemment, au lieu de lui envoyer les références du chauffeur qui transporte sa marchandise, Mohamed Lamine annonce que les 340 millions de francs ont été volés du coffre-fort d’un certain Abass Koïta…
Poursuivis pour abus de confiance et complicité dans une affaire de 340 millions de francs guinéens, Mohamed Lamine Camara et Abass Keïta ont comparu hier, mardi 27 août 2024, au tribunal correctionnel de Dixinn. Appelés à la barre pour donner leur version des faits, Abass Koïta a nié les faits de complicité mis à sa charge pendant que Mohamed Lamine Camara s’est justifié, affirmant n’avoir pas détourné la somme en question, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Mohamed Lamine Camara et Abass Keïta sont jugés pour avoir détourné une somme qui s’élève à 340 millions francs guinéens. Selon les explications données à la barre, Makan Kiabou, partie civile dans cette affaire, envoyait de l’argent à Mohamed Lamine Camara avec qui il faisait affaire, pour qu’il lui achète de la marchandise, précisément des tricycles, qu’il faisait livrer à Siguiri. C’est dans cette affaire qu’il y aurait eu abus de confiance.
Détenu depuis le 19 août 2024, Mohamed Lamine Camara, né le 15 mars 1995, cambiste de profession, célibataire sans enfants, domicilié au quartier Yimbaya, a donné sa version des faits. « J’ai commencé à travailler avec Makan Kiabou il y a quelques mois par le biais de mon oncle. Quand il avait besoin d’acheter de la marchandise, il m’appelait et envoyait l’argent. Et moi, j’achetais la marchandise pour lui, précisément des motos tricycles. Concernant ce cas, il m’avait envoyé les 340 millions en deux tranches, mais en ce moment, ce genre de motos manquait. Alors, j’ai placé l’argent dans le coffre-fort d’Abass Keïta. Mais un matin, on est venu trouver que le coffre-fort a été cassé et l’argent n’était plus là. C’est mon ami Abass qui est arrivé en premier sur les lieux. Quand on a constaté que l’argent avait été volé, je me suis mis immédiatement à pleurer. Entretemps, mon ami est allé porter plainte à la DPJ qui a dépêché une équipe sur les lieux. Et c’est le même jour que j’ai informé le propriétaire que son argent a été volé. Il était à l’intérieur du pays. Mais le lendemain, il est venu à Conakry. Pendant que j’étais dans la procédure de la plainte que j’ai portée à la DPJ, j’ai été interpellé par les gendarmes parce qu’effectivement, Makan avait porté plainte contre moi… Là où nous travaillons, je n’ai pas de coffre-fort. Si on m’envoie de l’argent, je le confie à Abass parce que je lui fais confiance. Et le propriétaire de l’argent le sait, parce qu’un jour, quand il a envoyé l’argent, c’est devant lui qu’on l’a mis dans le coffre-fort de Abass. Dans le coffre-fort, il y avait les 340 millions GNF, plus 5 millions et quelques billets de dollars qui appartenaient à Abass », a déclaré le prévenu Mohamed Lamine Camara.
Lors des débats, le parquet a cherché à savoir pourquoi il n’a pas placé l’argent à la banque au lieu de le mettre dans un coffre-fort. « Parce que, quand on met de l’argent dans une banque, si tu vas pour retirer la somme, il y a toujours un manque et là tu auras forcément des problèmes avec la personne pour qui tu travailles », a répondu le prévenu.
Poursuivant, le ministère public a accusé le prévenu d’avoir fait preuve d’imprudence totale concernant la sécurité de l’argent qui lui a été confié.
Accusé de complicité dans cette affaire, Abass Keïta a également nié les faits qui lui sont reprochés. « C’est la première fois qu’une somme d’argent est volée dans mon coffre-fort et j’ai l’habitude de garder des sommes plus conséquentes que celle dont on parle. Dès fois même, je peux garder des sommes en dollars, 10 mille, 20 mille, jusqu’à 50 mille dollars. Parfois même, cela peut être des sommes en milliards de francs guinéens. Aussi, je le faisais de bonne foi parce que personne ne me payait pour ça. En tant que cambiste j’essayais juste d’aider mes collègues parce que ce n’est pas tout le monde qui possède un coffre-fort dans ce milieu », s’est défendu Abass Keïta.
Appelé pour donner sa version des faits, Makan Kiabou, la partie civile, a dit ne pas savoir que Mohamed Lamine Camara n’avait pas son propre coffre-fort. Il s’agit d’un commerçant, né en 1990 à Siguiri. « Je travaille avec Mohamed Lamine depuis maintenant 3 mois. Je lui envoie de l’argent et il effectue des achats pour moi, mais d’habitude quand je lui envoie de l’argent, ça ne prend pas assez de temps, cela prenait juste une à deux semaines. L’achat a pris du temps cette fois-ci, parce que quand j’ai envoyé l’argent, il n’y avait pas de motos tricycles en ce moment. Effectivement que je savais que l’argent était placé dans un coffre-fort, mais je ne savais pas que le coffre-fort ne lui appartenait pas. Il m’a dit que c’était son coffre-fort. Le jour du vol, c’est à 19 heures qu’il m’a informé que l’argent a été volé, parce que ce jour-là, je l’avais appelé deux fois pendant la journée et il n’avait pas décroché. Maintenant, il m’a appelé à 19 heures pour m’informer. J’ai dit d’accord, mais est-ce que tu as des preuves qu’effectivement il y a eu vol, il m’a dit oui, qu’il avait des preuves. Je lui ai aussi demandé, il y avait de combien de personnes dans le coffre-fort, il m’a dit que c’était pour 3 personnes : Malé Camara, Abass Kéita et moi. Alors, j’ai appelé Malé pour qu’on entame une procédure judiciaire ensemble, c’est alors que ce dernier m’a informé que lui il n’a pas son argent là-bas et d’ailleurs qu’il n’y a aucune affaire d’argent entre lui et Mohamed Lamine. Aussi, dans le filmage qu’ils m’ont envoyé, je n’avais rien vu de concret qui prouvait qu’il y avait eu vol. Pas de serrures cassées, absolument rien. C’est après ça que je suis venu à Conakry et j’ai porté plainte », a expliqué la partie civile.
Prenant la parole, le Conseil de Abass Keïta va demander à ce que son client bénéficie d’une remise en liberté compte tenu de son état de santé, car il est atteint de rhumatismes. Une demande à laquelle le ministère public va s’opposer, car selon le procureur, Abass Keïta est un prévenu dans un dossier complexe.
Finalement, le tribunal a rejeté la demande de remise en liberté formulée par l’avocat du prévenu Abass Keïta avant de renvoyer le dossier à la date du 29 août 2024 pour la comparution des témoins.
Mariama Barry pour Guineematin.com