Mohamed Sayon Camara et 8 autres prévenus ont été jugés lundi au tribunal de première instance de Mafanco pour détention, vente et consommation de chanvre indien. Dans ce groupe, il n’y a que le nommé Alya Bangoura qui a été déclaré coupable par le tribunal. Pour la répression, il a écopé d’une peine d’un mois d’emprisonnement. Les 8 autres ont été tous déclarés non coupable et renvoyés des fins de la poursuite pour délit non constitué à leur égard, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Ces jeunes gens ont été interpellés dans divers quartiers de la commune de Matam notamment au secteur Gabon et à Boussoura. Ils sont en détention préventive depuis le 16 août 2024, poursuivis par le parquet de Mafanco pour des faits de détention, vente et consommation de chanvre indien.
A la barre, ils plaident tous non coupable des faits mis à leur charge.
Mohamed Sayon Camara : « je suis sorti pour chercher à manger à 14 heures au carrefour Gabon, à Matam. J’étais parti acheter du haricot chez une dame. C’est en ce moment que les pick-up sont venus prendre les gens. Moi, je mangeais du haricot au moment où ils sont venus. Ils n’ont rien trouvé sur moi. C’est quand nous sommes arrivés au commissariat central de police que les agents ont fait sortir de la drogue, en disant qu’ils ont pris ça à Boussoura. Moi, je fume la cigarette, mais pas la drogue ».
Même argument de défense pour Ibrahima Sory Camara : « j’étais malade, couché chez ma tante au quartier Gabon. J’étais venu auprès de ma tante pour me faire soigner. J’étais couché. C’est là-bas qu’ils sont venus m’interpeller. J’ai entendu le bruit dehors. Je suis sorti voir. Ils m’ont directement arrêté, je ne portais même pas de chaussures. Je n’avais rien sur moi. Je ne fume pas de chanvre indien, je ne fume pas de Kusch ».
Pour Ibrahima Diallo, chauffeur de profession, il partait à Madina quand il s’est croisé avec les agents. « Je partais à Madina. Arrivé au carrefour Kénien, les agents m’ont mis aux arrêts. Ils m’ont envoyé au commissariat central où on m’a gardé pendant deux jours avant de me déférer à la maison centrale. Je ne fume pas, je ne revends pas de la drogue », a-t-il lancé.
Abdoulaye Diallo dit que depuis sa naissance, il n’a jamais fumé de la drogue. « J’ai quitté Labé pour Conakry. Quand je suis venu à Conakry, j’ai trouvé que mon frère est allé à Boké pour travailler. J’ai décidé d’aller à Madina pour transporter les bagages. Je suis allé jusqu’au niveau de Topaz. Une dame a acheté une douzaine de seaux en plastiques. Elle m’a demandé de transporter le colis. Quand j’ai transporté, elle m’a payé 20 mille francs guinéens. Je suis allé dans un bar à côté. J’ai acheté un plat de riz à 10 mille francs guinéens. Après, j’ai payé une bouteille de Guiluxe (bière). Pendant que je buvais, les agents sont venus me mettre aux arrêts. Un agent a versé de l’alcool sur ma tête. Après, ils m’ont conduit au commissariat. Mais, je n’ai jamais fumé de la drogue depuis ma naissance ».
A son tour, Kerfalla Diané, diplômé en Anglais, plaide non coupable. « Moi, c’est quelqu’un qui a pris le téléphone de ma femme. Nous sommes sortis pour chercher celui qui a pris son téléphone. Arrivé au lycée 1er Mars de Matam, nous avons trouvé les agents. Ils nous ont mis aux arrêts et conduit au commissariat central de Bonfi. Ils n’ont rien pris sur moi. Je ne fume pas », a-t-il déclaré.
De son côté, Obail Bangoura dit ne rien savoir dans cette affaire. « Je ramassais des ordures à Matam, au quartier Gabon. Tous les jours, je ramasse des ordures. J’ai rencontré un gendarme. Ce dernier m’a dit : attention, il y a ratissage. Entretemps, les agents sont venus m’interpeller. Je ne connais rien dans cette affaire ».
Pour sa part, Younoussa Cissé dit avoir été interpellé pendant qu’il était couché. « Moi, c’est chez moi qu’ils sont venus m’interpeller. Les policiers sont venus jusqu’à chez moi, j’étais couché et je dormais. C’est quand j’ai entendu le bruit que je suis sorti pour voir. Les agents m’ont directement mis aux arrêts ».
Alya Bangoura, se disant artiste, clame son innocence. « Moi, je partais faire la répétition. En route, je me suis croisé avec les agents dans leur véhicule. Ils m’ont arrêté, alors que je ne détenais rien », soutient-il.
Même argument pour le prévenu Bangaly Sidibé. « Je peux dire que j’ai été arrêté par le destin. J’ai accompagné mon ami. A mon retour, j’ai trouvé les agents en train d’arrêter les gens. J’ai eu peur. J’ai tenté de fuir, mais ils m’ont arrêté », a-t-il dit.
Prenant la parole pour ses réquisitions, le procureur estime que les prévenus se sont inscrits dans une logique de dénégation totale des faits. Il dit être convaincu que ces prévenus sont des consommateurs de chanvre indien. Il va demander au tribunal de les retenir dans les liens de la prévention, et de les condamner chacun à 5 mois d’emprisonnement. « Ils ont été arrêtés dans des endroits différents. Les uns dans le quartier Boussoura, d’autres au quartier Gabon. Ils ont été arrêtés en possession de la drogue. Mais, ils se sont inscrits dans une logique de négation totale. Cette entreprise de dénégation que vous avez montée à la maison centrale ne va pas prospérer devant ce tribunal. Vous avez très bien monté cette entreprise. Mais arrivé ici, tout va être mis dans l’eau. Votre démarche est déjà vouée à l’échec. Là où ils ont été arrêtés, on y vend de la drogue. Les faits pour lesquels ils sont poursuivis leur sont imputables. Au regard de tous ces éléments, le Ministère public requiert de les retenir dans les liens de la prévention en les condamnant à 5 mois d’emprisonnement. Nous estimons que le tribunal va nous suivre », a requis le procureur.
En rendant sa décision sur siège, le tribunal a déclaré Alya Bangoura coupable de faits mis à sa charge. Il a été condamné à un mois d’emprisonnement. Par contre, les 8 autres prévenus ont été renvoyés des fins de la poursuite pour délit non constitué à leur égard.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
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