Vacances scolaires à N’Zérékoré : les enseignants des écoles privées tirent le diable par la queue

Kékoura Kourouma, professeur chargé des cours physique

C’est une période de vache maigre pour les enseignants des écoles privées de la préfecture de N’Zérékoré. Pendant ces vacances scolaires, ces professionnels de l’éducation ne reçoivent aucun kopeck de leurs différentes écoles en termes de salaire ou de mesure d’accompagnement. Ils sont livrés à eux-mêmes sans quasiment aucun moyen de subsistance, alors que la plupart ont de la famille à nourrir et d’innombrables besoins à satisfaire.

Au micro de Guineematin.com ce mardi, 20 août 2024, ces enseignants ont déploré la situation de précarité qu’ils traversent. Ils avouent que “les temps sont durs”. Et certains d’entre eux accusent même les fondateurs des écoles privées de faire fortune sur leur dos. C’est le cas de Olivier Kolié, professeur de philosophie dans des écoles privées et enseignant contractuel au lycée Felix Roland Momie de N’zérékoré.

Olivier Kolié, professeur de philosophie

« Pendant la période des vacances, ce que j’ai personnellement remarqué, c’est que nous qui dispensons les cours dans les écoles privées, nous traversons des difficultés. Parce que c’est un moment pendant lequel on ne gagne rien et le constat révèle que les écoles privées ne paient que huit (08) mois en général, et le neuvième mois, déjà nous nous trouvons dans de sérieux problèmes. Or, en général, les 90 % de ces contractuels sont des pères de famille. D’après Aristote, il est dit que l’homme est un animal politique qui se réalise dans la société. Voilà pourquoi pendant les vacances, vu les difficultés, on réfléchit pour mettre en place une réalité nous permettant d’inspirer non seulement la nouvelle génération, mais de tirer profit dans le but de subvenir à nos besoins. C’est clair, il n’y a pas une école privée ici qui paie ses enseignants pendant les vacances. Ils ne peuvent penser que c’est à travers ces enseignants qu’ils trouvent de l’argent, en parlant bien sûr des fondeurs. Ils ne veulent pas comprendre que ce sont ces enseignants qui leur donnent ces millions-là. Pendant les vacances, la vie de ces enseignants ne les préoccupe pas, mais leur objectif c’est comment enrichir leur caisse. Ici, le message que je peux lancer à ces fondateurs d’école privée, c’est de changer leur manière de faire. Parce que là, si nous faisons quelques regards dans le matérialisme historique de Karl Marx, il dit que si le travailleur est bien géré, il va bien penser. Alors, c’est pourquoi je voulais dire à ces fondateurs des écoles privées qu’ils changent leur façon de faire. Sinon, au moment où beaucoup de projets vont s’installer en Guinée forestière, je pense bien que beaucoup d’écoles privées vont chuter. Même si c’est vous, là où on dépose 10.000 FG et 100.000 FG, je pense que vous préfériez les 100.000FG. Voici un peu le message que j’ai à lancer. Normalement, ces fondateurs devraient prendre ces enseignants en charge durant toute l’année scolaire, c’est-à-dire les neuf (9) mois d’activités, plus les trois (3) mois de vacances. Mais nous voyons que cela n’est pas fait », a déploré le jeune enseignant.

Abondant dans le même sens, Cécé Florent Lamah, professeur chargé des cours d’économie politique, dénonce le manque d’union entre les enseignants des écoles privées.

Cécé Florent Lamah, professeur chargé des cours d’économie politique

« C’est un véritable calvaire pour les enseignants des écoles privées. C’est pourquoi certains enseignants s’intéressent beaucoup aux cours de vacances. Les fondateurs devraient se voir entre eux, parce que c’est bien sûr une entreprise qu’ils gèrent, et nous savons que les élèves paient l’intégralité de leur scolarité. Si les fondateurs acceptaient au moins prendre en charge deux (2) sur les trois (3) mois de vacances pour s’occuper des enseignants, je crois que cela allait beaucoup aider ces professeurs qui ne sont pas fonctionnaires et qui évoluent dans les écoles privées. Du côté de ces enseignants, il était bon aussi de mettre en place une coordination des enseignants des écoles privées en collaboration avec les fondateurs d’écoles privées. Par cette structure, ces enseignants pourraient bénéficier des aides, même pendant les vacances. Fort malheureusement, je constate un manque d’union entre ces enseignants des écoles. En dépit de cela, c’est de demander ou faire une plaidoirie aux fondateurs des écoles privées pour penser financièrement à leurs enseignants pendant les périodes de vacances », a-t-il dit.

Pour sa part, Kékoura Kourouma, professeur chargé des cours de physique, lance un appel aux fondateurs des écoles privées.

« J’évolue particulièrement dans plus de trois écoles privées. A dire vrai, c’est un constat alarmant à l’endroit des fondateurs des écoles privées. Franchement, nous qui évoluons dans les écoles privées, nous souffrons énormément pendant les vacances. Ces fondateurs nous oublient au cours des trois (3) mois de vacances, et c’est ce qui nous anime souvent à organiser des cours de vacances, parce qu’on a une famille en charge. Le pire des choses est que beaucoup d’élèves ne s’intéressent pas aux cours de vacances. Parfois, on est obligé de passer de porte en porte pour faire appel aux enfants de venir suivre les cours. Tout ça, c’est parce que nos situations financières ne sont pas toutes assurées. Le message que j’ai à l’endroit des fondateurs, c’est de venir au secours des enseignants qui évoluent dans leurs établissements, de les assister pendant les vacances, même si le montant n’est pas comme ils les paient pendant les cours. Il y a même des fondateurs qui n’arrivent pas à payer les neuf (9) mois de cours dispensés par les enseignants. Ils paient soit pour sept (7) mois, ou pour six (6) mois. Au moins s’ils parvenaient à donner le reste de l’argent de ces enseignants pendant les vacances, cela allait les aider », a indiqué Kékoura Kourouma.

De N’Zérékoré, Jean David Loua et Cécé Gbamou pour Guineematin.com

Tel : (+224) 620.58.60.02

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