Dans le cadre de l’élaboration d’un projet de convention entre la République de Guinée et celle de la Sierra-léone, une délégation des autorités du secteur des postes et télécommunications de la République de Sierra Léone a effectué une visite de travail à Conakry les 29 et 30 août 2024. La démarche vise à parvenir à la signature d’un accord cadre sur l’interconnexion des réseaux de télécommunications avec l’autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT). Cette rencontre s’inscrit dans la dynamique de renforcement de la coopération sous-régionale pour une meilleure gestion des infrastructures numériques, notamment en cas d’incident sur le réseau interconnecté, rapporte l’équipe de Guinneematin.com qui était sur les lieux.
La journée d’hier vendredi, 30 août 2024, a commencé par une visite guidée des installations de la Société de gestion et d’exploitation du Backbone national (SOGEB) et de la Guinéenne de large bande (Guilab) par les hauts responsables des directions et autorités du secteur des télécommunications des deux pays. Tout au long de la journée, les discussions ont porté sur les défis communs auxquels font face les deux nations en matière d’interconnexion, ainsi que sur les opportunités de mutualisation des ressources pour assurer une résilience des réseaux en cas de coupure dans les deux pays voisins.
Au termes de la visite guidée de la société de gestion et d’exploitation du backbone national (SOGEB), sise à la Cimenterie, Mohamed Kourouma, le directeur général de ladite entité stratégique de cette interconnexion, a précisé que cette interconnexion vise à assurer la fourniture d’internet permanent lorsque ce câble sous-marin a un problème.
« Aujourd’hui, comme nous le savons tous, la Guinée n’a qu’un seul câble sous-marin qui le relie au monde à travers le réseau international. Aujourd’hui, pour pouvoir sécuriser cette interconnectivité internationale, nous sommes obligés de regarder avec les pays voisins l’interconnexion afin d’assurer la fourniture d’Internet permanent lorsque ce câble sous-marin a un problème. (…) Ce qui se passe, c’est qu’il y a un projet de Smart Africa qui a choisi la Guinée comme pays pilote pour pouvoir s’interconnecter avec les six pays limitrophes. Et c’est dans ce cadre que nous sommes en train de déployer cette stratégie pour nous interfacer avec les six pays qui nous entourent, mais aussi de sécuriser la fourniture d’internet dans notre pays.
Alors, nous avons présenté notre réseau, les capacités disponibles sur le réseau. À sa construction, le réseau avait une capacité de 100 gigas, puisque c’est deux boucles qui avaient chacune 50 gigas, 50 gigas de capacité de transport, de données, la voix, la téléphonie et aussi de tout ce qui est Internet. Nous sommes en train de travailler sur un projet pour augmenter cette capacité qui va passer de 50 à 200 gigas sur le ring 1 et de 50 à 100 gigas sur le ring 2. Vu l’évolution des besoins exprimés par les opérateurs et tous les projets numériques qui se développent dans le pays, nous avons besoin de mettre à la disposition de la nation et des citoyens une capacité acceptable pour pouvoir avoir un service de qualité », a notamment expliqué M. Kourouma.
De la Cimenterie, la délégation guinéenne et sierra-léonaise ont mis le cap sur le siège de la GUILAB (Guinéenne de large bande) situé à Kipé. Là aussi, les installations de cette maison de fourniture d’Internet en Guinée ont été présentées aux hôtes. Et Mamy Traoré, le Directeur Général, était bien heureux de les recevoir et de parler de ce projet d’interconnexion.
« Nous apprécions cette visite de la délégation léonaise à plus d’un titre, parce que c’est la poursuite d’une longue négociation pour une collaboration, une coopération bénéfique pour les différents opérateurs dans nos deux pays, et qui se matérialise à travers cette visite. Il y a donc un peu plus de deux ans, les discussions ont commencé pour permettre à nos deux pays de coopérer et d’avoir des terrains et des domaines d’interaction où nous partageons nos expériences dans le domaine technique, dans le domaine de développement de la connectivité entre nos deux pays. Donc, cette présence aujourd’hui nous met dans une position de confort.
Depuis deux ans maintenant, la Guilab a signé un mémo avec son homologue qui opère sur le câble sous-marin en Sierra Leone. C’était pour nous permettre, d’abord (puisque nous sommes des pays rares dans la sous-région d’avoir un seul câble sous-marin) de pouvoir créer des liens de secours en cas de difficulté sur le câble sous-marin. Donc, ça, c’était un volet très important. Mais aussi, nous avons des terrains ou des aspects sur lesquels nous pourrons coopérer, notamment les pratiques commerciales et techniques que nous avons dans nos deux pays. Le partage d’expérience va permettre à nos différentes équipes de monter en compétence et de servir mieux nos clients. Cette coopération sera bien bénéfique pour la Guinée, mais aussi pour la Sierra Leone. Dans la mesure où comme je le disais tantôt, nous avons chacun dans nos deux pays un seul câble sous-marin. Donc, avoir une voie de secours par la voie terrestre permet de sécuriser le trafic », a indiqué le DG de la GUILAB.
L’accord cadre en cours de négociation vise à établir des protocoles clairs pour l’intervention en cas d’incidents majeurs affectant l’interconnexion des réseaux de télécommunications entre la Guinée et la Sierra Léone. Il inclut également des dispositions pour le partage d’expertise technique. Pour Adama Condé, Directeur Général Adjoint de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT), cet accord cadre va baliser les conventions qui seront signées entre les institutions de nos deux pays.
« Comme vous le savez, depuis hier, nos deux équipes sont en train de travailler d’arrache-pied sur l’élaboration de cet avant projet qui sera soumis à l’approbation des deux ministres de tutelle pour qu’elles fassent leurs observations afin de procéder à la signature de cet accord cadre. À la fin de la signature, nous procéderons à l’élaboration des conventions particulières entre les opérateurs guinéens et ceux de la Sierra-léonais dans le domaine de l’interconnexion. Cette interconnexion permettra à nos deux pays de véhiculer des données et d’être protecteur en cas de coupure. Comme vous le savez, au mois de mai dernier, nous avons assisté à une coupure au large de l’océan qui a mis la Guinée dans le noir pendant trois heures. Donc, comme nous sommes connectés au monde extérieur par un seul câble sous-marin, en cas d’incident, la Guinée se retrouve dans le noir. C’est pourquoi cette interconnectivité permettra à la Guinée d’avoir une redondance vers la Sierra-léone en cas de coupure. (…)
L’importance de cet accord cadre pour les deux pays est de baliser les conventions qui seront signées entre les deux institutions différentes. Comme vous avez remarqué, aujourd’hui, nous avons procédé à une visite de l’opérateur SOGEB et la GUILAB qui sont les acteurs principaux de cet accord. Pour nos concitoyens, ce sera salutaire parce que nous commencerons par ces deux interconnectivité, parce que nous tendons vers un réseau unique africain. Ça veut dire qu’un citoyen guinéen qui se déplace vers un pays africain n’aura pas besoin de changer sa carte sim. Il va utiliser le réseau hôte comme s’il était sur notre réseau local en Guinée. Ça, c’est l’objectif assigné par l’alliance smart africa à tous les pays africains, et cela ne peut être possible sans une interconnexion dans nos différents pays », a expliqué le DGA de l’ARPT.
Pour sa part, le Directeur Général de National Communication Autority de la Sierra-léone a souligné l’importance de cette coopération pour améliorer la connectivité régionale. Amara Brewah, se dit très optimiste quant à l’aboutissement de ce projet promoteur pour les deux pays.
« Comme vous le savez, aujourd’hui, nous vivons dans un monde très interconnecté. Où on utilise les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter…, nos enfants également, pour réviser, utilisent l’internet. Donc, nous vivons dans un monde connecté et digitalisé. C’est raison pour laquelle que l’ARPT et Netka de la Sierra-léone ont jugé nécessaire de travailler ensemble pour mettre en place un cadre qui va permettre s’il y a par exemple un problème de connexion en République de Guinée, que la Guinée puisse prendre une capacité à partir de la Sierra-léonais pour résorber le problème de connexion et vice-versa.
Je suis très optimiste par rapport au travail qui a été fait. Comme vous le voyez, nous sommes en train de trouver solution par rapport à l’interruption de la fibre. Nous les avons posé des questions pour apporter des solutions aux préoccupations liées aux interruptions de service. Donc, quand il y a une interruption de service, ils nous ont rassurés qu’il y a d’autres moyens par lequel ils peuvent passer pour qu’il y ait le trafic » , a-t-il expliqué
De son côté, Nouha Traoré, secrétaire général du ministère des postes et télécommunications et de l’économie numérique met ce travail déjà fournis l’actif du gouvernement de la transition.
« Je voudrais tout d’abord préciser que le travail qui nous a réunis, nous, délégation guinéenne et léonaise, au sein du ministère de la Poste et de l’Économie numérique, a une seule et unique visée. Cette visée, c’est l’élaboration d’un avant-projet d’accord-cadre de coopération entre la Guinée et la Sierra Leone dans le domaine des postes télécommunications et l’économie numérique. Et cela s’inscrit dans la droite ligne du développement de la coopération sous-régionale et internationale entre nos deux pays. Étant donné qu’aucun pays au XXIe siècle ne peut vivre à base clos, il est tout à fait normal que nous développions des accords de coopération dans les divers domaines. Pour ce qui nous concerne, il a été pressenti depuis Belle-lurette un besoin d’interconnexion entre la Guinée et la Sierra Leone en matière de fibre optique, en matière de câbles sous-marins.
Il y aura toujours des manques à gagner en matière de communication, que ce soit en matière de roaming, que ce soit en matière de communication vocale, que ce soit en matière de poste et bien d’autres domaines. Et c’est dans ce cadre que nos deux gouvernements, bien entendu, ont cru devoir procéder d’abord à la scintille d’un accord cadre. L’accord cadre veut dire fixer le cadre global de coopération entre nos deux États et au fur et à mesure que les BGN vont être présentés dans les domaines particuliers, les acteurs concernés dans ces domaines-là vont se mettre autour de la table pour la définition de la convention particulière.
Que ce soit le projet de l’atterrissage du deuxième câble sous-marin, que ce soit dans le domaine de la rénovation ou la réhabilitation du réseau postal guinéen, dans le lancement de l’opérateur national en matière de télécommunications, tout ceci entre dans le cadre du programme du CNRD en faveur de la Guinée et des Guinéens. Et s’y ajoute le repositionnement de la Guinée sur la terre internationale. Parce que qui parle de signature d’accord cadre avec d’autres pays frères, cela va sans dire que la Guinée se repositionne. Dans la sous-région, dans ces domaines précis de télécommunications et de communes numériques. Ce qui est, un succès très remarquable à mettre à l’actif du gouvernement de la transition ».
Enfin, les autorités des deux pays ont clôturé la journée par la lecture de L’avant-projet de l’accord cadre. Ils se sont engagées à finaliser rapidement cet accord, avec l’objectif d’une signature officielle dans les semaines et où à venir. Une fois en place, cet accord pourrait servir de modèle pour d’autres pays de la région, confrontés à des enjeux similaires en matière d’interconnexion des réseaux de télécommunications.
Malick DIAKITE et Mohamed Lamine TOURE pour Guineematin.com