Ces derniers jours, la capitale guinéenne a été frappée par d’intenses pluies qui ont fait des morts, des dégâts matériels et de nombreux sinistrés. Le quartier Hamdallaye Pharmacie, dans la commune de Ratoma, notamment au niveau de la décharge de Dar-Es-Salam, côté Radar, a été sérieusement impacté. Des habitants de cette partie de Conakry, interrogés par une équipe de Guineematin.com, ont décrit leur calvaire aussi bien en rapport avec les fortes pluies que le manque d’eau que subit la zone. Ils dénoncent aussi l’indifférence des autorités devant le malheur qui leur arrive.
En ce moment de fortes pluies, les ménages situés près du « Radar » de Hamdallaye Pharmacie ont du mal à se procurer d’eau potable. Il s’agit d’une zone en piteux état. L’odeur nauséabonde vous colle au nez. Les eaux de ruissellement sont polluées et fétides.
Dans la concession de la famille Dansoko, la maison est en chantier après le passage forcé des eaux usées des derniers jours. Selon Amadou Dansoko, l’eau du forage n’est pas utilisable.
« Il y a 3 ans, un grand trou a été creusé au niveau du radar. Il n’y a pas de remblais. Ce trou a été rempli par les déchets et l’eau de pluie. C’est ce qui s’est déversé et entré dans les maisons. Cette eau a détruit tout : les forages et les puits de cette zone. L’odeur de l’eau du forage est nauséabonde. On ne peut ni boire ni utiliser l’eau du puits pour la cuisine. On est obligé d’utiliser l’eau de la SEG pour la cuisine. Et ça, c’est un jour sur deux », indique-t-il.
C’est le même constat chez la famille Barry. Fatoumata Binta Barry, riveraine du « Radar » revient sur les inondations qu’elle a subies. Elle demande aux autorités de délocaliser cette décharge.
« L’eau était rentrée dans notre maison. Elle a détruit 3 chambres, le salon, le magasin et tous les meubles. Nous avons été secourus par les gens ce jour-là. Comme l’année dernière, les eaux usées du Radar avaient pénétré les forages et les puits d’ici. L’eau se trouvant dans notre puits est sale et impropre à la consommation. Actuellement, nous utilisons l’eau de la société des eaux de Guinée pour nos besoins. Je demande aux autorités de nous aider à délocaliser la décharge pour ne pas que cela se reproduise », a-t-elle lancé.
Rencontrée à son domicile, dame Élise Dramou se plaint de son voisin et de l’absence des autorités pour voler à leur secours.
« Ce n’est pas la première fois. C’était le même cas l’année surpassée. Ce n’est pas l’eau de ruissellement la cause. À comboss, là où on déverse les ordures, il y a eu un déclenchement d’eau. Au fait, ce n’est pas l’eau de pluie, c’est l’eau usée, l’eau des toilettes. C’est ce qui descend. Nous avons été victimes. L’eau est entrée dans notre cour. Notre voisin a barré notre cour. On n’a pas de passage d’eau. Donc, l’eau a stagné dans la cour. On a eu de sérieux problèmes, mais grâce au voisinage, on a pu déboucher. Le puits est gâté. Nous n’avons que la pompe de la société des eaux de Guinée (SEG). Et avec la SEG, nous avons de l’eau le mardi, le jeudi et le samedi. Ça aussi, pour 2 heures. L’eau vient à 11h pour repartir à 13h. Actuellement, c’est l’eau de pluie qu’on utilise pour laver les bols, les habits. Pour la cuisine, on utilise l’eau de la SEG. L’année surpassée et cette année, aucune autorité de haut niveau n’est venue. On ne va pas continuer à se plaindre, s’il n’y a pas de résultat. Actuellement, tout le quartier est malade vu l’odeur que nous respirons. Présentement, je peux dire que je suis malade, mais je ne le sais pas encore. C’est par après que cela va se déclencher. Aucune autorité n’est venue. Je ne sais pas si c’est parce que nous sommes à Hamdallaye Pharmacie, tout le monde a peur de venir. Je ne sais pas. Pas de solution. Pas d’autorité », se désole notre interlocutrice.
Dans la même lancée, Robert Fassa Diawara, enseignant, riverain du site de déversement des eaux usées, dit ne pas savoir à quel saint se vouer.
« Cette situation qui nous préoccupe date de 3 ans. Les eaux usées des vidanges sont déversées derrière notre maison. À chaque saison des pluies, ça déborde. Cela occasionne des inondations et des victimes. J’ai deux de mes filles présentement à l’hôpital en train de prendre des perfusions. Il y a un autre enfant qui est victime de nos conditions de vie. Il a vomi deux fois hier soir. Vraiment, nous sommes dans des situations difficiles. Il faut vraiment que l’État nous vienne en aide ; sinon, on ne sait pas à quel saint se vouer. Les eaux des toilettes sont déversées derrière nos maisons. Quand ça déborde, ça descend dans le quartier. Franchement, cette zone n’est pas le bon endroit. Ce n’est pas approprié de jeter. Pour avoir de l’eau à boire, c’est catastrophique. Nous avons recensé 9 forages ici qui ne sont plus utilisables. Un forage coûte entre 60 à 70 millions GNF actuellement. Nous n’avons pas d’eau potable. Nous sommes obligés d’attendre les vendeurs pour nous en procurer. Tous les forages et les puits sont gâtés. Même pour préparer le manger, c’est l’eau que nous achetons. J’achète 3 packs d’eau en sachets soit 15 000 GNF. Chaque jour, nous prenons 15 000 GNF pour la consommation de la famille. Nous ne gagnons pas l’eau de la société des eaux de Guinée (SEG). Il y a de cela 15 à 20 ans, il n’y a pas la SEG chez nous. On nous dit que nous sommes sur la colline. À cause de la pression, l’eau ne monte pas. Nous nous contentons des eaux minérales que nous achetons », se plaint cet enseignant.
De son côté, Thierno Amadou Barry, secrétaire administratif du quartier Hamdallaye 1, sollicite l’aide du président de la transition.
« Il y a plus de 3 ans qu’ils sont en train de déverser les eaux usées, les eaux de toilettes à la décharge. Cette eau déborde et envahit les concessions des riverains. Les forages et les puits sont tous pollués. Nous appelons les autorités compétentes à nous venir en aide. Nous sommes en train de procéder à une large sensibilisation pour qu’on ne déverse pas là-bas, mais malgré tout, ils n’arrivent pas à nous écouter. Sinon, ça aurait pu prendre fin il y a longtemps. Nous lançons un appel à l’autorité compétente qui est le pouvoir en place : le gouvernement et son Excellence le Général de corps d’armée Mamadi Doumbouya. C’est le président de la transition qui peut nous aider à avoir la solution pour ça. On le prie de nous aider afin que la population soit épargnée de ça l’année prochaine… »
Boubacar Diallo et Mohamed Lamine Touré pour Guineematin.com