Religion : « Faire la Oumra pendant le Ramadan équivaut à un pèlerinage avec le prophète (PSL)… »

Elhadj Ibrahima Ousmane Bah, secrétaire général adjoint aux affaires religieuses et imam

La Oumra (ou Umrah), qui signifie littéralement visite en arabe, aussi appelée le petit pèlerinage, est une autre forme d’adoration de Dieu. La pratique est considérée comme étant un pèlerinage mineur que les musulmans peuvent accomplir à tout moment de l’année aux lieux saints de l’Islam. Selon les enseignements du Coran et de la tradition du prophète Muhammad (PSL), la Oumra consiste à visiter la Kaaba, la Maison sacrée de Dieu, située à La Mecque, en Arabie Saoudite. Nombreux sont les fidèles musulmans de Guinée qui, à l’instar de leurs coreligionnaires du monde, s’apprêtent à aller accomplir cet acte d’adoration. Pour connaître les tenants et aboutissants de la Oumra, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Elhadj Ibrahima Ousmane Bah, secrétaire général adjoint aux affaires religieuses et imam.

Guineematin.com : qu’entend-on par la Oumra ou le petit pèlerinage ?

Elhadj Ibrahima Ousmane Bah : la Oumra, comme vous l’avez dit, on l’appelle souvent petit pèlerinage au cours duquel il n’y a pas de stationnement à Arafat, alors que le grand pèlerinage, c’est le fait de stationner à Arafat, qui est l’un des piliers du grand pèlerinage. C’est un petit pèlerinage parce que c’est un pèlerinage qui ne nous exempte pas de faire l’autre pèlerinage qui est appelé le Hajj, qui est de stationner le 10è jour du mois lunaire à Arafat qu’on appelle Jul Hidja. La Oumra et le hadj doivent être accomplis dans le but d’adorer Allah. Dieu, à travers le saint Coran et la tradition du prophète Muhammad (PSL) nous a dit : accomplissez la Oumra et le Hajj pour Dieu. Ça veut dire que ce sont des actes d’adoration et de dévotion qui doivent être accomplis dans le seul but d’avoir l’agrément de Dieu, le Tout-puissant. Ce qu’il faut noter, c’est que si les jours du grand pèlerinage sont circonscrits dans l’année, ils sont connus ; quant à la Oumra, elle est ouverte toute l’année. La Oumra est toujours ouverte durant toute l’année et chaque jour à l’exception de deux ou trois jours au cours desquels le pèlerinage s’accomplit. D’ailleurs, avant d’accomplir le grand pèlerinage, il y a différentes sortes de dévotions pendant lesquelles on peut assembler ou bien réunir la Oumra avant le 8è jour du 12è mois lunaire et on fait le grand pèlerinage qui se solde par le plus grand pilier du pèlerinage, qui est le stationnement de Arafat le 9 du 12è mois lunaire.

Est-ce que la Oumra est obligatoire pour les fidèles musulmans ?

Oui ! C’est une obligation pour tous ceux qui en ont les moyens dans la mesure où Dieu dit : accomplissez le grand pèlerinage ou Hajj et la Oumra. Celui qui a les moyens va obligatoirement faire la Oumra. Et je vous ai dit qu’on peut regrouper les deux pour celui qui veut faire le grand pèlerinage enseigné par Dieu. C’est une recommandation de Dieu, une obligation pour ceux qui en ont les moyens. Dans certains versets, il y a des injonctions par rapport à ça.

Quelle est l’importance du petit pèlerinage à la Mecque pour un musulman ?

Le prophète Muhammad (PSL) nous a enseigné que la Oumra est l’une des formes d’adoration qui absout les péchés. Tu pratiques deux Oumra, entre les deux, Dieu te pardonne tes péchés. Celui qui fait la Oumra peut avoir l’espoir d’avoir le paradis.

Combien de fois doit-on faire la Oumra ?

Elle n’est obligatoire que pour une seule fois pour celui qui en a la capacité physique et financière. C’est comme le grand pèlerinage.

Quelles sont les principales étapes et les rituels de la Oumra ?

Le Hajj ou le grand pèlerinage a 4 piliers. Quant à la Oumra, c’est 3 piliers. C’est ce qui la différencie du Hajj. La Oumra a pour premier pilier, la sacralisation, c’est-à-dire le Haram, le fait de changer ses habits et le fait de formuler l’intention à des lieux indiqués, qu’on appelle des lieux de sacralisation. Ensuite, le fait de faire le tawaff c’est-à-dire le tour de la Kaaba arrivé à la Mecque, et le fait de faire 7 fois le tour à Safa et Marwa.

Pour qui doit-on faire la Oumra ? Et quels conseils pouvez-vous donner à ceux qui en ont l’envie mais qui ne l’ont pas réussi ?

J’encourage les gens à faire le petit pèlerinage. Dieu les aime en leur insufflant cette volonté. En plus de supprimer nos péchés, ce pèlerinage rend pure et propre l’âme. On obtient un certain plaisir dans la dévotion. Si on n’a pas l’obstacle d’aller à la Mecque, c’est -à -dire, on n’est pas malade, on doit faire notre propre Oumra. Mais si on est dans l’incapacité de le faire, à cause des soucis de santé, il peut déléguer quelqu’un d’autre pour qu’il le fasse pour lui. On peut faire la Oumra pour ceux qui sont morts sans avoir accompli cette dévotion. Peu importe la personne proche qui le fait. Mais celui qui doit le faire pour quelqu’un d’autre, il faut qu’il le fasse pour lui d’abord. On peut faire la Oumra pour quelqu’un qui est décédé ou est empêché physiquement d’aller le faire. Si on te donne les moyens pour faire la Oumra, fais-le ! Le prophète a recommandé aussi beaucoup de faire la Oumra pendant le mois de ramadan. Le prophète Muhammad (PSL) a dit que le fait de faire la Oumra pendant le Ramadan équivaut à un pèlerinage avec lui le prophète

Y a-t-il des conditions spécifiques à remplir pour effectuer la Oumra ? Si oui, lesquelles et combien ça coûte cette année les frais ?

Peut-être les conditions spécifiques, c’est par rapport au prix doit être fixé. Vous savez, la Oumra étant ouverte en Guinée, il n’y a pas d’abord une entité officielle ou bien étatique qui organise la Oumra en tant que telle. Mais, le secrétariat général des affaires religieuses néanmoins facilite l’organisation et l’encadrement aux agences privées qui veulent organiser la Oumra. Et ça dépend des conditions qu’ils vont se fixer avec les organisations qui sont chargées d’organiser la Oumra en Arabie Saoudite et eux-mêmes, ce qu’ils vont chercher comme profit lié à leurs charges. Elles ont plus de renseignements. Quand on veut aller à la Oumra, il faut qu’on se renseigne bien, connaître les préalables dans l’accomplissement de leur acte de dévotion. Il faut tenir compte de tout pour bien pratiquer ce pèlerinage.

Comment les pèlerins doivent-ils se préparer physiquement et spirituellement pour le voyage à la Mecque ?

Ils doivent chercher à connaître tous les rites qui sont liés à tous actes d’adoration quand ils veulent aller au pèlerinage ou bien à la Oumra, ils doivent chercher à connaître ce qui doit se faire, comment doit-on formuler l’intention, quels sont les lieux indiqués pour les visites, comment faire le tawaff et qu’est-ce qu’il faut dire ainsi que de savoir comment le tour entre Safa et Marwa doit être fait

Quels sont les défis logistiques et organisationnels auxquels les pèlerins peuvent être confrontés ?

Les organisations, associations sont obligées de créer les conditions nécessaires pour faciliter très bien la Oumra. Il n’y a présentement aucune difficulté majeure dans les procédures de pèlerinage. Les gens sont logés en fonction de leurs moyens. Il n’y a pas tellement de plaintes. À part des difficultés liées à la rencontre des masses, il n’y a pas de difficultés majeures dans l’organisation de la Oumra telle que nous l’avons convenu sur le terrain avec les agences.

Pouvez-vous partager une expérience ou un moment particulier qui vous a marqué lors d’un pèlerinage ?

Vous savez, à chaque pèlerinage, il y a des moments d’émotions. Rappelez-vous lorsque vous avez à faire aux dix derniers jours du mois de Ramadan à la Mecque ou bien à Médine, vous allez toujours ressentir quelque chose de plus profond en termes de spiritualité, de connectivité avec le créateur. Souvent, les imams qui dirigent la prière nous élèvent et essaient de grandir notre foi jusqu’à un niveau où il est vraiment difficile de décrire. Il faut faire l’expérience pour connaître combien de fois c’est sensationnel cette recherche de la volonté divine à la Mecque. Il y a des moments et des lieux où des gens se couchent à terre, c’est des moments de grandeur et de recherche de la félicité divine.

En tant que guide religieux, comment aidez-vous les pèlerins à tirer le meilleur de leur expérience spirituelle à la Mecque ?

Nos bureaux sont ouverts à tout le monde. Nous sommes prêts à leur expliquer comment les choses se passent, éventuellement les préparer psychologiquement par rapport à des petites difficultés liées à tout déplacement humain.

Quel impact le pèlerinage doit-il avoir sur la vie spirituelle et personnelle d’un croyant ?

La fin du pèlerinage doit être comme le prophète Muhammad l’a dit : c’est comme une nouvelle naissance de quelqu’un. Vous savez, lorsque nous faisons le pèlerinage, nous restons comme le jour de notre naissance en termes de péchés. Nous n’avons aucun péché. Un bébé qui vient de naître n’a aucun péché. Donc, il faut qu’il y ait changement de comportement dans le sens de l’adoration, dans le sens du vivre-ensemble, dans le sens de vivre réellement les enseignements du saint Coran et le modèle du prophète Muhammad (PSL). Il faut qu’il y ait la différence entre celui à qui Dieu a donné la chance de de faire la Kaaba, de prier dans la mosquée prophétique et de rester à côté même du prophète là où il est couché, de celui qui n’a pas eu cette chance.

Comment peut-on maintenir la spiritualité et la dévotion vécues à la Mecque dans la vie quotidienne après le retour du pèlerinage ?

C’est de continuer dans la maîtrise de soi. Lorsqu’on fait le pèlerinage, on doit s’abstenir de tous les interdits de l’islam. Faire le pèlerinage, c’est avoir une nouvelle naissance. C’est être amené à changer de comportement, à vivre réellement selon les enseignements du Prophète Muhammad (PSL). De la même manière que vous avez pu vous abstenir de beaucoup de choses à la Mecque, ça veut dire que vous pouvez le faire après la Mecque. Donc, ça veut dire qu’il faut continuer à se comporter ainsi dans la vie courante, c’est-à-dire la maîtrise de soi après le pèlerinage. On a conscience que nous sommes en train de faire des choses qui marquent notre vie : lire le coran, aller au pèlerinage, faire la prière. La volonté qui nous a envoyés là-bas doit nous pousser à rester appliqués à notre retour.

Un mot pour ceux qui souhaitent accomplir la Oumra mais qui n’ont pas encore eu l’opportunité de le faire ?

Cherchons à nous préparer, chercher les papiers qu’il faut, les pièces obligatoires avant les pèlerinages, s’intéresser aux différentes dispositions pour ces deux réalités. Il faut se renseigner auprès des organisateurs et se préparer vraiment bien pour ne pas manquer le voyage, ni tomber sur des gens sans vergogne, des menteurs qui vont nous berner. Les aspirants pèlerins peuvent venir vers nous, on va les orienter faire les vrais organisateurs pour leur volonté de faire la Oumra et autre pèlerinage.

Propos recueillis et décryptés par Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 622 919 225

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