Dans la journée de demain, jeudi 5 septembre 2024, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) va célébrer le 3ème anniversaire de sa prise du pouvoir par les armes. Les acteurs sociaux et politiques ne vont pas du dos de la cuillère pour peindre un tableau sombre de la gestion du CNRD pour les 3 dernières années d’exercice du pouvoir. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com ce mercredi, Aboubacar Biro Soumah, président du Parti pour le Progrès et Changement (PPC), affirme que le bilan du CNRD est négatif à 80 %.
« Je peux vous dire que le bilan des trois années de la gestion du CNRD est à 80% négatif. Je peux vous citer les points à notre avis, qui n’ont pas pu vraiment bouger. Quand vous prenez sur le plan économique, vous voyez que la Guinée est classée l’un des derniers pays en matière économique par les Nations Unies, parce que l’économie se sent sur la vitalité de la population. Aujourd’hui, le marché est cher, et c’est la première fois en République de Guinée qu’un gouvernement s’assoit avec les commerçants pour augmenter le prix du sac de riz jusqu’à 400 000 GNGF. Secundo, avec les Nations Unies, on parle de l’indice du développement humain où nous avons reculé complètement par rapport aux années passées », dénonce l’acteur politique.
Par ailleurs, Biro Soumah tire à boulets rouges sur la junte, qu’il accuse d’avoir joué un rôle dans l’enlèvement des leaders du FNDC, Billo Bah et Foniké Menguè, tout comme dans l’assassinat de manifestants. « Sur le plan sécuritaire, vous voyez ce qui se passe à Conakry depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir. Il y a assez de morts et si vous prenez les manifestations, on déplore plus d’une cinquantaine de jeunes qui ont été abattus par les forces de défense et de sécurité. Il n’y a pas eu d’enquêtes. Jusqu’à preuve du contraire, rien ne s’est passé et les familles n’ont même pas reçu le deuil par rapport aux membres du gouvernement. Donc, voilà autant de problèmes dans notre pays en matière de sécurité, d’enlèvements, de kidnappés et de déportations. Prenez le cas de Foniké Menguè, ça en dit beaucoup de choses. On vient enlever ces leaders du FNDC, dans leur propre domicile à 22h, au vu et au su de tout le monde et jusqu’à maintenant, on ne connaît pas leur destination. C’est très inquiétant pour le pays où l’insécurité a atteint un sommet très élevé », a-t-il lancé.
Aboubacar Biro Soumah est également revenu sur l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum et le manque de dialogue. « Si vous prenez sur le plan social, il y a eu l’explosion du dépôt d’hydrocarbure de Coronthie à Kaloum, qui a tout ravagé et jusqu’à présent, les gens souffrent, ils n’ont pas été indemnisés et rien n’est encore fait. Et vous voyez les cas aussi, des inondations, ou d’autres calamités. Nous ne sommes pas contre eux, mais ce qui se passe dans notre pays, c’est ce qu’on est en train de déclarer en tant que citoyen, et en tant que leader d’opinion. Si vous prenez aussi le cadre de dialogue qui a été institué par le CNRD où le cadre de dialogue a bénéficié du décret du président du CNRD, aujourd’hui, il est rompu. Ça fait des années que ça ne fonctionne plus. Toutes les commissions qui ont été mises en place ne fonctionnent pas. Il n’y a pas de rencontres, rien ne bouge. Donc, pour nous, le pays est bloqué, complètement », a dénoncé le leader du PPC.
Selon ce leader politique, la seule chose qu’on peut qualifier de positive, c’est la finalisation des travaux routiers commencés par Alpha Condé. « La seule chose qu’on peut dire, des 20%, c’est que le CNRD est venu au moins booster ce qu’Alpha Condé a commencé en matière de travaux routiers et de construction. Au moins, cela est allé jusqu’à terme, par exemple Conakry-Mamou, Conakry-Forécariah, qui sont terminés ».
Pour changer la donne, Biro Soumah donne des conseils : « nous lançons un appel au président du CNRD, pour qu’il puisse ouvrir la porte afin de recevoir les guinéens. Qu’on puisse s’asseoir et trouver des solutions pour l’avenir du pays. Regardez aujourd’hui, pour la première fois en Guinée, on vient fermer les médias, on leur retire leurs agréments et on cause le chômage de centaines de jeunes dans ce milieu. Tout ça ne peut pas aller dans un pays, cela ramène le pays en arrière. Si nous voulons sortir de ça, nous tous, c’est-à-dire nous les politiciens, les acteurs de la société civile, la presse, on doit ensemble lancer un appel à Mamadi Doumbouya pour qu’il ouvre sa porte à tous les guinéens afin de faire bouger les choses parce que personne n’a le titre foncier de la Guinée », a martelé le leader du PPC.
Mariama Barry Pour Guineematin.com