Ouverture des classes en Guinée : « On ne dit pas qu’il faut faire payer le mois de septembre, mais… »

Le gouvernement guinéen a décidé que la rentrée scolaire va avoir lieu le 5 septembre 2024. La décision a suscité diverses réactions d’autant plus que ces dernières décennies, les guinéens s’étaient habitués au début du mois d’octobre pour l’ouverture des classes. De nombreuses critiques visent les écoles privées, qui pourraient faire payer tout le mois de septembre aux parents d’élèves, même s’il n’y a que 5 jours de cours. Pour y voir plus clair sur la position des écoles privées sur la question, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Abdoulaye Tely Sow, responsable de la communication de l’Association guinéenne des écoles privées. Selon monsieur Sow, « on ne dit pas qu’il faut faire payer le mois de septembre, mais il faut néanmoins trouver le juste milieu… »

Nous vous proposons ci-dessous l’intégrité de notre entretien :

Guineematin.com : comment avez-vous accueilli cette annonce du gouvernement sur la rentrée scolaire, fixée au 25 septembre ?

Abdoulaye Tely Sow : contrairement à beaucoup de monde, je l’accueille à bras ouvert, c’est une bonne chose. Plus vite on ouvre, plus c’est bon pour tout le monde en ce qui concerne les programmes. Alors, je sais qu’il y a polémique sur le fait que c’est à 5 jours de la fin du mois. Le ministère est dans une approche de ramener l’ouverture des classes un peu plus tôt que prévu. L’école, c’est la pédagogie. Pour ce qui est de ces 5 jours-là, il y a un sacrifice à faire de part et d’autre. Que ça soit au niveau des écoles et des élèves. Mais je pense qu’on a plus à gagner, c’est une question de jours, pas de mois. Je comprends ceux qui souhaitent l’ouverture pour un 3 octobre. Mais cette fois-ci, le 02 octobre, ça sera un mercredi ; ouvrir en milieu de semaine veut dire que la semaine sera déjà perdue. Ouvrir le 25 septembre peut permettre un flottement en début d’année ; et par la suite, une semaine plus tard, commencer les cours, comme il le faut.

Comment vous préparez-vous à cette réouverture des classes le 25 septembre ?

Tout le monde doit se préparer. Nous-mêmes, bien avant la fermeture des classes, on préparait déjà l’année scolaire. On savait que c’est en septembre ou octobre. Pour moi, je pense que tout le monde est déjà prêt. Il faut que les parents se mettent en tête, que l’ouverture, c’est juste après les vacances. Moi d’ailleurs, j’avais critiqué les 3 mois de vacances, que je trouve trop longs. Puisque plus les vacances sont longues, plus les enfants peuvent rapidement désapprendre. Pour ceux qui ne sont pas préparés, ils doivent accélérer dès maintenant.

Nous sommes à 3 semaines de l’ouverture, pensez-vous que c’est une façon pour le gouvernement de permettre aux parents d’élèves de se préparer ?

À ce niveau, deux ou trois semaines, c’est peu. C’est pourquoi depuis longtemps, nous militons pour un calendrier fixe. On sait qu’en France, dès le 1er septembre, c’est la rentrée des classes à tous les niveaux. Chez nous en Guinée aussi, l’Etat doit travailler sur un calendrier stable, évitant toute surprise éventuelle. Il faut qu’on institutionnalise cela.

Puisque c’est à 5 jours de la fin du mois de septembre que l’ouverture est programmée, faut-il faire payer tout le mois de septembre ou non aux parents d’élèves ?

Aujourd’hui, c’est compliqué. C’est un programme qu’on enseigne pour un temps bien déterminé. Dans certaines écoles, on ne paye pas par moitié, mais par tranche. Il faut qu’on se mette en tête que c’est un traitement. On ne dit pas qu’il faut faire payer le mois de septembre, mais il faut néanmoins trouver le juste milieu. Les écoles peuvent trouver les moyens pour payer cette petite période aux enseignants. Je vois beaucoup d’informations sur les réseaux sociaux et sur les sites, qu’on ne paie pas les enseignants, pourtant 12/12, certaines écoles paient les enseignants permanents. Il faut trouver aussi le juste milieu pour les autres. Les parents doivent accepter de payer le reste de ce mois.

Les enseignants vont-ils être payés au compte du mois de septembre en dépit du fait qu’il ne restera que 5 jours du mois ?

Nous, nous faisons une sensibilisation à l’interne. Rien ne nous oblige à payer les enseignants, mais on les comprend, on comprend les enseignants vacataires. On essaie de récompenser les enseignants méritants en mettant en place le système de permanence. Rares sont les écoles qui ne payent pas les neufs mois au complet. Nous faisons des sensibilisations. Il faut comprendre les écoles. Leur source de revenus, c’est la scolarité. C’est à travers ça qu’on paye les enseignants. On essaie de trouver le juste milieu, en disant qu’il faut comprendre les deux camps (parents et enseignants).

Est-ce que les écoles membres de votre association ont eu à échanger sur l’ensemble des aspects liés à la rentrée scolaire ?

On n’a pas débattu, ni eu le temps de débattre sur la fixation des prix de la mensualité. Ce que je peux dire aux enseignants, ministre, parents, et autres, il ne faut pas considérer les programmes comme un bien qu’on achète. Tant que le programme n’est pas écoulé, on va aller jusqu’au bout. Si on dit qu’on arrête en mai, chez moi, si on ne finit pas le programme, on va jusqu’au bout, jusqu’en juin. Parents d’élèves et écoles doivent être partenaires, il ne faut pas qu’il y ait confrontation. Maintenir un calendrier fixe pourrait régler tous les problèmes à mon avis. On est en concurrence avec les pays limitrophes ici. Ce n’est plus l’occident, ce sont les sénégalais, ivoiriens qui viennent prendre nos jobs ici.

Propos recueillis par Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 622 919 225

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