Ces derniers temps, d’importantes inondations ont frappé Conakry, entraînant des pertes en vies humaines et d’énormes dégâts matériels. De nombreux sinistrés ont presque tout perdu, certains évacués temporairement de leurs concessions, notamment à Matoto. Une situation qui préoccupe plus d’une personne. Des acteurs de la société civile, interrogés par un reporter de Guineematin.com, dénoncent aussi bien les citoyens que l’Etat dans cette affaire, qui a atteint des proportions inquiétantes ces dernières années. Ils attirent l’attention sur les dangers qui planent sur nos têtes.
Pour Ibrahima Aminata Diallo de la Coalition nationale des associations pour la paix et le développement (CONAPAID), l’occupation anarchique des terres est l’une des causes des inondations.
« Il faut remonter sur la mauvaise gestion de l’environnement et l’occupation des sols à haut risque. Voilà des causes qui sont à la base des inondations. Le cas spécifique de Conakry, nous savons tous que Conakry est anarchiquement occupé. Il y a des gens qui ont construit carrément sur des zones inondables. Conakry est une zone accidentée par endroits. Il y a des gens qui viennent construire là où les caniveaux et les bras de mer se jettent dans l’océan. Il y aussi des gens qui font des remblais dans les bas-fonds. Quand on fait la remarque, ceux qui sont victimes des inondations sont ceux -là qui ont fait une mauvaise utilisation de l’environnement ou ceux qui ont construit anarchiquement », affirme le président de la CONAPAID.
Après avoir parlé de responsabilités partagées dans cette problématique, Ibrahima Aminata Diallo en évoque les conséquences. « Je pense qu’il y a une responsabilité au niveau des citoyens, mais aussi de l’Etat qui devrait prendre des mesures ; sinon, il faut s’attendre au pire pour les années prochaines… Les conséquences des inondations, ce sont parfois des problèmes sur le plan sanitaire. Quand il y a inondation, les eaux peuvent entrer dans les toilettes publiques et les déchets humains vont sortir s’exposer à la nature. Tout ça peut entraîner des maladies hydriques. De l’autre côté, ça peut entraîner l’appauvrissement des citoyens qui perdent beaucoup de biens. Et aussi des cas de morts, comme nous l’avons enregistré cette année et l’année passée. En un mot, les conséquences sont multiples », a laissé entendre l’activiste de la société civile.
Mamadou Kaaly Diallo, activiste des droits de l’Homme, rappelle que le droit à un environnement sain est consacré par la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
« Aujourd’hui, il y a un manque d’urbanisation moderne en République de Guinée. Vous savez, le droit à un environnement sain est un droit consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme. Sauf que dans un État normal, c’est l’Etat qui doit être au-devant de la scène pour viabiliser les domaines. Chez nous, ce sont les citoyens qui viennent s’installer ; après, l’État vient pour essayer de régler. Je pense qu’il faut inverser la tendance, aller vers une urbanisation moderne et l’urbanisation moderne obéit à des règles standards d’urbanisation. Je pense que la Guinée doit s’inscrire dans cette logique », a laissé entendre Kaaly Diallo.
Ces acteurs de la société civile ne se sont pas limités là. Ils conseillent aux citoyens d’éviter de construire sans consulter un spécialiste car, selon eux, chaque bâtiment doit être adapté au type sol. « Il faut que les citoyens conjuguent avec l’Etat, notamment le Ministère en charge pour que désormais, on évite d’occuper anarchiquement l’environnement… », conseillent-ils.
Kadiatou Barry pour Guineematin.com