Trois ans de transition : des citoyens de Conakry dressent un tableau sombre de la gestion du CNRD

La junte militaire qui a renversé le président Alpha Condé le 5 septembre 2021 s’apprête à célébrer l’an 3 de son accession au pouvoir par les armes. Le bilan du Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD) fait débat et les critiques ne manquent pas. Des citoyens de Conakry, interrogés à ce sujet par un reporter de Guineematin.com, parlent d’un bilan négatif. Le sentiment dominant est la déception face aux nombreuses dérives de la junte pendant ces 36 derniers mois de gestion du pouvoir politique.

Amadou Diouldé Bah commerçant rencontré à Kipé, dans la commune de Ratoma, trouve que les promesses prononcées le 05 septembre 2021 n’ont pas été respectées.

Amadou Diouldé Bah, commerçant

« Les paroles prononcées à sa venue n’ont pas été respectées. Il avait dit qu’on ne tuerait pas les gens. Aujourd’hui, le bilan des morts va bientôt dépasser celui du professeur Alpha Condé. Il n’y a que du malheur et de la malchance depuis sa venue. Maisons effondrées et calcinées, des personnes vandalisées, assassinées, des personnes kidnappées. Le pouvoir d’Alpha Condé et celui de Doumbouya, c’est vraiment la même chose. C’est juste les personnes qui ont changé, mais c’est le même pouvoir. Il n’y a absolument rien de positif. Les guinéens sont déboussolés », déclare-t-il.

Même son de cloche chez Souleymane Bah, commerçant de profession. « Les propos prononcés avaient soulevé l’enthousiasme et l’espoir. Mais ce n’était que de belles paroles, puisque rien ne s’est passé comme il l’a dit. C’est tout le contraire. Ils nous ont trompés, comme les précédents présidents. C’est à croire que nous sommes maudits, à toujours avoir des dirigeants trompeurs et baratineurs. Rien ne va aujourd’hui », dit-t-il.

De son côté, Bangaly Condé trouve qu’il n’y a rien à saluer comme acte positif avec cette transition. « Le bilan est 100% négatif. Rien ne va au pays, sur tous les plans, depuis qu’il est au pouvoir. C’est un cauchemar. Les gens souffrent, ils sont désabusés. Quand il est arrivé au pouvoir, il avait promis que la justice serait la boussole ; mais hélas, on ne la retrouve plus. Avec sa venue, les léonais ont rempli le pays, accentuant le banditisme, la consommation de la drogue et le vol d’enfants. Doumbouya n’a qu’à respecter sa parole et arranger les choses », lance le jeune homme.

Même argument chez Bilal Sylla, qui ne fait pas dans la dentelle. « Avec le bilan négatif du temps qu’il a fait, j’espère qu’il partira sans se présenter. Personne n’est satisfait de sa gestion. Rien ne marche. Donc, il ne doit pas écouter ceux qui sont autour de lui, qui lui disent de se présenter (aux élections présidentielles, ndlr). Il doit partir. Il doit quitter le pouvoir », a martelé monsieur Sylla.

Cependant, si ces premiers intervenants peignent tout en noir, ce n’est pas le cas de Moramanin Kaba et Lanfia Kouyaté, qui estiment qu’il des aspects positifs dans la gestion du CNRD.

Moramanin Kaba, commerçant

« Depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir, il y a eu énormément de réformes et d’avancées. Moi, je suis vraiment satisfait de sa gestion et je suis convaincu que dans un avenir proche, il pourra apporter plus que ça. Il suffit juste qu’il ait le temps. Et d’ailleurs, durant ces trois ans, il a prouvé qu’il peut et doit se présenter. J’espère qu’il le fera dans la transparence », a dit Moramanin Kaba.

Au tour de Lanfia Kouyaté, vulcanisateur, de saluer à son tour les actions du CNRD. « Le bilan de la transition est pour le moment très positif. Ce sont en quelque sorte des personnes de mauvaise foi qui font croire que rien ne va. En tout cas, moi je ne sais pas pour les autres, j’applaudis Mamadi Doumbouya et si aujourd’hui, il organisait des élections pour se présenter, je voterais pour lui, puisque tout va bien depuis sa venue », déclare l’homme.

Jack Kamano, enseignant au lycée de Coyah, conseille le président de la transition de faire une rétrospective tout en respectant ses paroles.

« Je pense que tout guinéen conscient aujourd’hui sait que les choses ne sont pas roses en Guinée. Alors moi, je ne vais pas critiquer, les gens le font en longueur de journée. J’exhorte juste le président de la transition à revoir les choses et à chercher à les arranger, du moins ce qui peut l’être. Il doit aussi ne serait-ce que satisfaire pour le reste les guinéens en respectant tout ce qu’il a dit à sa venue, même si à mon avis, pour certaines choses, c’est trop tard. Pour la question d’élection par exemple, il sait ce qu’il a à faire. Ne pas se présenter. Les guinéens ne seront pas prêts à accepter qu’il change d’avis par rapport à ça… »

Propos recueillis par Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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