Des mécaniciens, menuisiers, pêcheurs, artistes, vigiles et cuisiniers, jugés au tribunal de première instance de Dixinn, ont été reconnus coupables de détention, vente et consommation de drogue. A l’audience d’hier, mercredi 4 septembre 2024, plusieurs d’entre eux ont écopé de peines d’emprisonnement, parfois lourdes. D’autres ont été, par contre, relaxés pour délit non constitué à leur égard. Ils ont été mis aux arrêts à divers endroits de Conakry, notamment dans des « endroits malsains » de Kaporo, dans la commune de Ratoma, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
À la barre, devant la présidente Damba Oularé, la quasi-totalité des prévenus, détenus depuis le 26 août 2024, ont nié les faits à eux reprochés.
C’est seulement Aboubacar Bangoura qui a reconnu les charges portées contre lui. « Pour dire la vérité, je fume le chanvre indien », a-t-il déclaré.
Quant aux autres prévenus, chacun a placé des arguments pour justifier son arrestation. Elhadj Mohamed Salifou Sylla, footballeur professionnel, domicilié au quartier Kaporo : « j’ai été arrêté à Kaporo près de la mosquée, avant la maison des jeunes… »
Mohamed Bangoura, pêcheur domicilié à Kaporo, marié et père d’un enfant : « j’ai été arrêté à Kaporo Beach. Je quittais mon lieu de travail pour rentrer à la maison. Ce jour-là, je revenais du travail, j’étais fatigué et je ne me reprochais rien. C’est pour cela que je n’ai pas couru quand j’ai vu les agents… »
Moriba Théa, gérant d’un bar, domicilié à Yattaya Fossidé, a nié les faits. « Je vends juste de l’alcool et de la bière. Je ne fume pas et je ne vends pas de chanvre indien. On m’a arrêté à Kaporo pont, en face de la station d’essence. Je travaille pour quelqu’un. Je gère le comptoir et ma patronne gère le dépôt », déclare-t-il.
Alhassane Sylla, né en 2005, domicilié au quartier Kaporo, avoue être un ancien drogué. « Je fumais avant, mais cela fait 1 an que j’ai cessé. Depuis l’enquête préliminaire je l’ai dit. J’ai arrêté. Je ne peux pas dire exactement le nombre de boules que je fumais », a-t-il avoué.
Pour sa part, Mohamed Sylla, né en l’an 2002 à Conakry, ne reconnaît pas les faits. « J’ai été arrêté dans ma chambre, dans les bandes de 5h du matin, à Kaporo. Ils ont défoncé ma porte qui est en bois. J’étais à côté de mon ami, malade. Je n’ai commis aucune infraction », dit-il.
Fodé Bangoura, pêcheur domicilié au quartier Kaporo, dit être innocent dans cette affaire. « Moi, je ne connais même pas la drogue. Je bois de l’alcool, de la bière ; et ça aussi, c’est pour aller à la mer pour éviter le froid. J’ai été arrêté seul ce jour-là, dans les bandes de 8h par des agents », déclare le prévenu.
Aboubacar Sylla, né en 2006 à Conakry, est pêcheur de profession, domicilié au quartier Kaporo. « Ce jour-là, je suis revenu de la pêche et je me suis couché à côté d’une dame qui vendait du poisson. J’ai été arrêté vers 5h ».
Ibrahima Sory Soumah, menuisier, célibataire, père d’un enfant, est également domicilié à Kaporo. « Je bois, je fume de la cigarette. Mais, je ne consomme pas de drogue. J’en entends parler ».
Mohamed Sylla, né en 2005, célibataire et père d’un enfant, domicilié à Kaporo, est menuisier de profession. « C’est à 8 h que j’ai été interpellé, en face de la gendarmerie. J’étais en train de marcher seul. Il y avait d’autres personnes dans les parages, des femmes puisaient de l’eau », a-t-il déclaré.
Mohamed Camara, né en 1999 à Matoto, domicilié à Lambanyi, est un artiste, célibataire, père d’un enfant. « Je suis artiste de profession. On est parti jouer à Kipé. C’est là que la patrouille est venue nous arrêter. J’ai été même dépouillé de mon téléphone et de mon argent, 150 000 GNF. Je ne fume pas de la drogue. Après avoir joué, on est allé à Kaporo chez une dame qui vend du riz. C’est là-bas qu’on nous a arrêtés », explique-t-il.
Desmond Fackson, domicilié au quartier Kipé, est chef cuisinier à Atlantic Hôtel View. « La police est venue le matin, à 9 h 30. Ma femme a été libérée, par ce qu’elle est guinéenne. Elle vend du café à Kaporo. À Atlantic Hôtel View, je travaille la nuit et j’aide ma femme le matin… »
Tisserand de profession, Abdoulaye Diallo, domicilié au quartier Lansanayah barrage, dit s’être rendu à Kaporo pour acheter du bois. « J’ai été arrêté à Kaporo à 8h. J’étais venu pour acheter du bois. J’ai été arrêté chez les vendeurs de bois », soutient-il.
Même son de cloche chez Kalil Diawara, mécanicien domicilié au quartier Démoudoula. « Je fume la cigarette Ronson. Je ne connais personne ici. J’habite à Démoudoula et je travaille là-bas aussi. J’ai été interpellé à Kaporo. Mon grand frère y vit, c’est pourquoi je suis allé là-bas », a-t-il indiqué.
Fodé Abass Soumah, 42 ans, pêcheur domicilié à Kaporo : « j’ai été arrêté en face de la maison des jeunes de Kaporo. Je ne fume pas. Même si je vois de la drogue, je ne peux le savoir parce que je ne connais ça. Je connais d’autres pêcheurs au port, mais pas ici… On peut faire 3 à 4 jours en mer. Quand la fraîcheur domine, on prépare le thé dans la pirogue », a-t-il déclaré.
Harouna Camara, pêcheur, père d’un enfant, a également rejeté les accusations portées à son encontre. « On était couché, vers 5h du matin, ils sont venus défoncer la porte pour nous faire sortir. Je suis étranger à Kaporo. Je viens de Koba, dans la préfecture de Boffa. Je suis venu à Kaporo pour faire de la pêche ».
Parmi les prévenus, 5 étaient des mineurs. Par conséquent, le ministère public a sollicité de les renvoyer par-devant le tribunal pour enfants.
Dans ses réquisitions, le représentant du ministère public a fait savoir que Kalil Diawara et les 43 autres personnes ont été interpellés dans des endroits « malsains » à Kaporo en possession de substances psychotropes. C’est pourquoi, il a requis de retenir certains prévenus dans les liens de la prévention et de libérer d’autres. « Qu’il vous plaise de retenir dans les liens de la prévention les prévenus suivants : Aboubacar Bangoura, Kalil Diawara, Koffi Tolno, Alseny Cissé, Ibrahima Sory Camara, Abdoulaye Diallo, Issiagha Camara, Ibrahima Sory Sylla, Mohamed Damba, Moustapha Sankhon, Alya Camara, Almamy Doumbouya, Fodé Bangoura, Ousmane Camara, Mohamed Chika Camara, Mohamed Sacko, Moriba Théa, et par défaut, vous retiendrez dame Alice Grado, Hélène Tolno dans les liens de la prévention. Pour la répression vous les condamnerez à 6 mois d’emprisonnement… Qu’il vous plaise de renvoyer des fins de la poursuite pour délit non constitué les autres prévenus : Mohamed Sylla, Mohamed Mansa Mansaré, Kerfalla Oularé, Mohamed Bangoura, Mohamed Salifou Sylla, Abdoulaye Camara, Alhassane Sylla, Mohamed Sylla, Alexandre Grado, Gassimou Camara, Ibrahima Sory Soumah, Desmond Fakson, Ibrahima Sory Mansaré, Mohamed Lamine Camara, Mohamed Camara, Fodé Abass Soumah, Babagallé Camara, Yaya Sylla », a requis le Magistrat.
Pour leur propre défense, les prévenus vont tous demander pardon au tribunal
Dans son verdict rendu sur siège, le tribunal a déclaré certains coupables, et relaxé d’autres « Après en avoir délibéré, le tribunal déclare Mohamed Sylla, Mohamed Bangoura, Mohamed Salifou Sylla, Abdoulaye Camara, Alhassane Sylla, Alexie Graden, Ibrahima Sory Sylla, Desmond Facson, Moussa Mansaré, Mohamed Lamine Camara, Aboubacar Sylla, Yaya Sylla, Ibrahima Sory Doumbouya, Almamy, Kalil Diawara, Mohamed Damba, non coupables des faits à eux reprochés. Par conséquent, les renvoie des fins de la poursuite pour délit non constitué et ordonne leur mise en liberté immédiate… Déclare par ailleurs Alice Gradon, Hélène Kphogomou coupables, les condamne à 1 an d’emprisonnement, décerne mandat d’arrêt contre eux. Déclare en outre Abdoulaye Diallo, Issiagha Camara, Alseny Sylla, Alya Camara, Ousmane Camara coupables des faits à eux reprochés. Pour la répression, les condamne à 3 mois d’emprisonnement, assortis de sursis, et au paiement de 200 000 GNF d’amende. Ordonne la confiscation de la drogue saisie, placée sous scellé », a décidé le tribunal.
Kadiatou Barry pour Guineematin.com