Marie Jeanne agressée dans un avion de Brussels Airlines : la compagnie aérienne belge poursuivie en justice à Conakry

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Il s’agit d’un voyage de Conakry-Genève qui a mal tourné. Venue en Guinée pour y passer quelque temps, la partie civile, Marie Jeanne qui a également la nationalité Suisse, devait retourner à Genève. Mais une fois à l’aéroport Ahmed Sékou Touré de Conakry, elle aurait eu une altercation avec des agents de Brussels Airlines qui s’occupaient de l’embarquement des passagers. La plaignante accuse Fatoumata Doré, la cheffe adjointe des embarquements, de lui avoir fait payer 200 dollars pour un supplément de bagage, alors qu’elle avait déjà tout payé depuis Genève au niveau de l’agence hôtel plan où elle a acheté un billet aller-retour. Marie Jeanne ajoute que Fatoumata Doré et l’une de ses collègues lui ont aussi manqué de respect en préférant des propos déplacés à son encontre. Elle accuse également Fatoumata Doré d’avoir apporté des modifications à son billet. Une situation qui lui a causé d’énormes problèmes lors de son voyage. Car une fois l’escale de son vol à Dakar, un couple sénégalais l’avait agressé en l’accusant d’avoir occupé leurs places, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La principale accusée dans cette affaire, Fatoumata Doré, a comparu hier, jeudi 5 septembre 2024, devant le tribunal correctionnel de Mafanco. A la barre, la prévenue a reconnu avoir fait payer à Marie Jeanne 200 dollars. Toutefois, elle a nié avoir avancé des propos déplacés à l’encontre de la plaignante.

« Moi je ne gère que les départs, pas les arrivées. Quand elle partait, elle a enregistré trois valises. Un ticket n’a droit qu’à un seul bagage. S’il y a un supplément de bagage, le client ou la cliente doit payer pour en introduire d’autres. Quand elle a affirmé avoir droit à 3 bagages, je lui ai dit que ceci n’était pas mentionné sur son billet. Mais je lui ai demandé de me laisser vérifier sur le système de l’agence. Après vérification, j’ai trouvé qu’effectivement elle avait payé un excédent de bagage, mais pour 2, pas pour 3. Par conséquent, elle avait droit à 2 bagages. Et si elle voulait enregistrer le troisième, elle devait payer 200 dollars. Sinon, c’était soit elle part sans la troisième pièce, soit elle ne voyage pas tout simplement. Elle m’a dit de vérifier, car elle a déjà payé. Mais le temps que je finisse de procéder à cette vérification, elle allait rater son vol. Car ça allait prendre assez de temps. Alors je lui ai suggéré de payer l’argent sous réserve, comme ça si et seulement si elle avait payé, elle pouvait se faire rembourser dans n’importe quelle agence de voyage de Bruxelles Airlines partout dans le monde. Elle n’avait qu’à présenter le billet qui prouvait qu’elle a payé un excédent de bagage. En plus, le billet initialement émis a été modifié à Genève par l’agence de voyage qui lui avait vendu le billet. Moi je n’ai eu cette information après que sa plainte a été déposée. C’est parce que le billet a connu des modifications qu’elle a été obligée de payer les 200 dollars. Aussi, il n’y a jamais eu de propos déplacés entre l’agent qui s’est chargé de l’enregistrement et madame Marie Jeanne. Et moi non plus je ne lui ai jamais manqué de respect. La fiche qu’on m’a envoyée, il est mentionné trois bagages », a expliqué la prévenue.

Prenant la parole, le tribunal a fait savoir que l’agence partenaire a bien envoyé une note qui indiquait que Marie Jeanne avait payé chez eux un billet qui lui donnait le droit d’avoir 3 pièces pour l’aller comme le retour. Il a demandé à la prévenue comment cette information lui a échappé.

« Pourquoi vous n’avez pas remonté l’information vers l’agence qui avait émis le billet avant de la faire payer le 3ème bagage ? », a questionné le juge.

Et Fatoumata Doré de se défendre : « Parce que l’agent qui s’était chargé de modifier le billet avait omis de rattacher ce 3ème bagage au billet. Donc, la seule solution que j’avais était de lui faire payer la 3ème pièce sous réserve de se faire rembourser dans n’importe quelle agence de Bruxelles Airlines ».

Cependant, ces déclarations de la prévenue ont été battues en brèche par la plaignante Marie Jeanne, hôtelière en Suisse.

« Quand je suis venue pour m’enregistrer, elle m’a dit que je ne pouvais pas voyager. Car selon elle, je ne pouvais pas voyager avec tous mes bagages, que je n’avais droit à enregistrer qu’un seul bagage, alors que moi j’avais pris un billet qui me permettait de voyager à l’aller comme au retour avec mes 3 bagages. Mais elle refusait toujours, même après que j’ai insisté. Voyant qu’elle campait sur sa position, j’ai demandé à voir leur chef, et on m’a montré Fatoumata Doré. Alors je suis allée la voir pour lui expliquer. Je lui ai dit : j’ai eu un petit souci avec votre agent, moi je suis venue avec trois bagages, je dois retourner à Genève avec mes 3 bagages. Mais elle m’a dit non, qu’elle n’allait pas vérifier, ce que sa collègue m’a dit est la vérité absolue, que je ne devais que rentrer avec un bagage. Selon elle, je ne pouvais pas enregistrer les 10 kg. Quand j’ai insisté, elle m’a dit : vas te faire foutre. Il y avait une de leur collègue, Kadiatou Baldé que je connaissais à travers sa sœur avec qui je suis à Genève. Elle a essayé de faire comprendre à Fatoumata et sa collègue que mon billet était dans les règles, elles n’ont rien voulu comprendre. Elles ont dit que si je dois voyager, il faut que je paie 200 dollars. J’ai dit : moi je n’ai pas d’argent sur moi ici. Je n’avais que 50 mille francs guinéens. Alors j’ai demandé à Kadiatou si elle pouvait me prêter de l’argent dans leur caisse, elle m’a dit : oui. Et, c’est ainsi qu’elle m’a prêté l’argent en question et j’ai payé. Après je lui ai demandé ma quittance, mais elle ne voulait pas me la donner au début. J’ai insisté et j’ai dit que je n’allais pas quitter sans ma quittance, parce que je savais que partout dans le monde si tu paies un supplément de bagage, tu as droit à une quittance. C’est après qu’elle a décidé de me la donner. Et même avec ça, j’ai eu quelques complications au niveau de l’embarquement. Mais j’ai quand-même continué ma route », a expliqué la partie civile.

Poursuivant, la plaignante a confié que la modification de son billet lui a causé énormément de tort. Selon elle, elle a connu une mésaventure qui a été une humiliation totale pour sa personne. Elle raconte avoir été agressée à Dakar.

« Arrivée à Dakar, on a fait une escale. Et quand on est remonté à bord de l’avion, je suis allée m’asseoir à ma place initiale parce que pour moi c’était ma place. Mais entre-temps, un couple sénégalais est monté à bord et ils ont dit que j’occupais leur place. J’ai dit : non, c’est ma place, je suis assise ici depuis Conakry. C’est ainsi que le mari m’a brutalisé et a même déchiré mes habits, heureusement j’avais porté un collant. Après cet incident dans l’avion, le commandant du bord a cherché à comprendre. Il m’a demandé mon passeport, j’en avais deux, un passeport guinéen et un passeport suisse, alors j’ai montré mon passeport suisse. Et là, le commandant était étonné. Donc il a vérifié, et après vérification, il m’a informé que mon billet a été modifié au niveau de l’embarquement depuis l’aéroport de Conakry. Dès que je suis rentré à Genève, je suis allée vers l’agence hôtel plan pour plus d’éclaircissement et pour me faire rembourser. Mais une fois là-bas, ils m’ont fait comprendre que ce n’était pas à leur niveau, mais plutôt l’erreur vient de l’agence Bruxelles Airlines. Donc je ne pouvais pas laisser passer cet affront, parce que je me suis sentie humiliée dans mon propre pays. A l’aéroport, Fatoumata Doré m’avait dit : vas te faire foutre, ici il n’y a pas de loi. C’est pourquoi j’ai pris un billet d’avion pour revenir à Conakry afin de lui montrer que la loi existe belle et bien, et j’ai porté plainte contre elle et Bruxelles Airlines, parce je ne pouvais pas accepter qu’on me manque de respect dans mon propre pays », a déclaré Marie Jeanne.

Lors des débats, la prévenue a reconnu qu’après vérification, il s’est avéré que Marie Jeanne avait payé un excédent de bagage.

« Oui, après toutes les vérifications, on a trouvé qu’effectivement madame a payé pour 3 bagages. Donc, oui elle a le droit d’être remboursée », a avoué Fatoumata Doré. 

Finalement, le tribunal a renvoyé l’affaire au 12 septembre 2024 pour les réquisitions et plaidoiries. Il a aussi ordonné la comparution des témoins cités.

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Mariama Barry pour Guineematin.com

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