Depuis quelque temps en Guinée, le livre numérique gagne du terrain chez les amoureux de la lecture, surtout au sein de la jeunesse. Ce format de livre, naturellement très facile à transporter et à partager, sommeille dans plusieurs téléphones Android, les tablettes et les ordinateurs. C’est à peine s’il ne menace pas l’existence du livre traditionnel (livre papiers) et le travail des bibliothèques et des librairies.
Dans un entretien accordé à Guineematin.com, Mohamed Lamine Camara, en service aux éditions Harmattan Guinée, a apporté des éclaircissements sur cette question qui taraude parfois les esprits. Il assure que le livre numérique est un nouveau service pour les maisons d’édition et les librairies. Mais, il précise que son “utilisation illégale” peut porter préjudice à l’industrie du livre.
Décryptage !
Guineematin.com : Quelles sont les conséquences du livre électronique sur les bibliothèques et les librairies ?
Mohamed Lamine Camara : En général, les livres électroniques sont un nouveau service pour les maisons d’édition et les librairies. C’est un nouveau moyen d’accès à la culture et à l’information. On le commercialise comme un nouveau produit, en fonction des préférences de lecture du client ou du lecteur qui fait le choix. Le livre électronique a un avantage de raccourcissement du délai. Quand tu le veux, en un clip, tout de suite, tu peux l’avoir en fonction des préférences de lecture, parce que c’est une question générationnelle. Chacun a ses plaisirs. D’autres préfèrent le papier et d’autres l’électronique. En tant que tel, il n’est pas mauvais. Il est par contre une source de revenu pour les maisons d’édition et les librairies tant que son utilisation est légale. Ce qui peut porter dommage ou préjudice aux maisons d’édition et aux librairies, c’est son utilisation illégale. Quand un client achète un livre électronique, il doit avoir un usage privé. C’est lui qui personnellement utilise ce livre, ou le livre ne doit pas aller au-delà de son espace familial. Une fois qu’il met ça sur une sphère publique, ça devient préjudiciable. Il porte atteinte, sur le plan économique, à l’éditeur, au libraire. Et du coup, il peut bloquer un processus de financement de la création. Quand on fait un investissement, les maisons d’édition sont des entreprises qui attendent des retours sur investissements. Ils doivent pouvoir refinancer une nouvelle création. Si cette utilisation est illégale, ça freine les entrées d’argent, ça porte préjudice à la création, ça porte préjudice à l’emploi, ça porte préjudice à l’entreprise. C’est pourquoi il faut conseiller qu’un livre électronique doit être utilisé dans l’optique dans lequel il a été acheté. Il doit être utilisé dans une sphère privée.
Guineematin.com : selon vous, quels sont les avantages du livre papier ou imprimé ?
Mohamed Lamine Camara : En tant que professionnel du livre, je ne cherche pas à opposer le livre papier au livre électronique. C’est deux services que nous proposons aux clients. Chacun fait son choix en fonction de sa préférence. Certains aiment le livre papier parce qu’il repose les yeux. Il a une facilité de manipulation. Quand on lit avec le papier, on peut faire une pause, on peut faire des annotations. On peut toujours facilement revenir sur une partie incomprise ou oubliée. On peut facilement écrire sur des bouts de papiers ou bien faire des marquages des phrases, des belles formules entre autres. Mais il y en a d’autres qui préfèrent le livre électronique, parce que nous sommes dans l’ère du numérique. Il y a d’autres qui préfèrent lire sur des tablettes, des téléphones ou sur l’ordinateur en fonction de leur préférence, même si ça peut être à long terme nuisible pour les yeux. Parce que quand on est trop exposé à l’écran, ça peut être nuisible pour nos yeux. Donc, l’utilisation doit être modérée.
Guineematin.com : quel rôle le livre a-t-il joué dans le développement de la Guinée ?
Mohamed Lamine Camara : Le livre est incontournable dans le développement d’une nation. Parce que c’est un moyen de transmission du savoir, de réflexion et de l’analyse. C’est aussi un outil économique au-delà de son aspect culturel, parce qu’il aide à cultiver et à informer. C’est un outil économique parce que c’est une industrie. Quand on prend la chaîne du livre, il y a beaucoup de maillons qui sont rémunérés. L’auteur, à partir des droits que lui verse la maison d’édition, c’est un avantage économique. Le libraire trouve son compte, l’éditeur… Le livre en général joue un rôle très important parce qu’il aide à la création de l’emploi. C’est aussi un outil de transmission de savoir. Il aide à acquérir de nouvelles connaissances. C’est un outil de partage de la connaissance. Nous devons promouvoir le livre aujourd’hui en Guinée. Il doit être dans le quotidien du Guinéen.
Guineematin.com : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la vente du livre en Guinée ?
Mohamed Lamine Camara : Le pouvoir d’achat est très faible. Il y a 10, 15 ans, le livre n’était pas présent dans l’actualité nationale en Guinée. Mais aujourd’hui, de plus en plus les gens s’y intéressent. Il suffit juste de regarder l’actualité. Ça commence à venir petit, même si nous souhaiterions que ça aille plus vite que ça.
Guineematin.com : Quel message lancez-vous à l’endroit des guinéens ?
Mohamed Lamine Camara : Il faut lire. Le livre est un moyen d’accès à la culture, au savoir, à l’information. C’est un outil incontournable non seulement pour le développement de l’individu, mais pour le développement de notre nation. Il faut promouvoir le livre, il faut promouvoir la lecture dans nos familles, dans nos écoles, dans nos quartiers ou dans nos communes. Parce que c’est important pour le développement de notre pays.
Entretien réalisé par Kaïn Naboun TRAORÉ pour Guineematin.com
Tel : (+224) 621144891