Le vol d’un nouveau-né, au centre hospitalier universitaire Ignace Deen, en plein cœur de Conakry, suscite la stupeur. Les faits se sont produits le 16 août 2024 à la maternité dudit hôpital, plongeant les parents du bébé, de sexe féminin, dans l’émoi et l’incompréhension. Interrogés par une équipe de Guineematin.com, Abdoulaye Barry et sa femme Oumou Hawa Barry ont exprimé leur désarroi face à la disparition de leur bébé, 3 jours après sa naissance.
Abdoulaye Barry, le père du bébé, explique les raisons de la présence du couple à l’hôpital Ignace Deen.
« Dans la nuit du lundi 12 août 2024, nous sommes allés à Taouyah, au CMC de Ratoma. C’est là que ma femme a été suivie pendant sa grossesse. Nous sommes restés jusqu’au lendemain à 6h. On nous a dit qu’elle ne peut pas accoucher d’elle-même, qu’il faut une opération par césarienne. Je leur ai demandé d’attendre je vais appeler mon grand frère pour l’informer, comme je ne connais rien dans ça. Ils m’ont dit non, comme c’est une autre personne qui décide pour toi, nous n’allons plus faire l’opération. On les a suppliés, mais ils n’ont pas accepté. Mon frère est venu entre temps. Il a fait pareil, mais ils n’ont pas accepté. Ils nous ont remis un papier, nous demandant d’aller à Ignace Deen. Ils nous ont mis dans une ambulance en compagnie d’un médecin. Ma femme souffrait beaucoup. Nous sommes arrivés à Ignace Deen vers 9h. Ils ont fait une opération. Elle a accouché à 9h00. Moi, j’étais au dehors », explique le mari.
Trois jours après avoir accouché d’une fille, Oumou Hawa Barry, âgée de 19 ans, constate la disparition de son bébé.
« C’était la nuit. Une dame est venue me trouver. Elle m’a saluée et j’ai répondu. Le lendemain vers 8h, la dame est revenue. J’étais seule. Elle m’a informée que je dois vacciner le bébé. Elle me dit de lui remettre le bébé, elle va mettre une colle sur sa main d’abord pour que quand nous arriverons au lieu de la vaccination, nous n’allons pas durer. Ceux qui font la vaccination sauront que nous avons passé la nuit ici. Elle a pris le bébé avec moi. Elle est sortie avec le bébé. Ma sœur était allée aux toilettes au moment des faits. À son retour, elle m’a demandée où se trouve le bébé ? Je lui ai répondu que la dame a pris le bébé pour la vaccination. Elle a continué en me disant si ça vient de se passer. J’ai dit oui. Ma sœur est sortie la rechercher mais elle ne l’a pas vue. Nous sommes tous sortis à la recherche de la dame, on ne l’a pas vue. La femme qui a pris mon bébé n’est pas médecin. Elle ne portait pas de blouse. Elle avait mis le voile au visage et portait une robe », relate-t-elle.
Interrogé par notre reporter, Abdoulaye Barry, le père du bébé volé, affirme qu’il n’y a eu aucun résultat positif depuis qu’ils sont sortis de l’hôpital. « Quand nous avons porté plainte au tribunal de Mafanco, ils nous ont dit de quitter l’hôpital. Ensuite, on avait expliqué notre déboire au directeur de l’hôpital. Celui-ci avait pris mon numéro. Il m’a dit qu’on peut sortir. Et s’ils ont des nouvelles, ils vont nous appeler. Jusqu’à présent, nous n’avons aucune information… »
Quelques jours plus tard, le couple a été appelé pour venir récupérer « leur bébé ». Pour Abdoulaye Barry, le bébé qu’on leur a présenté n’était pas le sien. Il ne ressemble pas à sa fille puisqu’il avait pris une photo d’elle avant le vol. Selon lui, ce bébé qu’on leur a présenté a été retrouvé abandonné à Kountia, dans la commune de Tombolia, disant qu’on voulait coûte que coûte qu’il le prenne. Mais, il dit avoir refusé.
Cette perte d’un être cher, surtout d’un bébé, affecte le moral du jeune couple. Abdoulaye Barry parvient à dormir difficilement. « Quand je suis à mon lieu de travail, les clients me demandent ce qui ne va pas, je leur réponds que j’ai des soucis à cause de la perte de mon bébé. Ils me conseillent de ne pas trop m’en faire. C’est la volonté de Dieu. Je leur dis : pas de problème. Quand je rentre chez moi, difficilement je parviens à dormir. Je passe tout mon temps à me demander que faire. Tout ça, parce que je suis pauvre et que je ne bénéficie pas de soutien. Cela me stresse beaucoup. Les gens me disent que c’est la volonté de Dieu. S’Il le souhaite, vous allez retrouver votre bébé. À cause de ses mots, je me soulage un peu. Chaque jour, c’est comme ça. Quand je suis seul, c’est à ça seulement que je pense. Je demande au ministre de la santé de nous aider à cause de Dieu pour qu’on retrouve notre enfant. Je demande au président Mamadi Doumbouya de nous aider à retrouver notre bébé…. »
Même son de cloche chez Oumou Hawa Barry. « Actuellement, même quand je mange, je ne digère pas. Quand je me couche, je ne fais que penser à mon bébé. Je n’arrive plus à faire quoi que ce soit. Je ne pense qu’à mon bébé. Je demande à tout le monde de nous aider et de partager la vidéo que vous êtes en train de faire », sollicite-t-elle.
Joint par téléphone, Professeur Mamadou Dadhi Baldé, directeur de l’hôpital Ignace Deen, a dit ne rien savoir dans cette affaire de vol de bébé.
Boubacar Diallo et Mohamed Lamine Touré pour Guineematin.com