Inondations à Forécariah : le DPS alerte sur les risques sanitaires et fait des recommandations

Dr Aly Fancinadouno, directeur préfectoral de la santé de Forécariah

Les inondations dévastatrices survenues ces dernières 72 heures à Forécariah ont provoqué des dégâts matériels dans quatre quartiers de la préfecture. Les eaux de ruissellement mélangées à des eaux souillées peuvent provoquer des maladies chez les populations affectées par les inondations. Interrogé par une équipe de Guineematin.com dépêchée sur place, Dr Aly Fancinadouno, directeur préfectoral de la santé de Forécariah, est revenu ces risques sanitaires avant de prodiguer des conseils utiles pour les minimiser.

 « On a vécu dans un environnement où on a tous nos matériels de travail : des machettes, des dabas, des couteaux, des objets tranchants, piquants qui jonchent notre cour qui est inondée par l’eau. Quand on y revient parfois, c’est avec des paires de chaussures en plastique, donc on a le risque de se faire piquer, de se faire couper par les objets tranchants, piquants. On ne sait même pas qu’est-ce qui est en bas de ces eaux-là. Les animaux qui vivent dans l’eau, dans la mer, ils peuvent remonter. Les crocodiles vous le savez bien. Là une fois qu’il y a l’inondation tout remonte. Il y a les serpents qui sortent de leur cachette et qui peuvent nous mordre pendant qu’on est en train de chercher à sauver les biens. Donc, indépendamment de tout ce qui est maladies liées à l’eau trouble, à l’eau sale, revenir sur les lieux nous expose à des risques majeurs. Comme vous le savez, nos coutumes nous permettent parfois d’enterrer nos morts autour de nous. Il y a beaucoup de familles à Forécariah qui ont leurs caveaux autour de leur maison. C’est autour de ces mêmes caveaux que nous avons nos puits où on s’approvisionne en eau pour les travaux ménagers parfois même pour être bu, l’eau de boisson pour la plupart. Je n’ai pas envie de dire que Forécariah n’a pas d’eau potable mais elle est insuffisante pour presque plus que la moitié de la population. Donc les gens s’approvisionnent soit au niveau des forages soit au niveau des puits améliorés qu’ils traitent. Aujourd’hui, tous les puits communiquent avec les fosses septiques, avec les tombeaux pour ceux qui ont des caveaux dans leur maison. L’eau de ruissellement aussi qui vient d’ailleurs a fini donc d’envoyer et de se mélanger avec l’eau qui est remontée des inondations.

Le fait de toucher cette eau seulement nous expose à plusieurs germes que l’on ne maîtrise pas du tout. Si nous avons des lésions corporelles, ça veut dire que les portes d’entrée sont ouvertes pour n’importe quelle maladie et avec un développement rapide de ce qu’on appelle septicémie, c’est-à-dire des infections généralisées. Deuxièmement, la plupart des maladies que nous enregistrons pendant la saison de pluie, ce sont des maladies liées à la consommation de l’eau impropre. Aujourd’hui la porte est ouverte pour la plupart de ces quartiers périphérique de Forécariah qui sont inondés », a-t-il décliné.

Le vice-président du comité de crise de ces inondations a fait des recommandations aux sinistrés pour éviter les pathologies.

« Nous recommandons vivement que les populations de Forécariah sinistrées n’utilisent pas ces eaux-là. La plupart des feuilles qui viennent dans le marché, pour la sauce, pour la cuisine, parce que nous sommes presque tous des végétariens, des herbivores, il faut le dire comme ça, les feuilles de patates, de pétales feuilles cultivées dans les potagers autour de nos maisons, ont été contaminées même si l’eau s’est retirée. Dès que l’eau se retire, les femmes s’y rendent pour récolter ses feuilles et venir vendre au marché. Parfois, ce n’est pas lavé, ce n’est pas traité. Nous conseillons aussi vivement de surseoir à la consommation de ces feuilles là pendant cette période des inondations. Quand vous dites aux gens de les laver, c’est très difficile de pouvoir maîtriser parce que déjà où est-ce qu’il faut trouver suffisamment de l’eau pour laver ? Ils n’ont aucune possibilité de traiter avec l’hypochlorite comme nous le faisons dans les hôpitaux. À cette période cruciale, nous recommandons vivement à tous les sinistrés de se rapprocher premièrement, les points de regroupement qui sont des écoles qui ont été identifiées, des sites publics où les gens peuvent venir vivre regroupés. Cette chaleur humaine là, vous permet en tout cas de courir moins de risques d’exposition aux intempéries.

Nous recommandons vivement aussi aux parents de bien couvrir les enfants parce qu’ils ne sont plus dans les maisons où tout était couvert et fermés pendant la nuit quand les gens sont en train de dormir. Le vent qui souffle, la pluie qui continue à tomber avec des gouttelettes qui traversent les fenêtres. Tout ça expose et les personnes âgées, les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans sont très vulnérables. Maintenant, il y a en tout cas toujours un point d’eau proche que ce soit un forage, que ce soit un autre puits mais qui n’est pas dans les zones de dépression qui ont été affectées pour que les gens s’approvisionnent même pour les travaux de ménage, même pour se baigner. Voilà, en quelque sorte la conduite qu’il faudra tenir pendant cette période-là pour minimiser les risques d’attraper ou de développer des pathologies. Parce que notre organisme, il s’adapte mais il réagit aussi au changement de conditions de vie. Nous sommes porteurs de certains germes avec lesquels on vit, mais dès que nos conditions de vie ou l’environnement change, ces germes-là deviennent agressifs. Donc les maladies se déclenchent en fonction de la vulnérabilité de l’environnement dans lequel on vit. Donc il est extrêmement important en cette période-là que l’on suive régulièrement dès qu’il y a le moindre signe, douleurs abdominales, fièvres, on demande aux gens de se rendre à l’hôpital parce que systématiquement, on est pris en charge et gratuitement grâce aux dispositifs que nous avons mis en place. Et de manière permanente, ce dispositif fonctionne et il va continuer à fonctionner. Le médecin sera là pour les recevoir. Les infirmiers seront là pour les soigner et ce sera sous l’œil vigilant du directeur de l’hôpital et de son équipe. Le surveillant général de l’hôpital, il est l’un des membres la Commission santé au niveau du dispositif qui est mis en place au niveau de la préfecture… », a fait savoir Dr Aly Fancinadouno, directeur préfectoral de la santé.

Depuis ForécariahKaïn Naboun TRAORÉ, Boubacar DIALLO et Mohamed Lamine TOURÉ pour Guineematin.com 

Tel : (+224) 621144891

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