Un conflit domanial, vieux de 22 ans, refait surface à Conakry. Le domaine litige abrite un immeuble R+6 au quartier Boussoura, dans la commune de Matam. Almamy Seny Touré, dont le père est décédé depuis longtemps en rapport avec cette affaire, est revenu avec d’autres membres de la famille réclamer justice pour le défunt Sékou Mady Touré. Ils accusent un certain Thierno Sadou Barry, opérateur économique, d’avoir agi en complicité avec certains membres de la famille pour acheter les lieux. Dans la matinée de ce lundi, 09 septembre 2024, ils sont réunis sur les lieux pour réclamer justice, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
A l’entame, Almamy Seny Touré a expliqué l’origine du différend. « En 2002, je crois, je discutais avec mon père, il m’a fait savoir qu’il y a des Peuls qui sont venus ici, un certain Thierno Sadou Barry. Il voulait acheter la maison, mais mon père s’est opposé. En 2003, précisément le 6 juin, Thierno Sadou Barry et un oncle de mon père, du nom de Alima Sory Traoré, ont conspiré pour venir assassiner mon père. Ils ont envoyé des policiers et des gendarmes à la maison ici, à 6h du matin. Il y avait un policier du nom de Rambo et un autre commandant, qui sont décédés malheureusement, et à l’époque, l’affaire se trouvait avec le commissaire Socrate qui est aussi décédé. Donc, ils ont tué mon père, il a été étranglé. On est allé à la justice. Malheureusement, il se trouve qu’à chaque fois qu’on va à la justice, Thierno Sadou donnait de l’argent à certains traîtres qui sont dans cette affaire-là. Et quand je l’ai appelé la dernière fois, avant-hier, qu’est-ce qu’il m’a dit, qu’il a donné 2 milliards à l’actuel ministre de la justice, et que cette affaire n’aura pas de suite. C’est pourquoi j’ai mobilisé toute la famille, parce que pour moi, ce n’est pas une question d’héritage pour le moment, c’est le fait qu’on ait tué mon père, je voudrais que justice soit rendue. Maintenant, ce qui touche à l’héritage, c’est après », a déclaré Almamy Sény Touré.
Par ailleurs, notre interlocuteur a expliqué qu’au moment des faits, il n’était qu’un adolescent candidat au baccalauréat. Aujourd’hui, il réclame justice, même si, selon lui, certains membres de sa famille sont en train de le poignarder dans le dos.
« Quand les choses se sont déroulées, je n’étais qu’un jeune qui passait son bac. Mais aujourd’hui, 22 ans après, je suis venu réclamer justice pour mon père, Sékou Mady Touré. Ma sœur ne peut pas venir, elle est à Bamako. Moi, je vis à Dakar. Mais, j’ai tout laissé tomber pour venir me battre pour que justice soit rendue. Parce qu’à l’époque, quand j’ai porté plainte, le nommé Socrate, l’ancien commissaire de police de Matam, m’avait dit de laisser tomber l’affaire. Il m’a dit que Thierno Sadou a de l’argent, c’était 2003, il était vachement riche. Malheureusement, il y a certains membres de la famille qui vont prendre de l’argent chez Thierno Sadou Barry pour mettre le pied sur cette affaire. A chaque fois que je l’appelle depuis Dakar, il me dit, ne te fatigue pas parce que je vais payer de l’argent aux magistrats. Et pas plus tard qu’hier, il me dit qu’il a donné 2 milliards à l’actuel ministre de la justice, et que cette affaire n’aboutira pas. Mais, je sais qu’il y a une justice dans ce pays », a déclaré Almamy Sény Touré.
Parlant des implications supposées de certains membres de la famille dans cette affaire, monsieur Touré accuse : « Thierno Sadou Barry se permet de faire du faux et usage de faux. Il a falsifié les documents de notre grand-père, en complicité avec Alima Sory Traoré pour imiter la signature. On a tous ces documents-là. C’est pourquoi aujourd’hui, la famille s’est réunie pour qu’on puisse venir et réclamer ce qui nous est dû. Nous avons tous les papiers avec nous. Non seulement nous avons les papiers, mais nous avons même des mails, prouvant l’authenticité des conversations qui se tenaient entre Alima Sory et Thierno Sadou Barry. Et c’est Alima Sory lui-même qui m’a dit de venir faire ce que je veux et qu’il n’a rien à voir », a-t-il laissé entendre.
Interrogé à ce sujet, Mohamed Lamine Touré, le chef du quartier de Boussoura, dit que c’est ce lundi matin qu’il a été informé du problème. Il précise qu’ils sont en train d’envisager des solutions pour résoudre le différend.
« Pour être franc, cette affaire a commencé, je n’étais pas encore là. Mais d’après les informations que j’ai reçues ce matin, c’est un problème qui date de 22 ans et qu’il y a eu mort d’homme. Tôt ce matin, quatre personnes sont venues me voir, dont un s’est présenté comme étant le fils de l’homme qui a trouvé la mort dans le conflit. Il m’a expliqué le but de leur présence sur les lieux et je lui ai fait comprendre que je n’étais pas informé de l’existence d’un tel problème dans le quartier parce que mes prédécesseurs sont tous décédés et je n’ai trouvé aucun dossier dans les archives concernant cette affaire. Alors, il m’a dit qu’un certain Sadou Barry a racheté leur domaine avec de faux papiers et a causé la mort de son père, et qu’il veut avec les autres membres de sa famille manifester pour rendre justice à son père et éventuellement récupérer leur dû. Je leur ai proposé de choisir deux à trois personnes pour qu’on aille ensemble voir les autorités judiciaires, à la gendarmerie, peut-être que ceux-ci vont les écouter et trouver une solution. Aussi, nous allons chercher à contacter celui qui a racheté le domaine et avec ceux-là qui revendiquent, pour essayer de trouver une solution à l’amiable. Mais pas seulement auprès des autorités du quartier, nous appellerons la mairie et les autorités judiciaires, afin d’amener les deux à s’entendre », a fait savoir le chef de quartier.
Il convient de souligner que pour équilibrer l’information, notre reporter a joint Thierno Sadou Barry, mis en cause dans cette affaire et actuel occupant de l’immeuble qui fait objet de ce conflit. Joint par téléphone, monsieur Barry a dit que le problème ne le concernait pas et que ce n’est pas lui qui a acheté le domaine. Notre insistance n’a pas eu raison de sa volonté de garder le silence dans cette affaire.
Dans ses déclarations, Almamy Seny Touré a confié avoir échangé des messages houleux avec l’oncle de son père, Alima Sory Traoré, qui aurait falsifié les documents.
Mariama Barry Pour Guineematin.com
