Autrefois considéré comme un métier d’hommes, la vulcanisation commence à intéresser la gente féminine. C’est le cas de dame Hawa Sylla, âgée de 32 ans, qui a réussi à percer dans ce métier qu’elle exerce avec passion. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, la jeune femme a expliqué comment elle en est arrivée là et son rêve de promouvoir ce métier auprès des jeunes filles.
Elle est l’une des rares femmes pour ne pas dire la seule femme à pratiquer ce métier à Conakry. Courageuse et débordante d’énergie, Hawa Sylla évolue dans le domaine de la réparation des pneus, la vulcanisation. Dans son garage, elle s’active entre cloueuses, agrafeuses, perceuses, marteaux et les clés à chocs.
Elle exerce ce métier depuis bientôt 1 an et demi, au même titre que son mari. « Avant, j’étais vendeuse au marché, mais mon mari était vulcanisateur. Alors quand je terminais au marché, je venais ici au garage auprès de lui. C’est ainsi que j’ai pris goût au métier, et petit-à-petit, j’ai commencé à apprendre. Et maintenant, je peux dire que j’aime bien faire ça. Donc, cela fait un an et 5 mois depuis que j’ai commencé à travailler ici avec mon mari et aujourd’hui je peux dire Alhamdoulilaye, je gagne bien ma vie et j’ai même arrêté de vendre au marché. Actuellement, je peux presque tout faire. Je répare des motos, des pneus de voitures et beaucoup d’autres chose. Aussi, on reçoit beaucoup de clients. Beaucoup de patrons, quand ils me voient travailler, ils sont fascinés, ils s’arrêtent pour voir et m’encourage à continuer et dès que leurs voitures ont des problèmes, ils reviennent pour que je les répare pour eux », a-t-elle expliqué.
S’exprimant sur les préjugés selon lesquels ce métier est un métier d’hommes, Hawa Sylla pense que le temps de catégoriser les métiers est révolu. « Il y a des gens qui pensent que le métier de vulcanisateur est un métier pour les hommes, mais moi, je dis non. C’est un travail comme n’importe quel autre. Il n’est pas forcément dit qu’il est fait pour les hommes, les femmes aussi peuvent le faire. La seule condition, c’est d’être passionné par ce qu’on fait. Moi en tout cas, j’aime bien ce boulot. Aussi, on a dépassé le temps de classer les métiers selon le genre. En plus, actuellement, les temps sont durs et les hommes ne peuvent pas s’en sortir tout seul, il faut qu’on s’entraide. Donc là où je suis, personne ne peut me décourager, car j’adore ce que je fais », a-t-elle laissé entendre.
En outre, Hawa Sylla prodigue des conseils aux femmes et aux jeunes filles. « Aux filles qui disent que ce travail est un travail salissant, je leur dirai tout simplement, tout boulot demande un certain nombre de sacrifices et qu’aucun travail n’est parfait. En plus, si tu veux faire un travail noble et gagner ton argent à la sueur de ton front, il faudra bien se salir à un moment ou à un autre. Donc, j’invite les femmes et les jeunes filles à se battre. Je ne dis pas qu’il faut forcément faire ce boulot ci, mais de faire quelque chose dans leur vie. Par exemple, faire la couture, revendre ou faire autre chose de par elles même sans que cela ne soit l’argent que leurs maris ou les hommes leur donnent. Il faut qu’elles apprennent à être indépendantes », a conseillé Hawa Sylla.
Mais comme tout autre métier, cette femme passionnée par son travail rencontre quelques difficultés. Elle demande à l’Etat et aux personnes de bonnes volontés de lui venir en aide. « Ce qui est un peu difficile pour moi, c’est la réparation des moteurs et le démontage des pneus. Mais présentement, je ne me débrouille pas mal. Et de façon générale, les difficultés que nous rencontrons, c’est le manque de matériels surtout. Parfois, on peut nous envoyer ici des voitures à réparer alors qu’on n’a pas tout le matériel nécessaire pour la réparation… C’est la principale difficulté que nous avons ici. Sinon dans l’ensemble, ça va. Donc, je demande à l’Etat et aux personnes de bonnes volonté de me venir en aide dans ce sens », a-t-elle demandé.
Déterminée et travailleuse, Hawa Sylla se projette déjà dans l’avenir. Elle entend transformer son garage en une grande entreprise. « Je ne fais pas ce métier juste pour un temps. Je crois que même si je travaille pendant 20 ans dans ce métier, je ne l’abandonnerais pas pour un autre, parce que j’aime ce métier. Ainsi, mon rêve aujourd’hui est de pouvoir l’agrandir, en faire un grand garage, une entreprise même, pour que d’autres femmes aussi puissent me rejoindre dans le métier. Donc, il n’y y a pas à dire que je le fais juste pour 5 ou 10 ans pour à la fin me tourner vers autre chose non. Je souhaite en faire une entreprise de renom afin que même mes enfants puissent y travailler…. », a-t-elle souhaité.
Mariama Barry pour Guineematin.com