Depuis quelque temps, on a constaté une grande affluence de cinéastes sur les réseaux sociaux. Désormais, les contenus qu’ils créent ne sont presque plus matérialisés en CD. Les jeunes acteurs et humoristes utilisent plus Facebook, YouTube, TikTok ou Instagram pour partager leurs productions.
Interrogés sur le sujet, ces jeunes passionnés du 7ème art pensent que cela est dû à l’évolution de la technologie dans le monde. Au micro de Guineematin.com, ils se sont largement exprimés sur la question. Sanoussy Diallo, acteur passionné, estime que le monde a changé.
« Cela est dû à l’évolution du monde. Le monde a changé, le temps passe et les mentalités changent également. Donc ce qui était hier ne peut être possible aujourd’hui. Mais, s’il y a de nouvelles choses meilleures qu’hier, c’est nécessaire de pratiquer ces choses. Donc cela est dû à l’évolution de la technologie ; parce qu’aujourd’hui, la technologie, on ne peut pas vivre sans elle. Donc d’autres profitent positivement et par contre d’autres négativement. Nous nous en sortons bien avec les réseaux même si ce n’est pas comme nous le souhaiterions mais ça va quand-même… D’un autre côté, il y a un gros problème avec les réseaux. Premièrement, ce sont les réseaux sociaux qui ont appauvri le cinéma guinéen en question. Parce que tu peux te lever un beau matin, tu ne connais rien du cinéma, tu viens avec ton petit téléphone, avec tes maigres connaissances, tu dis : ouais, je vais faire des vidéos. Les gens le font tout simplement parce que les autres l’ont fait. Il ne faut pas le faire juste parce que les autres l’ont fait, sans aucune notion. Aujourd’hui vous allez rencontrer beaucoup de gens sur les réseaux qui se disent : je suis comédien, je suis acteur, je suis ceci et cela. Alors qu’à la base, même toi qui regardes, tu peux mieux faire que ce qu’ils font. D’ailleurs, leur cinéma guinéen n’inspire plus, donc c’est tout à fait un gros problème. Alors que s’il n’y avait pas les réseaux sociaux là, on allait être en groupe, faire un travail d’équipe ou peut-être se renseigner davantage. Parce qu’en ce moment, c’est beaucoup d’argent qui allait être dépensé pour réaliser un film. Donc, ça allait être un travail de qualité parce qu’on a misé quelque chose. Beaucoup de pays ont pu profiter positivement de l’avènement des réseaux sociaux aujourd’hui. Malheureusement ce n’est pas le cas de ma Guinée », a-t-il déploré.
Pour cet acteur, la meilleure solution au problème cinématographique en Guinée, c’est l’éducation. Aussi le BGDA doit s’adapter à la nouvelle technologie pour pouvoir gérer les réseaux guinéens.
« A un moment donné, nous allons situer les responsabilités. Les lois sont faites pour ça, le BGDA est là pour ça. Il est là, mais je suis désolé, il ne joue pas pleinement son rôle parce que c’est à lui de veiller sur le cinéma, sur tout ce qui est création de contenu. Alors si l’ancienne façon de faire a changé, désormais il faut s’adapter à la nouvelle façon de faire. Il faut que la technologie du BGDA arrive à se développer pour pouvoir contrôler le Facebook guinéen, le TikTok et YouTube guinéen. Parce que la protection des droits d’image, c’est à eux de le contrôler. Mais aujourd’hui, tu vas faire une vidéo ici, tu vas voir en un clin d’œil toute la Guinée va découper cette vidéo, sans tenir compte de celui qui l’a créé. Pendant ce temps, ce sont les autres qui en bénéficient alors que toi qui t’es battu pour le réaliser, tu ne gagnes absolument rien. Et en vrai, l’État à sa part, les parents ont leur part et les créateurs aussi ont leur en ce qui concerne les tare
s du cinéma guinéen. Donc, que chacun prenne ses responsabilités », a-t-il indiqué.
Abondant dans le même sens, cet autre comédien, Mamadou Alpha Diallo dit “Bappa Alpha”, affirme qu’utiliser les réseaux sociaux est plus adapté que les CD dans le monde d’aujourd’hui.
« Vous savez, tout le monde a une télé, mais ce n’est pas tout le monde qui a un lecteur DVD. Aussi, actuellement tout le monde a un téléphone, ce qui n’était le cas il y a quelques années auparavant, sans compter que maintenant les choses marchent plus sur les réseaux sociaux qu’avec les CD. Les gens préfèrent aller visionner les contenus sur les réseaux, ils n’achètent plus les CD… Dans la plupart de mes contenus, je ne prodigue que des conseils en m’inspirant des choses qui se sont passées, qui se passent dans la vie quotidienne ou qui sont d’actualités. Je suis passionné par ce que je fais et je peux confirmer aujourd’hui que je gagne bien ma vie. Et si vous voyez que de nos jours beaucoup de personnes ayant des téléphones ont créé des pages, c’est parce que quelque part c’est rentable. La comédie est un métier qui est beaucoup minimisé en Guinée, pourtant la comédie est un vrai métier qui n’est pas du tout facile, (…) parce qu’il est très difficile de faire rire les gens. Il y a beaucoup de comédiens, donc le simple fait que tu puisses te démarquer des autres est un vrai exploit. Donc à tous les jeunes passionnés du cinéma et qui veulent le vivre, qu’ils prennent le courage de se lancer car tout est une question de courage », a-t-il indiqué.
Mariama Barry pour Guineematin.com