Extension du terrorisme en Afrique : « C’est l’incapacité des dirigeants à résoudre leurs contradictions… » (Baadiko, UFD)

Mamadou Baadiko Bah, président de l'UFD

Ces dernières décennies, l’on a constaté une extension inquiétante du terrorisme en Afrique, surtout en Afrique de l’Ouest. Le Mali, le Nigeria, le Burkina, le Niger, ont vu une partie de leurs territoires envahie par des terroristes qui sèment la mort sur leur passage. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, Mamadou Bah Baadiko, président du parti Union des forces démocratiques (UFD), est largement revenu sur les causes de cette tragédie dans la zone ouest-africaine. Des causes aux solutions en passant par les conséquences du terrorisme, le leader politique a fait une analyse exhaustive de la problématique.

A l’entame, le président de l’UFD est revenu sur le terme terrorisme et les buts poursuivis par les terroristes. « C’est l’usage d’armes les plus destructrices possibles pour asséner des frappes meurtrières et aveugles contre des populations innocentes et très accessoirement contre les forces armées adverses. Le but est d’inspirer aux larges masses une peur existentielle, afin d’obtenir un changement politique ou pour empêcher un tel changement. La raison peut être aussi pour imposer une idéologie ou une dictature ou encore pour punir des entités politiques, communautaires ou religieuses. Le terrorisme peut être pratiqué par des groupes privés ou même par des Etats. Dans ce dernier cas, c’est le terrorisme d’Etat. Ces États qui se lancent dans la terreur contre leurs populations ou une partie d’entre elles, sont généralement soutenus par l’étranger. C’est ce qui s’est passé lors du génocide des Tutsis et des Hutus modérés au Rwanda en 1994 », a expliqué Baadiko Bah.

Parlant des causes, ce leader politique a confié que cela est dû à l’existence de crises économiques, sociales, culturelles et d’injustices flagrantes sur le continent. « La cause la plus objective de l’explosion de la terreur, c’est l’existence de crises économiques, sociales et culturelles, d’injustices flagrantes, dans un contexte de blocage ou même de verrouillage, empêchant ces peuples de sortir pacifiquement des crises sociales ou politiques. Lorsque ces Etats ou ces zones touchées sont sous une domination ou une forte influence de puissances extérieures, ce facteur externe favorise le terrorisme. La constante aggravante de ces conflits terroristes en Afrique est l’implication de plusieurs puissances étrangères aux intérêts antagonistes, soutenant chacune une ou plusieurs factions. On peut dire sans crainte de se tromper que le terrorisme en Afrique a toujours été nourri et entretenu par des entités et des puissances ne venant pas d’Afrique noire. C’est l’incapacité des Africains à résoudre pacifiquement leurs contradictions internes qui en est la cause. Laisser l’extérieur arbitrer nos conflits internes se paiera toujours très cher, car c’est mortel », a-t-il affirmé.

Par ailleurs, cet ancien député de la 9ème législature pense que la présence du terrorisme en Afrique entraîne l’aggravation du retard du continent. « C’est une situation regrettable, car ces guerres fratricides entraînent l’aggravation de notre retard dans tous les domaines. Le terrorisme occasionne de nombreuses pertes en vies humaines, des destructions de toutes sortes, des famines, l’explosion des épidémies et de la misère pour les populations. Ce n’est pas la solution pour résoudre nos problèmes internes. Les conséquences de tous ces conflits internes, attisés de l’extérieur, sont l’affaiblissement continu de l’Afrique dans son ensemble. Beaucoup d’Etats sont plongés depuis des dizaines d’années dans l’instabilité chronique et les crises politiques, économiques et sociales sans fin. Aujourd’hui pratiquement, l’Afrique malgré sa superficie, ses richesses naturelles et son poids démographique, ne compte pas dans l’arène mondiale. Nous en sommes réduits à rester des sources d’approvisionnement en matières premières bon marché et à être un déversoir de produits manufacturés importés. Accessoirement, nous sommes des jouets des puissances extérieures dans leur lutte pour le leadership. Jadis leaders de la science et de la technique dans le monde, grâce à l’Egypte pharaonique de nos ancêtres, nous en sommes réduits à être de vulgaires consommateurs de technologies inventées ailleurs », déclare-t-il.

Selon le président de l’UFD, pour combattre le terrorisme en Afrique, il faut des analyses profondes et surtout identifier les tenants et aboutissants de l’affaire. « Pour moi, il n’y a pas de solution-miracle pour éteindre ces conflits, indésirables à tous points de vue. Il faut avoir la force d’en analyser les causes profondes, d’identifier les tenants et les aboutissants. Il faut, à mon humble avis, rechercher à tout prix des accords internes, conclus sans interférences étrangères, en privilégiant la fraternité et la justice. Tous les terroristes ne sont pas forcément des bandits de grand chemin ou des trafiquants de drogue… La grande erreur est de croire qu’on peut résoudre le problème du terrorisme uniquement avec un Etat très fort, avec des forces de sécurité innombrables et armées jusqu’aux dents ! La vraie solution doit être préventive. Il faut que chaque citoyen, quel que soit ses origines, puisse avoir la possibilité de vivre chez lui en paix, dans la justice, en étant à l’abri de la faim, des privations extrêmes, des épidémies, de l’insécurité et l’exclusion. C’est tout cela qui constitue le ferment du terrorisme. Dans ce sens, nous devons reconnaître la faillite de l’Etat postcolonial en Afrique. Aujourd’hui, tous nos Etats sont surdimensionnés, absorbant pour ses membres et la bourgeoisie régnante, corrompue et parasitaire, toute la richesse nationale, en laissant la majorité de la population dans la misère et l’abandon. La jeunesse africaine n’a plus comme unique voie de salut que de s’exiler hors d’Afrique pour espérer vivre. Le continent est en train de se vider de sa plus grande richesse, ses enfants (hommes et femmes). La Fédération des Etats-Unis d’Afrique noire est la solution incontournable pour sortir de cette impasse qui dure depuis trop longtemps et qui coûte très cher à nos peuples » a martelé Mamadou Bah Baadiko.

Mariama Barry Pour Guineematin.com

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