Conakry : 30 journalistes des médias publics et privés outillés sur la lutte contre la désinformation

Formation des journalistes

Trente journalistes guinéens, issus des médias publics et privés, ont pris part à Conakry trois jours de formation sur la lutte contre la désinformation. La démarche consiste à les outiller pour leur permettre de faire face aux nombreux défis liés aux fausses informations et à leur impact social dans un contexte d’envahissement par les réseaux sociaux. L’atelier de formation est organisé par Reporters sans Frontières (RSF), Zivig Funding International (Allemagne) et l’Alliance des médias pour les droits humains en Guinée (AMDHG). Il a pris fin à l’École nationale des arts et métiers (ENAM) de Coléah, dans la journée d’hier, mercredi 11 septembre 2024 à la grande satisfaction des organisateurs, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Pendant trois jours de formation, plusieurs thématiques ont été abordées, notamment la cyber sécurité, les mécanismes de vérification de l’information.

Dans son intervention, Ndèye Diauy Ba, représentante de Reporters sans frontières (RSF), a dit le caractère indispensable pour les journalistes d’être outillés pour faire face aux nombreux défis.

Ndeye Diauy Ba, représentante de Reporter sans Frontière (RSF)

« RSF a été particulièrement heureuse d’appuyer cette formation dans le cadre de son partenariat avec le programme ZIVIG du Ministère allemand des affaires étrangères. Comme vous le savez, le danger de la désinformation guette les journalistes sur les terrains classiques du reportage, surtout sur les nouveaux terrains virtuels, internet, et les réseaux sociaux. C’est pourquoi, il est essentiel de traiter le sujet et d’envisager des solutions. RSF est en train de pousser à travers des monitorings, des publications, des formations et des plaidoyers pour renforcer la liberté de la presse, la liberté d’expression, la sécurité des journalistes sur le terrain au centre des rédactions, y compris les radios communautaires », a-t-elle laissé entendre.

Pour sa part, Boubacar Bah, directeur national par intérim de la communication et des relations avec les médias privés, représentant du Ministère de l’Information et de la Communication, a demandé aux journalistes de prendre en compte les recommandations formulées à l’issue des travaux.

Boubacar Bah, directeur national par intérim de la communication et des relations avec les médias privés

« J’ai suivi la présentation du rapport synthèse, j’ai compris à travers cette lecture que vous aviez abordé des thématiques très importantes, que ça soit la définition, de trouver les moyens de cette désinformation, vous avez parlé de la cyber sécurité et des textes, comment se protéger. Dans l’optique de notre lettre de mission, le Ministère de l’Information et de la Communication s’occupe de la mise en œuvre de la politique gouvernementale, mais aussi c’est un Ministère qui s’occupe de tout ce qui est texte législatif et réglementaire régissant la presse en Guinée. Donc, je souhaite que les recommandations qui ont été faites ici soient prises en compte, que dans les prochains jours, nous sentions à travers tout ce que vous allez faire dans la presse écrite, en ligne, la radio et la télé que vous aviez été suffisamment formés pour lutter tout ce qui est désinformation », a sollicité Boubacar Bah.

De son côté, Chaikou Baldé, président de l’Alliance des médias pour les droits humains en Guinée (AMDHG), a mis en garde contre l’impact des acteurs non professionnels sur la pratique du journalisme.

Chaikou Baldé, président de l’AMDHG

« Le constat est parti du fait que nous avons constaté dans la plupart des pays aujourd’hui, le journalisme est en train de reculer, le métier du journalisme est fragilisé, il est même en train d’être compromis par des gens venus de nulle part, qui s’improvisent, être à la place des véritables journalistes sortis des écoles et des institutions de formation de journaliste. Qui sont ces gens ? Ce sont ceux que nous voyons souvent sur les réseaux sociaux et qui sont des blogueurs, des influenceurs, des gens qui s’asseyent dans un coin de la rue, dans leur salon, bar et café, et qui inventent des informations qu’ils distillent à travers les réseaux sociaux. Généralement, nous sommes dans un pays où le taux d’analphabétisme en français est très élevé et donc, les populations, puisqu’aujourd’hui presque chacun à un téléphone Android, quand elles voient ces publications, elles prennent ces fausses informations pour de la réalité. Donc, nous nous sommes dit que c’est un grand danger qui nous guette. Puisque nous, les journalistes, c’est notre métier, à nous de collecter, de traiter et de diffuser l’information. Aucun n’est habilité à le faire si ce n’est pas nous. Il faut qu’on se lève, qu’on balaye devant notre propre porte, juste amener les confrères et les consœurs à comprendre les dangers de ces réseaux sociaux et d’appréhender dans toute sa plénitude le fléau de la désinformation. Cette désinformation, non seulement compromet professionnellement le métier, mais aussi les dommages et conséquences dévastatrices de cette désinformation sur la société avec pour corollaires la déchirure du tissu social et la cohésion sociale qui est mise en mal, le vivre-ensemble malmené… Il faut qu’on essaie d’interpeller les consœurs et les confrères par une session de renforcement des capacités sur la lutte contre la désinformation dans nos médias », a déclaré Chaikou Baldé.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tél : 624 69 33 33

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