Les meubles faits en rotin et en bambou sont devenus depuis quelque temps un choix populaire pour aménager les salons de certaines maisons à Conakry. Fabriqués dans tous les styles, canapés, chaises longues, tables basses, tabourets et étagères, ces meubles appréciés pour leur beauté, leur durabilité et leur côté écologique, sont très prisés à Conakry. Cependant, à cette période de saison hivernale, les vanniers ont du mal à joindre les deux bouts. Le matériel se gagne difficilement et les clients se font rares, a confié Jean Pierre Kolié dans une interview accordée à Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Conscient que c’est un domaine qui demande de la créativité, Jean Pierre Kolié est un passionné de son métier qui selon lui, est un travail qui vise à perpétuer un savoir-faire ancestral. Mais à cette saison pluvieuse, les temps sont durs, se plaint-il.
« Ce métier, c’est de l’art, et vous le savez, l’art est une question de créativité, de modernisation des choses, que ce soit traditionnel ou quoi que ce soit. Cependant, nous avons énormément de difficultés par rapport au problème d’achat, pendant cette période d’hivernage. Nous avons aussi des problèmes de matériel, parce que les gens qui nous fournissent du matériel pour la fabrication de ces fauteuils ont du mal à s’en procurer actuellement. Là où ils s’approvisionnent, il y a assez d’eau. Donc, nous avons des difficultés à ce niveau-là. Et quand il y a de la pluie aussi, nous ne recevons pas de clients, nous rencontrons d’énormes problèmes ici. Mais nous sommes obligés de nous soumettre à la conjoncture actuelle. Mais, ce n’est pas du tout facile. Par exemple, pendant cette saison, si tu n’as pas un endroit qui est à l’abri, tu ne peux pas travailler. Tu seras obligé d’attendre jusqu’à ce que la pluie cesse avant de commencer le travail », a-t-il fait savoir.
Par ailleurs, Jean Pierre Kolié a évoqué d’autres difficultés liées au contact avec la matière première. « On a tellement de problèmes qu’on ne peut pas tous les énumérer. Au niveau de la confection, on a des accidents de travail. Là, je parle des outils avec lesquels on travaille, les marteaux, les couteaux, les lampes. Par exemple, avec les lampes à flamme, si tu n’es pas protégé par des lunettes, une fois que tes yeux sont en contact avec le bois, il y a une projection directement au niveau des yeux. Donc, cela peut affecter la vision », a déclaré monsieur Kolié.
Par ailleurs, ce vannier a demandé à l’État de porter aux ouvriers une main forte afin qu’ils puissent mettre en œuvre leur savoir-faire. « Nous demandons le soutien du gouvernement, parce que réellement, les ouvriers guinéens souffrent, on n’a pas de moyens. On a envie de montrer l’image de notre art, l’art guinéen à l’étranger, montrer de quoi nous sommes capables. Mais si nous manquons d’outils et de financement, cela voudrait dire que toute l’expérience que nous avons eue dans le métier ne peut pas être mise en valeur. Parce que si nous avons les moyens, nous avons le matériel de travail, nous pouvons aussi créer d’autres choses que l’humanité, peut-être, n’a jamais encore eu la chance d’expérimenter », a-t-il lancé.
Mariama Barry pour Guineematin.com